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Moyen Orient et Monde - Le point

Faux idéalisme, vrai pragmatisme

Mission pleinement réussie pour Barack Obama. Venu au Proche-Orient dans l’intention, croyait-on, de rapprocher les points de vue entre Palestiniens et Israéliens, il a réalisé l’exploit de réconcilier... Benjamin Netanyahu et Recep Tayyip Erdogan. Et l’on ignore encore si ce n’est pas lui le modeste artisan des inattendues embrassades entre Turcs et Kurdes.
Le fait que la fin de la brouille ayant pour origine l’assaut meurtrier (9 morts, 28 blessés) donné le 31 mai 2010, au bateau Mavi Marmara qui faisait partie de la flottille « Free Gaza », soit intervenue lors d’une conversation téléphonique entre les deux Premiers ministres, à l’initiative du président américain, quelques minutes avant que celui-ci n’embarque à bord de l’Air Force One, n’enlève rien au mérite du Grand Catalyseur. Chapeau, l’artiste – même si les deux protagonistes, prétendent les mauvaises langues, n’attendaient que cette initiative pour tourner la page d’un épisode qui, depuis longtemps, n’était plus qu’un mauvais souvenir.
La prouesse américaine saluée comme elle le mérite, que reste-t-il d’un périple dont le point d’orgue aura été le long (trois jours) séjour israélien? Peu de choses à la vérité, hormis les affirmations maintes fois répétées – au point d’en devenir suspectes... – de l’amitié indéfectible entre les deux pays. Pour rappel : aux tout premiers jours de février, le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, précisait déjà que la visite allait représenter l’occasion de remettre sur rails des relations ternies par quatre années de querelles. Comme pour achever de dissiper les doutes possibles, il ajoutait : « Le but n’est pas de relancer le processus de paix, même si les entretiens porteront aussi sur ce dossier. »
À Tel-Aviv, l’homme de la rue retiendra pour sa part le double geste, lourd de sens, représenté par le dépôt, sur chacune des tombes du père du sionisme Theodor Herzl et du chef du gouvernement assassiné Yitzhak Rabin, d’un caillou provenant du mémorial de Martin Luther King Jr., une manière de relier entre eux le combat des Noirs américains en faveur de la liberté et celui des Israéliens pour l’établissement d’une patrie. Nul doute que l’Arabe moyen, lui, aura apprécié pareille allusion.
Avant le périple présidentiel, un ancien négociateur US dans la région, Aaron David Miller, invitait John Kerry, qui s’apprêtait à jouer les éclaireurs-démineurs, à freiner ses ardeurs pacificatrices. En d’autres termes, écrivait-il dans le périodique The New Republic, à ne pas tenter de relancer les pourparlers de paix, à ne pas pousser les deux parties à engager une dialogue pour lequel elles ne sont pas encore prêtes, concluant : « Par-dessus tout, Mister Secretary, ne soulevez pas un espoir que nous passerons ensuite des années à faire oublier. »
Le président a retenu la leçon des déboires passés et tiré un juste profit des conseils prodigués par les bonnes âmes. Échaudé par l’expérience du discours du Caire (juin 2009), il a joué la carte du pragmatisme : « Aucune initiative ne pourra effacer des années d’histoire et de propagande, a-t-il reconnu dans son adresse prononcée au Jerusalem International Convention Center. Mais des progrès avec les Palestiniens représentent un excellent point de départ, tout en écartant les extrémistes qui tablent sur la division. » Son auditoire, note le Washington Post, a applaudi « l’habileté diplomatique qui ne va pas toujours de pair avec l’art de la négociation ». Ce dernier viendra plus tard, quand l’heure sonnera de s’asseoir à la table de dialogue et que commencera à porter ses fruits la tactique obamaïenne, laquelle consiste à faire l’éloge de l’État hébreu puis à exiger de ses dirigeants des « sacrifices » politiques. On verra si la tactique est propre à porter des fruits et qui a raison : Dennis Ross (la carotte d’abord) ou George Mitchell (le bâton d’abord).
Son premier voyage dans la région, Barack Obama l’avait consacré à certains pays arabes, alors que nul encore ne voyait venir le printemps tunisien, libyen, égyptien, l’attention demeurant braquée sur l’après-11 Septembre. Quatre ans plus tard, la conjoncture a changé et, du Golfe à l’océan, la marmite arabe bouillonne dangereusement, avec des risques de débordements qui menacent également Israël, comme on le constate dans le changement de ton du discours cairote.
Il n’est pas certain que les références historiques et culturelles, nombreuses dans les interventions du président américain, suffiront à lever les entraves qui ont parsemé le parcours des négociateurs envoyés sur place par la Maison-Blanche. Invité par la chaîne CNN à commenter cette tournée, un journaliste d’al-Jazira se dit étonné par la faculté de Barack Obama à parler pour dire bien peu (« I am amazed by how much he spoke and how little he said »). Il n’est pas le seul.
Mission pleinement réussie pour Barack Obama. Venu au Proche-Orient dans l’intention, croyait-on, de rapprocher les points de vue entre Palestiniens et Israéliens, il a réalisé l’exploit de réconcilier... Benjamin Netanyahu et Recep Tayyip Erdogan. Et l’on ignore encore si ce n’est pas lui le modeste artisan des inattendues embrassades entre Turcs et Kurdes.Le fait que la...
commentaires (3)

Il est venu pour réconcilier les irréconciliables ! En perspective ? Les évènements vont se succéder à des vitesses effrénées dans les semaines sinon dans les jours à venir.

SAKR LEBNAN

10 h 46, le 28 mars 2013

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Commentaires (3)

  • Il est venu pour réconcilier les irréconciliables ! En perspective ? Les évènements vont se succéder à des vitesses effrénées dans les semaines sinon dans les jours à venir.

    SAKR LEBNAN

    10 h 46, le 28 mars 2013

  • Il parle beaucoup pour finalement ne rien dire ? non c'est pas vrai, tout ce qu'il a dit montre bien qui fait la loi aux us "chez lui ", si donc lui descendant d'un continent qui a fait le reservoir de l'esclavagisme aux ameriques se rendant en terre usurpee et a qui on demandait de s'assoir s'est carrement couche devant les colonisations, qui pourra aux pays de l'injustice pretendre rendre justice aux palestiniens ? Hugo Chavez , reviens nous, on vient de t'assassiner pour la 2eme fois!!!

    Jaber Kamel

    09 h 16, le 28 mars 2013

  • Du voyage et du discours d'Obama au Caire en 2009 le monde entier est finalement obligé de dire : Admirable la faculté de ce président à parler et promettre pour ne rien faire. Aprés son voyage cette fois en Israel et son timide passage chez l'autorité palestinienne, on est obligé de dire, comme le journaliste d'al-Jazira : Admirable sa faculté à parler pour ne rien dire. Quant aux réalisations politiques au Moyen-Orient, on peut déjà dire : deux mandats fichus !

    Halim Abou Chacra

    03 h 35, le 28 mars 2013

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