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Moyen-Orient - Gaza

Amnesty International réclame la suspension des livraisons d’armes américaines à Israël

Dans un rapport publié lundi, l’organisation dénonce les « preuves claires et accablantes » de violations du droit humanitaire commises avec des armes de fabrication américaine. 

Amnesty International réclame la suspension des livraisons d’armes américaines à Israël

Des chars israéliens près de la frontière de la bande de Gaza, le 11 décembre 2023. Menahem KAHANA/AFP

Amnesty International appelle à la cessation des livraisons d’armes américaines à l’intention d’Israël à l'occasion de la publication d’un rapport dénonçant l'utilisation de ces dernières dans des crimes de guerre. L’organisation de défense des droits de l'homme s’appuie sur plusieurs preuves exposant l’utilisation illégale de cet équipement par l’armée israélienne, ayant causé la mort et les blessures de civils, et reflétant des pratiques non-conformes au droit humanitaire international, aux droits humains fondamentaux, et incompatibles avec le droit national et la politique officielle des États-Unis, selon l'ONG.

Le rapport a été soumis par la branche américaine d'Amnesty International aux fins d'alimenter l'évaluation requise dans le cadre du Mémorandum de sécurité nationale n°20 (NSM-20) sur les questions défensives, qui requiert de fouiller toute allégation ou rapport crédible de violations du droit international à l'aide de services ou de biens de défense fournis par les Etats-Unis. Les informations étayées mises à disposition par Amnesty International devraient contribuer à animer le débat sur le soutien, notamment militaire, de l'administration de Joe Biden à son principal allié au Moyen-Orient, remise en cause par une frange d'élus et de responsables américains. « Afin de respecter les lois et les politiques américaines, les États-Unis doivent immédiatement suspendre tout transfert d’armes au gouvernement d’Israël », a tranché Amanda Klasing, directrice des relations gouvernementales et du plaidoyer de l’organisation, selon Amnesty International.


Un rapport accablant

Pour justifier sa position, Amnesty International développe trois cas de violations du droit humanitaire, censé garantir la protection des civils et minimiser les dommages collatéraux durant des conflits armés, impliquant l'utilisation d'armes fabriquées aux États-Unis. Premièrement, l’armée israélienne a eu recours à des bombes guidées par GPS (JDAM) de fabrication américaine lors de deux frappes aériennes meurtrières sur des bâtiments résidentiels à Gaza en octobre 2023, provoquant la mort de 43 civils dont 19 enfants. Deuxièmement, l’utilisation de phosphore blanc dans le sud du Liban, également en octobre, est mentionnée, notamment lors d’une frappe israélienne sur la ville de Dhaïra ayant blessé au moins 9 personnes et endommagé des biens civils. Enfin, le rapport pointe spécifiquement du doigt quatre frappes israéliennes entre décembre et janvier qui ont provoqué la mort d’au moins 95 civils, dont 42 enfants, à Rafah, dans le sud de Gaza, alors que cette zone était considérée comme la plus « sûre » de l’enclave à cette période. L’organisation dénonce particulièrement l’utilisation en janvier d’une petite bombe GBU-39 de la société américaine Boeing.

Amnesty International estime que ces attaques indiscriminées contre les civils doivent faire l’objet d’une enquête en tant que crimes de guerre, en particulier en raison du manque de preuves fournies par l'armée israélienne démontrant que ces cibles étaient militaires - ce qui aurait pu justifier les frappes si les principes de précaution et de proportionnalité étaient respectés. L'organisation cite en outre des mesures d'évacuation irréalistes pour les civils tels que des « avis d'évacuation massive 24h/24, des alertes tardives ou absentes en cas d’attaques, ainsi que des tracts ordonnant l’évacuation ».

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Parmi les violations du droit international surveillées, le mémorandum NSM-20 requiert une évaluation exhaustive pour déterminer si le gouvernement étranger bénéficiaire du soutien militaire américain a pleinement collaboré, ou non, avec les initiatives internationales visant à fournir une assistance humanitaire dans la zone de conflit. Sur ce point, Amnesty International détaille comment les autorités israéliennes ont régulièrement et arbitrairement refusé, restreint ou entravé l'assistance humanitaire vers Gaza.

 

Une date d'échéance ?

« Il est choquant que l’administration Biden continue de soutenir que le gouvernement israélien ne viole pas le droit international humanitaire avec les armes fournies par les États-Unis », a dénoncé Amanda Klasing, alors que le gouvernement américain est confronté à une échéance imminente pour déterminer si Israël a respecté le droit humanitaire international. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken doit soumettre un rapport au Congrès d'ici le 8 mai évaluant si l'Etat hébreu agit en conformité avec ses engagements écrits soumis à la mi-mars à Washington à sa demande, avec la signature du ministre israélien de la Défense Yoav Gallant. Dans le cas contraire, les États-Unis pourront geler les exportations. Or cette éventualité est considérée comme peu probable par des commentateurs israéliens, selon le journal français Les Échos, alors que cinq unités de l'armée israélienne qui ont récemment été dénoncées pour avoir commis des abus et exactions contre des Palestiniens de Cisjordanie avant le 7 octobre seront exemptées de sanctions, Israël ayant pris des « mesures correctives », selon l'administration Biden.

Les États-Unis sont le principal fournisseur de l’armée israélienne, représentant près de 70 % de ses importations totales entre 2019 et 2023, d’après l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. Washington tient à maintenir « l’avantage militaire qualitatif » de Tel-Aviv dans la région, dans un contexte de regain de tensions au Moyen-Orient.

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