La tragédie du comédien chez les tyrans

La Mordovie est une république de la Fédération russe. Ou plutôt un « sujet » de la fédération, rapport à la corrélation entre les subsides envoyés par le Kremlin à Saransk et les scores électoraux de Russie Unie, le parti de Poutine, enregistrés en cette même Saransk.
Les habitants de Mordovie sont des Mordves. Mais est-ce plus grave que de résider à Bonny-sur-Loire et d’être un Bonnychons ? La particularité de la population mordve est de décroître. Aujourd’hui, la Mordovie compte environ 835 000 Mordves, contre plus d’un million en 1970. 
En terme de climat, l’été est faiblard, et l’hiver froid, venteux et humide. Ceci expliquant peut-être cela.
La Mordovie est connue pour ses lacs, environ 500 sur un territoire d’un peu plus de 26 000 km2, et ses camps de travail, une vingtaine, dont d’anciens goulags.
C’est dans le camp 14 que se languit Nadejda Tolokonnikova, une Pussy Riot condamnée à deux ans de prison pour une prière punk anti-Poutine de trente secondes. Nadejda a une fille, Héra, 5 ans, qui vit à Moscou, c’est-à-dire à 513 kilomètres à vol d’oiseau de sa mère. Mais comme Héra n’est pas un oiseau, si elle veut voir sa mère, c’est une nuit de train puis trois quarts d’heure de taxi.
Les Mordves parlent des langues ouraliennes, entre autres le mokcha et l’erzya.

 « Je suis très content, c’est très beau ici », a déclaré Gérard Depardieu en arrivant en Mordovie avec son passeport russe, le 6 janvier 2013.


Dans la Russie de Vladimir Poutine, les organisations étrangères humanitaires ou de défense des droits de l’homme sont considérées comme des nids à espions, les opposants comme des cibles à harceler, arrêter, mépriser, interroger, piéger, neutraliser voire éliminer, les jeux militaro-patriotiques soviétiques comme un must dans les écoles, le retour des apparatchiks dans les entreprises publiques comme une priorité, la programmation des musées comme un danger potentiel à sérieusement contrôler, le blasphème comme un outil politique.

 « Et je vais apprendre le russe. J’en ai même parlé à mon président, François Hollande. Je lui ai dit tout cela. Il sait que j’aime beaucoup votre président Vladimir Poutine et que c’est réciproque. Et je lui ai dit que la Russie était une grande démocratie. » Extrait d’une lettre de Gérard Depardieu, publiée le 3 janvier, pour remercier Poutine de lui avoir octroyé la nationalité russe. 


La Tchétchénie est dirigée par Ramzan Kadyrov, né le 5 octobre 1976 à Tsenteroi, un trou sinistre. Également connu sous le sobriquet de « chien de guerre de Poutine », Kadyrov pense que « ceux qui troublent la paix du peuple, il faut les traiter avec dureté, et même avec cruauté ». Et Kadyrov fait ce qu’il pense. Du coup, les ONG de défense des droits de l’homme n’aiment pas Kadyrov, qui le leur rend au centuple. En Tchétchénie, l’espérance de vie des opposants est basse.
Kadyrov a un penchant pour le culte de la personnalité, la « verticale du pouvoir » et l’islam rigoureux, ainsi qu’un petit faible pour les milices qui l’entourent. Pour Kadyrov, « la presse doit être au service de l’unité du peuple tchétchène ». En Tchétchénie, les journalistes s’autocensurent.

 « Gloire à Kadyrov ! » a lancé, le 5 octobre 2012, Gérard Depardieu en visite à Grozny.

Carrefour des grands empires, des religions et des cultures, étape sur la route de la soie, l’Ouzbékistan a pour capitale Tachkent, pour centre touristique et mythique Samarcand, et pour leader, depuis la chute de l’URSS, soit plus de vingt ans, le même homme : Islam Kadirov.
Islam Kadirov estime qu’un bon journaliste est un pisse-copie aux ordres, alors que les autres (qui écrivent sur la réalité socio-politico-économique du pays) insultent le peuple ouzbek et par la même méritent, au mieux, la prison. Kadirov est un homme qui a le sens de la formule, – « Je suis prêt à faire sauter les têtes de 200 personnes, à sacrifier leur vie, afin de préserver la paix et le calme dans la République » – et une fille, Gulnara, une liane de 40 ans qui chante, représente son pays à l’ONU, dessine des bijoux, écrit des séries TV et serait, selon un câble fuité par WikiLeaks, « la femme la plus haïe de son pays ».
À ses heures perdues, Gulnara nie toute atteinte aux droits de l’homme en Ouzbékistan, ignore les infos quant à un programme de stérilisations forcées de jeunes femmes, et extorquerait de l’argent aux entrepreneurs locaux et investisseurs étrangers. Par-dessus tout, Gulnara n’aime pas qu’on la présente comme la « fille du dictateur ».

Gérard Depardieu a récemment enregistré avec Gulnara une chanson d’amour écrite par la fille du dictateur.

Gérard, reviens à Néchin !