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Moyen Orient et Monde - Syrie

Les opposants manifestent, les pro-Assad prient

Tlass redonne de la voix ; au moins 107 morts hier ; 6 400 nouveaux réfugiés en 24 heures en Jordanie.

Les autorités syriennes se félicitaient hier de l’afflux « massif » dans les mosquées après avoir appelé à une prière « d’un million de fidèles » pour le retour de la sécurité dans le pays en guerre. Les médias officiels ont ainsi fait état d’une « participation populaire massive » à la prière « réclamant la sécurité pour la patrie », la télévision d’État montrant des images de fidèles effectuant la prière hebdomadaire dans plusieurs mosquées de Damas. Dans un prêche retransmis à la télévision d’État, le cheikh a appelé devant des centaines de fidèles à prier pour le retour de la sécurité et à implorer Dieu d’éloigner les ennemis de la Syrie,.
Dans le même temps, comme chaque vendredi depuis le début de la contestation en mars 2011, des opposants au régime ont manifesté, scandant notamment : « Malgré les bombardements et le siège, nous ne nous agenouillerons que devqnt Dieu. » À Houla, une vidéo a montré un rassemblement qui se tenait alors que des bombes tombaient à proximité, le caméraman filmant alternativement les manifestants et des colonnes de fumée qui s’échappaient de bâtiments. À Saraqeb, une pancarte proclamait : « Non à un régime étranger, non à un régime militaire, non au terrorisme et à la peur », les militants affirmant que ces défilés s’adressaient au Front jihadiste al-Nosra.

Le sixième jour
Alors que chaque partie mobilisait ses partisans, les troupes du président Bachar el-Assad pilonnaient Homs pour le sixième jour consécutif pour y écraser les derniers bastions rebelles. Le poumon industriel de la Syrie et point névralgique sur la ligne de démarcation entre régime et rebelles était ainsi sous les bombes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) qui s’appuie sur un important réseau de militants et de médecins. En outre, a rapporté le réseau de militants antirégime de la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), des renforts militaires arrivaient dans la ville, quasiment entièrement reprise par l’armée, au prix d’opérations extrêmement meurtrières. L’aviation a également bombardé la périphérie de Damas, quelques heures après deux attentats à la voiture piégée contre les renseignements et l’armée ayant fait au moins huit morts. Dans la nuit, un kamikaze du Front jihadiste al-Nosra a fait exploser son véhicule à Saasaa. Dans le même temps, un second kamikaze a lancé sa voiture contre un barrage de l’armée à proximité, tuant et blessant plusieurs soldats.
À Damas même, des combats avaient lieu à la lisière du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, un temps refuge pour les Syriens fuyant leurs quartiers en proie à la violence.
Ailleurs dans le pays, l’OSDH a également signalé des bombardements à Deraa et à Idleb, des combats et des bombardements à Alep, à Deir ez-Zor et à Raqa.

Réfugiés record
Face à ces violences qui ont encore fait hier au moins 107 morts selon l’OSDH, 6 400 nouveaux réfugiés sont arrivés ces dernières 24 heures en Jordanie, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), portant à 30 000 le nombre de Syriens ayant fui vers le royaume depuis début janvier, un chiffre « record ». À cinq jours d’une réunion de donateurs organisée à Koweït, le roi Abdallah II de Jordanie a déclaré depuis Davos que « les réfugiés les plus faibles se battent pour leur survie (...) il faut davantage d’aide internationale ».
La moitié des 600 000 réfugiés syriens a moins de 18 ans et 25 % ont moins de quatre ans, selon l’Unicef. Alors que l’ONU s’attend à ce que le nombre de réfugiés atteigne 1,1 million d’ici à juin, le Liban, l’Irak, la Jordanie et la Turquie tirent régulièrement la sonnette d’alarme, se disant prêts à accueillir les Syriens, mais à condition d’être aidés.
Et en Syrie même, où l’on compte au moins deux millions de déplacés, l’Union des organisations syriennes de secours médicaux (UOSSM), une organisation de médecins travaillant clandestinement dans le pays, a dressé un tableau dramatique de la situation humanitaire. Dénonçant « l’inaction » de la communauté internationale face aux exactions du régime, le secrétaire général de l’UOSSM, Anas Chaker, a affirmé que « des maladies comme la leishmaniose, la tuberculose sont réapparues. Des enfants ne sont plus vaccinés depuis un, voire deux ans, c’est une catastrophe nationale ». Selon le docteur Chaker, « 90 % de l’aide donnée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou la Croix-Rouge internationale n’arrive pas aux régions qui en ont besoin » et où la crise des médicaments fait rage car « 35 à 40 des 57 usines de médicaments en Syrie se trouvent à Alep » dévastée par plus de six mois de guérilla urbaine.

Le plan de Tlass
Sur le front politique, le général Manaf Tlass, 49 ans, a redonné de la voix dans le cadre d’une interview accordée au Monde. Dans les colonnes du quotidien français, le général, ancien commandant d’une unité d’élite de l’armée syrienne ayant fait défection en juillet 2012, a indiqué voir quatre scénarios en Syrie : une victoire des rebelles, la mort d’Assad et le chaos qui se perpétue sur fond d’esprit de revanche ; la « perpétuation de la situation présente » pendant des années ; un départ d’Assad sous pression internationale (peu probable, reconnaît Tlass) ; la réunion « des modérés de tous les camps, ceux de l’opposition intérieure et extérieure, de l’Armée syrienne libre (ASL) et du régime, autour d’un projet national, véritablement inclusif ». C’est sur ce 4e scénario que le général dissident affirme travailler.
Par ailleurs, le monde arabe a réclamé à Davos, où est réunie l’élite mondiale des affaires, une action décisive pour en finir avec la guerre qui ravage la Syrie.

 

 

(Pour mémoire : Manaf Tlass : de la jeunesse dorée à la dissidence)


Enfin, un homme de 31 ans a été inculpé à Londres pour avoir apporté son soutien financier à son frère et à un autre homme soupçonnés d’être impliqués dans le rapt de deux journalistes en Syrie.
(Source : agences)

 

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