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La diffusion de la violence faite à un enfant : double agression ou révolte face à l’injustice ?

La dernière émission de Joe Maalouf sur la LBCI, Hawa el-horriyi, a suscité une polémique à l'échelle nationale. Un enfant de 12 ans aurait été, selon ses propos et le témoignage de sa famille, agressé par l'un de ses camarades pendant que les autres le filmaient, dans un hôtel en Europe lors d'un voyage scolaire. L'adolescent en est sorti fortement secoué et il est toujours sous suivi psychologique. Il a réussi cependant tant bien que mal à faire part de son témoignage face à une journaliste, qui a joué le rôle d'une enquêtrice de police.

Mis à part le sujet dérangeant que l'émission a abordé sans doute dans un souci de justice, la vidéo des enfants rigolant face à leur camarade en train de s'en prendre physiquement à la victime n'aurait pas dû être diffusée. Le fait de propager une vidéo dont l'enregistrement a été sûrement traumatisant, et que l'enfant cherche à oublier, constitue une deuxième agression, même si elle est sous une autre forme : c'est une atteinte flagrante à son intimité et sa vie privée. Un enfant-victime qui, une fois atteint l'âge adulte, ne serait probablement pas satisfait du déballage de la sorte d'un incident privé à la télé et sur les réseaux sociaux, lesquels ne tardent pas à prendre la relève, avides d'agripper le témoin.

Encore une fois, à la télévision, le sensationnel prime sur la personne elle-même, cette télé qui flaire le scandale et ne cherche qu'à crier à l'injustice en remuant davantage le couteau dans la plaie d'une victime, jetée en pâture devant un public qui mâche et remâche l'incident.

Une maman, blessée dans son cœur et son instinct maternel face à son fils brisé par la méchanceté gratuite de ses camardes, est-elle apte à décider face à des professionnels de la télévision si la diffusion de l'histoire de son fils, aussi sordide et injuste soit-elle, devant des millions de téléspectateurs n'aurait pas un impact négatif sur lui à long terme ? Cacher son visage et celui de son fils pour ensuite divulguer le nom d'une école et celui de la famille de l'agresseur la préservera-t-il longtemps dans l'anonymat dans un pays comme le Liban ?

Il va de soi qu'une telle attitude entre adolescents est à bannir, dénoncer et rapporter, afin que l'auteur de ces actes, même s'il est lui-même ado et fils d'une famille puissante, « intouchable », même, selon les termes employés par la mère, soit sanctionné et forcé de s'excuser. Il est tout aussi important de comprendre son comportement, dont les répercussions auraient pu être autrement plus graves que le traumatisme moral, banalisé semble-t-il par les parents de l'agresseur, causé à son camarade. La seule question pertinente posée durant cette émission, mis à part les détails des événements bouleversants pour le gamin, a été de s'interroger sur l'absence des adultes censés encadrer ces enfants qui se sont tous retrouvés dans une même chambre sans aucune surveillance.

Une autre série de questions émerge suite à cette émission : sur quelles garanties et assurances se basent les parents avant d'envoyer leurs enfants pour un voyage scolaire avec des étrangers ? Si les voyages sont bel et bien parrainés et gérés par l'école ou la meilleure agence de voyages, ces enfants sont-ils pour autant à l'abri d'actes qui peuvent les marquer à vie? Et, enfin, dans quelle mesure la diffusion d'une vidéo reprenant les images de l'agression d'un enfant, avec en extra quelques pistes pour découvrir son identité, peut-il l'aider à dépasser les faits et rendre justice à sa famille apparemment intimidée et dénigrée par celle de l'agresseur, qui aurait décerné à son enfant-agresseur les palmes du machisme ?
Hawa el-horriyi, lundi sur la LBCI, 21h40.

 

 

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