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Moyen Orient et Monde - Anniversaire

« Saddam Hussein a montré qu’il savait tenir le pays »

La nostalgie du dictateur déchu, pendu il y a dix ans jour pour jour, se décline, entre autres, en timbres et en photos.

Photos, timbres, livres, montres et autres objets à l’effigie de Saddam Hussein… L’on peut acheter tout cela dans l’échoppe d’Anouar, un chiite marchand d’antiquités à Bagdad. Sabah Arar/AFP

Saddam Hussein, Anouar le propose en photos, en ceintures ou en timbres. Dans son échoppe de Bagdad, il entretient la nostalgie de celui « qui savait tenir le pays ». Si certains jugent son business « douteux », la soif de sécurité d'Anouar est en revanche largement partagée par les Irakiens, dix ans après la mort du dictateur.
Dans son magasin d'antiquités, Anouar est fier de caresser le cuir d'une ceinture-holster surmontée d'un « De la part du président Saddam Hussein ». « C'était un cadeau que Saddam offrait aux officiers méritants », relève le commerçant qui propose aussi des timbres d'époque à l'effigie de l'ancien dictateur ou des albums de photos à sa gloire.

Mais il concède que la clientèle nostalgique du raïs se fait rare ces temps-ci. Il a même tout l'air d'être lui-même son meilleur client. « Je cherche en permanence des articles relatifs à Saddam, mais quand je les trouve, souvent je les garde pour moi », avoue le jeune homme qui vend surtout des bibelots anodins, du vase au pendentif, qui n'ont rien à voir avec la politique.

Puis il lance d'un air grave : « Saddam Hussein a montré qu'il savait tenir le pays. » « Et je dis ça en fils du sud » de l'Irak, glisse Anouar pour dire, implicitement, qu'il est chiite comme la majorité de ses concitoyens. Une posture effectivement inattendue, car le sunnite Saddam Hussein a eu la main lourde avec les chiites et les Kurdes.

(Lire aussi : Les regrets de l'homme qui avait attaqué la statue de Saddam)

 

Pas de justice
C'est pour la mort de 148 chiites en 1982 à Dujaïl, au nord de Bagdad, que le dictateur a été condamné à la peine capitale puis pendu le 30 décembre 2006, près de quatre ans après sa chute et la mise en place d'un gouvernement dominé par les chiites. Alors, pour Khalaf Abdel-Samad, député de Dawa, l'un des plus grands partis chiites d'Irak, ce dixième anniversaire marque « le jour de la fin de la tête de serpent qui n'a fait que réduire les Irakiens au rang de citoyens humiliés ».

Sous la férule de Saddam Hussein, la répression était brutale, les guerres contre l'Iran (1980-1988) ou du Golfe (1990-1991) dévastatrices et les sanctions internationales cinglantes. Mais l'invasion de l'Irak en 2003 par une coalition emmenée par les États-Unis, l'atroce conflit religieux de 2006-2008 et, aujourd'hui, l'offensive contre le groupe État islamique (EI) ont précipité le pays dans un déchirement permanent, qui fait regretter à certains Irakiens la stabilité dont ils jouissaient sous Saddam Hussein, malgré l'absence de démocratie.

Dans le magasin d'Anouar, Abou Oussama jauge les timbres à l'effigie de Saddam. Abou Oussama est sunnite et ancien officier de l'armée du dictateur. Paradoxalement, il dit ne pas apprécier Saddam Hussein, « mais j'aime la justice et nous en manquons cruellement aujourd'hui ». Abou Oussama n'achètera rien : ses souvenirs de l'époque de Saddam, il les a chez lui, en photos.

Énorme serpent
Omniprésents dans les rues et les bâtiments officiels sous son règne, les portraits de Saddam Hussein ont été remplacés par les effigies de dignitaires religieux et les photos de soldats et policiers morts en « martyrs » dans leur combat contre les jihadistes de l'EI. Une autre manière d'investir l'espace public qui ne déplaît pas forcément à Ilaf, étudiant en droit à Bagdad venu acheter des pierres semi-précieuses chez Anouar. Ilaf n'avait que huit ans lorsque Saddam a été renversé. Difficile d'avoir une opinion quand on n'a pas connu la paranoïa du régime, alors Ilaf ose la métaphore : « Saddam Hussein était un énorme serpent. Aujourd'hui, c'est une multitude de petits serpents qui nous dirigent », résumant ainsi la défiance des Irakiens face à leurs dirigeants.
En 2015, l'Irak pointait à la 161e place (sur 168) dans le baromètre mondial de la corruption, établi par l'ONG Transparency International. Le Premier ministre Haïder al-Abadi peine à concrétiser les réformes promises, destinées à s'attaquer à ce fléau qui pénalise la population.

 

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AVEC SADDAM, BEN ALI, GHADDAFI, MOUBARAK, SALEH, ASSAD ET TOUS LES AUTRES DESPOTES... POURTANT LA REGION SE PORTAIT BEAUCOUP MIEUX... SANS LES GUERRES ET LES DESTRUCTIONS PLANIFIEES PAR LES ETRANGERS ET EXECUTEES PAR LES STUPIDES REGIONAUX...

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 48, le 30 décembre 2016

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Commentaires (1)

  • AVEC SADDAM, BEN ALI, GHADDAFI, MOUBARAK, SALEH, ASSAD ET TOUS LES AUTRES DESPOTES... POURTANT LA REGION SE PORTAIT BEAUCOUP MIEUX... SANS LES GUERRES ET LES DESTRUCTIONS PLANIFIEES PAR LES ETRANGERS ET EXECUTEES PAR LES STUPIDES REGIONAUX...

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    18 h 48, le 30 décembre 2016

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