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À La Une - Liban - Tendance

Tourisme médical : décollage imminent ?

Des médecins hautement qualifiés, une infrastructure hospitalière de premier choix et un climat tempéré : tous les ingrédients semblent réunis pour que le Liban devienne une destination médicale de premier ordre. Pourtant, la percée se fait attendre. À quand le décollage ?

Selon Sleiman Haroun, le président du syndicat des hôpitaux privés, les bénéfices provenant du tourisme médical pourraient dépasser 1 milliard de dollars par an.

Combiner vacances et intervention médicale à bas prix : la tendance du tourisme médical connaît dans le monde un véritable essor. Au Liban, pays autrefois surnommé « l’hôpital du Moyen-Orient », le potentiel en la matière est énorme. Avec ses établissements accrédités, son capital humain hautement qualifié et ses prestations cinq à dix fois moins chères qu’en Europe, le pays a de quoi attirer myriade de patients.


« Le secteur médical libanais est extrêmement compétitif, souligne Nabil Hokayem, président de la Société libanaise de chirurgie plastique, reconstructrice et réparatrice (SLCR). Nos médecins sont pour la plupart trilingues et très qualifiés, la plupart ont travaillé à l’étranger avant de revenir s’installer au Liban. Cela offre aux patients une diversité de choix en termes de spécialités et de formations. » Le pays bénéficie en outre d’une infrastructure médicale de premier ordre, chaque établissement étant équipé d’appareils à la pointe de la technologie. « Nous avons au Liban un nombre suffisant d’IRM pour une population cinq fois supérieure à la population libanaise ! » précise Nabil Hokayem.


Les touristes médicaux sont en majorité des Arabes du Golfe, des Libanais de la diaspora et quelques « vrais » étrangers qui viennent en vacances chez leurs amis expatriés. Les demandes concernent essentiellement des interventions esthétiques, comme des rhinoplasties, liposuccions ou encore des soins dentaires. Il faut dire qu’outre la réputation mondiale dont jouit le Liban en matière de chirurgie plastique, les prix ont également de quoi séduire. À titre d’exemple, comptez 1 500 euros pour une rhinoplastie au Liban contre 7 000 euros en France. « À ce prix, les touristes peuvent acheter un billet d’avion, se faire opérer ici et voir du pays », souligne Nabil Hokayem.
Le Liban compte 80 plasticiens inscrits à la SLCR et une centaine d’établissements médicaux, dont plusieurs hôpitaux de renom comme l’Université américaine de Beyrouth (AUB), l’Hôtel-Dieu ou encore le Medical Center de Clemenceau. Longtemps considéré comme le cœur médical de la région, le pays était même pionnier en matière de tourisme médical avant 1975. Après la guerre, les touristes ont peu à peu oublié le Liban pour se tourner vers d’autres destinations, dont la Jordanie qui a récupéré une grande partie des touristes médicaux.


Mais depuis une dizaine d’années, le secteur semble prendre un nouveau souffle. Un Comité national pour le tourisme médical a même été créé pour promouvoir et développer le secteur. Pour Fadi Abboud, ministre du Tourisme, ce secteur pourrait constituer l’un des piliers de l’économie libanaise. « L’enjeu est de taille car les bénéfices issus du tourisme médical ne proviennent pas uniquement du malade mais aussi de la famille qui l’accompagne, qui doit ainsi se loger et consommer localement », a indiqué le ministre. « Mais pour bénéficier de ces retombées, il faudrait commencer par communiquer en assistant à tous les salons, ce que nous ne pouvons malheureusement pas faire par manque de moyens », a-t-il relevé.

Un potentiel sous-exploité ?
Pour Sleiman Haroun, président du syndicat des hôpitaux privés, le tourisme médical constitue effectivement un secteur au potentiel encore sous-exploité. « Chaque année, 10 000 étrangers viennent se soigner au pays du Cèdre alors que nous avons la capacité d’accueillir 100 000 personnes », précise-t-il. Pour atteindre cet objectif, un grand chantier reste à faire, selon M. Haroun. « Il faudrait commencer par mettre en place une organisation pour faciliter l’accueil des touristes à l’aéroport, étudier les vrais besoins des pays demandeurs, nouer des partenariats avec des agences spécialisées afin de proposer des forfaits clés en main, incluant vols, hôtels et soins médicaux, et enfin faciliter l’obtention de visas pour les étrangers », déclare Sleiman Haroun.


Si les touristes viennent en grande partie pour la chirurgie esthétique, pour le président du syndicat des hôpitaux, d’autres spécialités pourraient également êtres exploitées, comme la chirurgie cardiaque ou la neurochirurgie. « L’idéal serait de signer des accords de coopération entre États, déclare-t-il. Il faut viser les pays qui sont en pénurie hospitalière : le Yémen, la Syrie, la Libye, le Soudan ou encore l’Irak. Ces pays ont tout à refaire d’un point de vue médical alors qu’au Liban nous sommes en surpopulation. »


C’est justement grâce au nombre important de professionnels de santé au Liban que les délais d’attente sont si peu importants. « Pour une prothèse de la hanche, comptez 6 ou 7 mois d’attente en Angleterre alors qu’ici cette opération peut se faire dans la journée même », indique Sleiman Haroun. Selon lui, les bénéfices provenant du tourisme médical pourraient dépasser 1 milliard de dollars par an au Liban. « On a tout pour redevenir l’hôpital du Moyen-Orient, conclut Joseph Abboud. Des médecins de qualité, un pays agréable et des prix bas... il ne manque que la stabilité politique pour que le secteur réussisse sa percée. » Encore une fois.

Combiner vacances et intervention médicale à bas prix : la tendance du tourisme médical connaît dans le monde un véritable essor. Au Liban, pays autrefois surnommé « l’hôpital du Moyen-Orient », le potentiel en la matière est énorme. Avec ses établissements accrédités, son capital humain hautement qualifié et ses prestations cinq à dix fois moins chères qu’en Europe, le...

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