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Liban

« Nous ne voulons pas être ramenés en arrière »

Safia Zaher, l’une des pionnières du Parti communiste à Kfar Remmane.

« Je ne sors plus que rarement de chez moi. Les gens me fatiguent désormais. C'est que je ne peux pas me taire face à tout cela... et je finis par me disputer avec eux », soupire Safia Zaher, l'une des pionnières du Parti communiste à Kfar Remmane. Assise à côté de son sapin de Noël et entourée des photos des siens, dont son défunt mari Ali, le premier enseignant de l'école publique du village, l'octogénaire se souvient des sacrifices des membres du PCL. « Plus de deux cents jeunes de Kfar Remmane ont été tués en résistant à Israël. D'autres ont été emprisonnés par l'État hébreu. Il a fallu aussi faire face ensuite au mouvement Amal qui a voulu nous neutraliser et maintenant nous avons ces religieux (le Hezbollah) qui nous ramènent en arrière », dit-elle.
« J'ai protégé nos hommes des membres d'Amal, qui m'avaient une fois menacée de placer un canon sur le toit de ma maison et de bombarder des cibles israéliennes pour que les Israéliens ripostent. Ma fille qui était étudiante en médecine durant les années quatre-vingt avait été la cible d'un vitriolage. Son bras avait été légèrement brûlé. Nous ne voulons pas revenir à ces temps-là », lance-t-elle.
Safia Zaher porte un fichu, qui cache à peine ses cheveux, à la manière traditionnelle des chrétiennes et des musulmanes qui habitent les villages loin de Beyrouth.
« Il y a quelques mois chez le médecin, quelqu'un m'a appelé hajjé. J'ai alors jeté le foulard pour lui faire comprendre que je ne cacherai jamais mes cheveux pour des raisons religieuses et je lui ai rétorqué : "Va au hajj (pèlerinage religieux à La Mecque ou à Médine) toi-même" », raconte-t-elle.
Ghada, la fille de Safia, est elle aussi une communiste pure et dure. En offrant un jus d'orange aux visiteurs, elle explique, un brin d'humour dans la voix : « C'est un cocktail d'agrumes cueillis fraîchement de notre jardin. Le meilleur jus pour accompagner la vodka. » Elle montre un dressoir, sur lequel des dizaines de bouteilles d'alcool sont exposées. « Je veux juste que les gens sachent à qui ils ont affaire quand ils entrent chez nous », ajoute-t-elle, résolue.
On ne badine pas avec le communisme à Kfar Remmane. Les partisans se souviennent par exemple que c'est grâce au mouvement de revendication dans leur village que, durant les années cinquante, les propriétaires terriens ont commencé à respecter les horaires de travail des paysans qui étaient obligés avant cela de travailler de l'aube jusqu'au coucher du soleil.
Ici, on accuse le Hezbollah d'avoir refusé dans le temps de restituer les corps de militants communistes tués par Israël à leurs parents, juste pour minimiser le rôle du PCL dans la lutte contre l'État hébreu.

« Je ne sors plus que rarement de chez moi. Les gens me fatiguent désormais. C'est que je ne peux pas me taire face à tout cela... et je finis par me disputer avec eux », soupire Safia Zaher, l'une des pionnières du Parti communiste à Kfar Remmane. Assise à côté de son sapin de Noël et entourée des photos des siens, dont son défunt mari Ali, le premier enseignant de l'école...

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