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Moyen Orient et Monde - Le point

À la recherche de l’ennemi

Au Mali, l’heure n’est plus à l’allégresse, passé les premiers jours de la guerre qui a vu les villes tomber l’une après l’autre face à l’avancée des troupes françaises et gouvernementales. Après l’inquiétude, manifeste depuis quelques jours, c’est un sentiment diffus de crainte qui prévaut désormais, nourri par la tournure que prennent les opérations. Il y a eu d’abord ces attentats perpétrés par des kamikazes et qui ne prêtaient pas à conséquence, suivis d’accrochages avec l’armée dans les rues de Gao, entraînant la fermeture des commerces, malgré les appels, qui se voulaient rassurants, des autorités. Hier mercredi, une bombe artisanale de 600 kilos a été désamorcée à temps par les artificiers. Composée de quatre fûts métalliques bourrés d’explosifs, elle a été découverte par hasard dans la cour d’une maison abandonnée, proche d’un hôtel servant de Q.G. aux journalistes étrangers accourus des quatre coins du globe pour couvrir ce que la population continue pudiquement de qualifier d’« événements en cours ».
Il était clair qu’un appel à la guerre sainte n’allait pas tarder à être lancé par les vaincus (provisoires ?) de l’opération Serval entamée le 11 janvier dernier. C’est el-Qaëda dans la péninsule Arabique (AQAP) qui s’est chargée de la mission, à partir d’une branche de l’organisation basée au Yémen, dénonçant au passage « la campagne des croisés contre l’islam » et appelant « les musulmans partout dans le monde » à se joindre au combat.
Il n’y a pas que l’irruption du religieux dans la bataille. Il y a, autrement plus grave, la dispersion des militants et la relative indigence des renseignements glanés par les spécialistes. Les estimations sur le nombre des guérilleros varient entre quelques centaines et plusieurs milliers, réfugiés selon les uns dans l’Adrar des Ifoghas ou, à en croire d’autres, éparpillés çà et là quand ils n’ont pas réussi à « être dans le peuple comme un poisson dans l’eau », suivant le slogan célèbre de Mao. Conséquence de cette dispersion : les sorties aériennes se font rares, un signe que l’ennemi se cache mieux et qu’il jouit de précieux appuis pour s’approvisionner.
Une guerre asymétrique, c’est une guerre de « civils » contre des « militaires ». Autrement dit, dans le cas du Mali, de jihadistes opposés à des contingents de réguliers qui ont pour eux – les soldats français surtout – un matériel ultrasophistiqué qui leur permet notamment de détecter les IED (Improved explosive devices), ces bombes « faites maison » comme celle qui vient d’être neutralisée à Gao. Mais cette force demeure dangereusement vulnérable dès lors qu’elle se trouve confrontée à une tactique basée sur la rapidité des mouvements et la fuite devant toute confrontation directe, surtout en terrain escarpé, parsemé de grottes et d’innombrables collines. Mais ce net avantage peut se révéler un lourd handicap s’agissant par exemple de l’approvisionnement en eau des « combattants de l’ombre », quand les sources s’avèrent aisément repérables.
Pour l’Amérique, qui tient à rester prudemment à l’écart, Bamako constitue un laboratoire d’étude. Créé il y a cinq ans, l’Africa Command, qui devait à l’origine aider à l’entraînement des armées locales et élaborer des programmes d’assistance dans différents domaines, voit proliférer sur le continent noir des islamistes dont le seul souci est de voir jusqu’où, pour reprendre l’expression consacrée, les États-Unis sont disposés à aller trop loin.
Le laboratoire malien mérite également l’attention des pays d’Afrique qui, après s’être engagés à assurer la relève des Français, traînent maintenant les pieds. Les 8 000 soldats promis n’en finissent pas de se rassembler tandis que certains points perdus par les islamistes le mois dernier sont repris par les hommes du Mouvement national pour la libération de l’Azawad ou bien par les Touareg d’Ansar el-Dine, proches de l’AQMI (el-Qaëda du Maghreb islamique).
Il est trop tôt pour évoquer le spectre de l’enlisement dont on parle depuis cinq semaines. François Hollande s’est dépêché bien vite d’écarter cette éventualité. Mais pas plus que l’Afrique, l’Europe ne peut ignorer l’autre grave menace, celle de la drogue qui, parvenue à l’Ouest où elle est réceptionnée par des contrebandiers relevant de diverses tribus, finit sur les côtes méditerranéennes. L’embrouillamini atteint un tel niveau de complication que l’Honorable John Baird, ministre canadien des Affaires étrangères, vient de déclarer : « Nous n’allons pas, pour un oui, pour un non, nous engager dans un nouvel Afghanistan. » C’est aussi ce que semblent penser d’autres pays, les USA en tête.
Au Mali, l’heure n’est plus à l’allégresse, passé les premiers jours de la guerre qui a vu les villes tomber l’une après l’autre face à l’avancée des troupes françaises et gouvernementales. Après l’inquiétude, manifeste depuis quelques jours, c’est un sentiment diffus de crainte qui prévaut désormais, nourri par la tournure que prennent les opérations. Il y a eu...
commentaires (1)

Le dégrisement d'une victoire à la va vite semble être terrible pour les "vainqueurs". Il fallait qu'ils y aillent pas de doute là dessus , ils doivent assumer les suites et c'est le plus dur , gagner la paix. Les contradictions sont énormes, que faire des touaregs alliés des français et accusés par le Mali de collaboration avec les salafo wahabito qataris, que faire du qatar allié ailleurs et gros financiers des islamistes au sahel qu'il s'est chargé d'évacuer des zones où l'armée française faisait son entrée, que faire des soldats africains qui trainent la patte , peut être parce que leur financement n'est pas assuré par l'onu ou le qatar !! On sait toujours quand est ce qu'une guerre commence , on sait jamais quand est ce qu'elle se termine .

Jaber Kamel

06 h 24, le 14 février 2013

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Commentaires (1)

  • Le dégrisement d'une victoire à la va vite semble être terrible pour les "vainqueurs". Il fallait qu'ils y aillent pas de doute là dessus , ils doivent assumer les suites et c'est le plus dur , gagner la paix. Les contradictions sont énormes, que faire des touaregs alliés des français et accusés par le Mali de collaboration avec les salafo wahabito qataris, que faire du qatar allié ailleurs et gros financiers des islamistes au sahel qu'il s'est chargé d'évacuer des zones où l'armée française faisait son entrée, que faire des soldats africains qui trainent la patte , peut être parce que leur financement n'est pas assuré par l'onu ou le qatar !! On sait toujours quand est ce qu'une guerre commence , on sait jamais quand est ce qu'elle se termine .

    Jaber Kamel

    06 h 24, le 14 février 2013

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