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Actualités - ANALYSE

Éclairage - Les « bidoun » n’ont ni nationalité, ni passeport, ni acte de naissance, ni contrat de mariage... Des milliers d’apatrides du Koweït crient leur détresse et leur désespoir

Oum Anwar, une « bidoun » (arabe sans nationalité), a perdu son époux le 2 août 1990, tué l’arme à la main aux premières heures de l’invasion du Koweït par les troupes de Saddam Hussein. « Il était soldat dans l’armée koweïtienne. Pourtant souffrant et alité, il s’est relevé et a rejoint l’armée lorsqu’il a appris l’invasion. Il a été tué au combat contre les hommes de Saddam au premier jour de l’invasion », raconte Oum Anwar. Comme des milliers d’apatrides, cette veuve et son fils unique sont privés de leurs droits élémentaires, dont les soins médicaux ou l’éducation. Oum Anwar qui, traditions bédouines obligent, a refusé de révéler sa véritable identité, figurait parmi plusieurs orateurs « bidoun » invités par l’Association koweïtienne des droits de l’homme à parler de leurs souffrances, lors d’un rassemblement inédit samedi soir à Koweït. Plus de 3 000 personnes, pour la plupart des bidoun, étaient présentes, ainsi que de nombreux députés, des anciens ministres et des militants des droits de l’homme. « Le rassemblement est le point de départ d’une campagne en faveur des droits essentiels des apatrides arabes » vivant dans cet émirat pétrolier du Golfe depuis plusieurs décennies, ont indiqué les organisateurs dans un communiqué. « Pas de nationalité, pas de passeport, pas d’enseignement universitaire, pas de contrat de mariage, pas d’acte de naissance et pas de permis de conduire. Il n’y a ni justice ni humanité », lisait-on sur une banderole brandie lors du rassemblement. Le gouvernement koweïtien accuse la majorité des « bidoun » de vouloir cacher leur véritable identité pour obtenir la nationalité koweïtienne et profiter de la manne pétrolière. Depuis 2000 donc, le gouvernement sévit contre cette catégorie de la population, lui demandant de décliner son identité d’origine pour lui accorder un titre de résident étranger ou de s’exposer à la privation de ses droits. Durant les six dernières années, le gouvernement a accordé la nationalité à près de 2 000 bidoun, mais a décidé de ne pas octroyer la citoyenneté koweïtienne à ceux venus après 1965. Selon les autorités, plus de 70 000 apatrides vivent aujourd’hui au Koweït, contre 250 000 avant l’invasion irakienne. En juillet, l’opposition au sein du Parlement avait mis en place une commission spéciale pour trouver une solution au problème, mais a échoué jusqu’à présent à faire avancer le dossier. « Notre département de l’Agriculture délivre maintenant des actes de naissance aux veaux, alors que les apatrides ne peuvent pas en avoir », dénonce ainsi un défenseur des droits de l’homme koweïtien.

Oum Anwar, une « bidoun » (arabe sans nationalité), a perdu son époux le 2 août 1990, tué l’arme à la main aux premières heures de l’invasion du Koweït par les troupes de Saddam Hussein. « Il était soldat dans l’armée koweïtienne. Pourtant souffrant et alité, il s’est relevé et a rejoint l’armée lorsqu’il a appris l’invasion. Il a été tué au combat contre les...