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Sport - Football - Éliminatoires CM 2014

Qatar-Liban : 1-0, pourquoi ils ne pouvaient pas gagner

C’est malheureusement devenu une (mauvaise) habitude. La sélection libanaise de football joue (mal) et perd presque chaque fois, que ce soit lors d’un match amical, ou officiel, hormis quelques coups d’éclat qui restent malheureusement sans lendemain....

Andres Sebastian est décidément le bourreau des Libanais. Non content d’avoir marqué le but de la victoire de son équipe lors du match aller à Beyrouth, la vedette du Qatar a récidivé hier en inscrivant le seul but de la rencontre d’un tir superpuissant qui a laissé le gardien libanais Abbas Hassan sans réaction. Karim Jaafr/AFP

La rencontre d’hier, face au Qatar à Doha, comptant pour le cinquième round des éliminatoires de la Coupe du monde 2014, n’a malheureusement pas fait exception à la règle, les Libanais s’inclinant finalement, et au terme d’une rencontre insipide, sur le score de 1 but à 0.


À croire vraiment que l’automne 2011, période dorée du football libanais durant laquelle la sélection alignait trois victoires consécutives lors du tour qualificatif précédent de la zone Asie-Océanie, n’a existé que dans nos rêves... Comment admettre que cette sélection, avec (presque) les mêmes joueurs et le même entraîneur qui s’est qualifiée pour l’ultime round des éliminatoires en battant coup sur coup les Émirats arabes unis (3-1 à domicile), le Koweït à l’extérieur (0-1) et la Corée du Sud (2-1 à la Cité sportive Camille Chamoun), est toujours la même ? ? ? 
Le changement de physionomie est trop radical, trop grand, et il est survenu juste après les trois rencontres précitées, lors du match contre les EAU qui nous ont nettement dominé chez eux en début d’année, le 29 février 2012 plus précisément, sur le score de 4 buts à 2.


Sur le coup, la presse, les supporteurs, les joueurs et la plupart du staff technique ont vite fait de mettre cette défaite sur le coup du manque de motivation, comme quoi la sélection était déjà quasi qualifiée pour le dernier tour des éliminatoires (ce qui était presque vrai sauf contre performance inimaginable de la Corée du Sud qui jouait dans le même temps sa tête contre le Koweït), ou encore que les joueurs avaient déjà l’esprit ailleurs... Tous les prétextes étaient alors bons pour excuser les footballeurs libanais, propulsés durant cette période au rang d’idoles nationales, à l’instar des basketteurs de La Sagesse à la fin des années 90.


Or, et on était les premiers à L’Orient-Le-Jour à crier au feu, le mal était plus profond qu’on ne voulait le croire. Trois victoires consécutives et l’on s’était vu beaucoup plus beau qu’on ne l’est vraiment, sans penser que c’était peut-être un heureux et exceptionnel concours de circonstances qui nous a permis de remporter ces succès, hélas éphémères, surtout que depuis, la sélection a aligné sept défaites consécutives et sans jouer contre des formations de premier ordre (Émirats, Égypte, Oman, Qatar, Ouzbékistan, hormis peut-être la Corée du Sud et l’Australie), exception faite des deux rencontres gagnées contre le Yémen (2-1) et surtout l’Iran le 11 septembre dernier et qui s’apparente plus au miracle qu’à l’exploit, et qui serait à mettre au compte du portier libanais Abbas Hassan qui, tel un mur, avait écœuré les attaquants adverses en repoussant tout sur sa ligne de but.

 

Tel club, telle sélection...
Car si l’on y pense vraiment, et pour une juste et lucide analyse de la situation, il faudrait disséquer et comprendre certains points cruciaux qui déterminent la vraie valeur d’une équipe nationale : Qu’est ce qu’une sélection d’un pays, sinon le reflet de son propre championnat national ? Et, justement, où en est notre championnat ? Que valent nos clubs ?


Quels résultats enregistrent-ils dans les différentes Coupes asiatiques ? Des résultats proches du néant, à peine l’un d’eux atteignant les quarts de finale d’un quelconque tournoi et on crie à l’exploit (sans compter les piteuses éliminations dès le premier tour des Coupes asiatiques, à l’image du Nejmeh cette saison qui n’a même pas été capable de se qualifier pour le deuxième tour malgré sa victoire 2-0 à l’extérieur lors du match aller face à une modeste formation yéménite...)


Le cas du Liban ressemble étroitement à quelques pays d’Europe tels Malte, le Luxembourg voire l’Albanie ou l’Islande, dont les clubs, qui ont un niveau presque tangent à zéro sur la scène continentale, ne sont finalement qu’une copie conforme de leurs sélections. Des sélections capables parfois d’un coup d’éclat orphelin, sans jamais cependant réussir à se qualifier pour l’Euro ou la Coupe du monde.

Contrat à vie...
D’autre part, la sélection nationale est formée des joueurs locaux... Et le joueur libanais, s’il n’émigre pas sous d’autres cieux, est toujours, et jusqu’à preuve du contraire, considéré et traité comme un amateur, qui peut posséder un talent fou sur le plan technique individuel, mais qui est malheureusement dénué de toute culture footballistique, tant au niveau tactique ou même, et c’est le plus navrant, qu’au niveau physique... Combien de nos joueurs qui évoluent dans la sélection ont un excès de poids (et c’est visible même à travers l’écran de la télévision) dû à une alimentation indigne d’un sportif de haut niveau ? ? ?


Et comment un joueur peut-il espérer progresser alors qu’il se trime au boulot toute la semaine avant d’aller, extenué, s’entraîner si les conditions le permettent, et si lui en a vraiment envie, ou plutôt n’a pas mieux à faire ? ? Car on sait que la plupart des joueurs, mal (ou pas) payés par leurs clubs respectifs (on se souvient de la polémique qu’avaient créée les joueurs de Ansar avant le début de la saison 2012-2013 pour toucher leurs arriérés de salaire...), s’entraînent à leur guise, jouent au petit bonheur la chance sans même essayer d’appliquer les pauvres tactiques que leur entraîneur essaye tant bien que mal de leur expliquer.


Comment peut-il (le joueur) être motivé alors que la Fédération en est encore à faire signer des contrats « à vie » entre les clubs et le joueur ? ? ? Oui, vous avez bien lu, à vie... C’est-à-dire qu’un joueur ne peut JAMAIS changer de club, ni évoluer sous de nouvelles couleurs sans le bon vouloir de ses dirigeants qui peuvent ne pas le libérer de son contrat.... Aberrant.


Sans parler des joueurs étrangers que l’on engage à prix d’or et qui sont pour la plupart d’anciens taulards, des bannis de leurs sociétés respectives, ou qui ont déjà été rejetés par une dizaine de clubs pour diverses raisons allant du manque de talent jusqu’au déni de professionnalisme, et qu’on accueille ici à bras ouverts uniquement parce qu’ils portent des noms à consonance étrangère....

 

Bücker est-il encore le bon choix ? 
Pourquoi à la place ne cherche-t-on pas à recruter des entraîneurs professionnels, diplômés, et possédant une vraie culture footballistique qu’ils inculqueraient à nos joueurs ? ?


La fédération pourrait bien rétorquer qu’elle a donné l’exemple aux clubs en engageant Theodore Bücker, l’actuel sélectionneur de nationalité allemande. Mais ce dernier est-il finalement à la hauteur de la situation (sachant qu’on a défendu Bücker bec et ongles il y a quelques mois alors que tout le monde voulait sa peau) ? 
Rien n’est moins sûr désormais, même s’il essaye au moins de faire bouger les choses (à sa façon), avec des choix parfois plus que surprenants, telle la sélection de Philippe Paoli en septembre dernier pour les deux rencontres à disputer contre l’Australie et l’Iran, et son maintien dans la liste des 22 retenus pour le match crucial d’hier.


Paoli avait effectivement fait son baptême sous les couleurs de l’équipe nationale première face à l’Australie en entrant en jeu pour les trente dernières minutes, à l’âge de 17 ans, un âge où on n’a pas encore le droit de sortir de la maison sans l’autorisation de ses parents. Et puisque l’on parle des parents, les mauvaises langues feront le rapprochement entre la sélection de Philippe Paoli, qui n’est autre que le fils de Robert Paoli, qui n’est autre qu’un des hauts responsables du club Athlético, qui n’est autre que le club-centre de formation entraîné (ô coïncidence), par... Bücker, qui n’est autre que le grand et fidèle ami du papa Robert...Ceci pourrait expliquer cela, mais tout ça reste finalement des racontars car le Philippe, qui n’est pas entré en jeu hier, n’a pas pu nous justifier balle au pied sa place dans la sélection ...


Mais en tout état de cause, sélectionner un jeune de 17 ans pour jouer en équipe nationale, il y a un pas que même Menotti, le meilleur entraîneur argentin de tous les temps, n’a pas osé franchir en 1978 en refusant d’intégrer un jeune espoir prometteur de 17 ans dans sa liste des 22 pour le Mundial 1978. Et que ce jeune soit... Maradona ne fait que renforcer la justesse de cette théorie.


Et même si Ronaldo, le vrai, l’unique, faisait avant sa majorité partie de l’équipe brésilienne sacrée championne du monde en 1994, il faudrait rappeler qu’il n’avait pas foulé les gazons américains de tout le tournoi, ne fut-ce qu’une petite minute.


Pour prendre deux derniers exemples un peu plus récents, on ne trouvera pas mieux que les meilleurs joueurs actuels, Lionel Messi et Cristiano Ronaldo ; le premier, triple ballon d’or (série en cours) a fait sa première apparition sous les couleurs de l’Argentine le 17 août 2005, alors qu’il avait déjà soufflé deux mois auparavant sa dix-huitième bougie (il est né le 24 juin 1987). Quant au second, également ballon d’or et star incontesté, il a étrenné le maillot portugais le 20 août 2003 face au Kazakhstan, alors qu’il avait presque dix-neuf ans (CR7 a vu le jour le 5 février 1985).
C’est dire qu’à cet âge, on a les épaules fragiles pour supporter la pression des grandes rencontres internationales, et l’argument fallacieux de donner de l’expérience aux joueurs ne tient pas trop la route car il y a un âge pour tout, et en sautant les étapes on a plus de chances de brûler les ailes du jeune de 17 ans que de lui forger un avenir radieux, même si M. Bücker est d’un avis différent...


De toute façon, cette affaire semble quelque peu bizarre et il faudra attendre encore quelques mois pour s’assurer si la sélection de Paoli était vraiment méritée ou n’était-elle qu’un rendu pour un prends...

 

Les joueurs grandissent avec leurs défauts (ou l’inverse)...
Enfin, la sélection première n’est que la continuité, la suite logique, des autres sélections, plus jeunes. Un joueur qui est appelé dans l’équipe A doit logiquement avoir fait ses preuves auparavant chez les juniors, olympiques, moins de 23 ans, etc.
Au Liban, quels sont les résultats et performances enregistrés sur le plan régional ou continental par nos sélections de jeunes ? Des résultats médiocres, il faut bien l’avouer... Dans ce cas, comment l’équipe première peut-elle espérer aspirer à mieux tant que la base elle-même est à la dérive et que rien n’est fait pour l’améliorer ? Ces mêmes joueurs qui évoluaient chez les jeunes puis chez les juniors accèdent en équipe première avec leurs défauts qui ont grandi avec eux et que personne n’a cherché à corriger. 
Suivant ce raisonnement, on obtient à ce moment, et dans les scénarios les plus optimistes, les mêmes résultats avec l’équipe première qu’avec ses devancières... C’est une logique mathématique, irréfutable, qui est prouvée d’année en année. Si la fédération ne pense pas sérieusement à s’occuper des jeunes, jamais elle ne pourra compter une équipe nationale digne de ce nom.
La plupart des grands pays de football ont bien compris cette équation et mettent tout leur poids dans les centres de formation qui constituent, plus tard, le vivier de l’équipe nationale.

Une politique obsolète
À partir de là, on ne peut que remercier les joueurs libanais d’être arrivés à ce stade des éliminatoires de la Coupe du monde car, car dans la configuration actuelle telle que décrite ci-haut, il serait utopique de leur demander de battre l’Australie, la Corée du Sud, la Chine ou l’Iran (et, à juste titre, la victoire contre ces derniers en septembre restera comme un des plus grands exploits de notre sélection). Utopique, déraisonnable et insensé...


Car le problème ne se situe pas dans les joueurs actuels, le problème réside dans la politique suivie par la Fédération libanaise de football depuis des décennies, une politique désuète, obsolète, taillée à la mesure des personnages, des responsables, des dirigeants, et non des clubs, des joueurs ou même des différentes sélections nationales.
Tout ceci devrait impérativement changer si l’on veut un jour voir le Liban participer, au niveau des clubs ou des sélections, à des compétitions mondiales.


Sinon, notre ambition devra se limiter à un exploit par-ci, une victoire par- là, avant de retomber stagner à notre vrai niveau, un niveau admirablement reflété par la Fédération internationale de football (FIFA), qui nous place à la 112e place selon son dernier classement établi le 7 novembre 2012, derrière Saint-Kitts-et-Nevis, la République dominicaine, ou l’Ouganda, mais, rassurez-vous, devant Sainte-Lucie, Sao Tomé e Principe, ou encore Saint-Vincent-et-les-Grenadines (oui, oui)...


Comme quoi dans la vie, si on cherche bien, on finit toujours par trouver pire que nous pour pouvoir regarder derrière et se consoler...

La rencontre d’hier, face au Qatar à Doha, comptant pour le cinquième round des éliminatoires de la Coupe du monde 2014, n’a malheureusement pas fait exception à la règle, les Libanais s’inclinant finalement, et au terme d’une rencontre insipide, sur le score de 1 but à 0.
À croire vraiment que l’automne 2011, période dorée du football libanais durant laquelle la sélection...
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