L’histoire ressemble fort à la fable du lièvre François Fillon, et de la tortue Jean-François Copé. Rappelez-vous ce bon Monsieur Jean de La Fontaine :
« ................................. À la fin quand il vit
Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fit
Furent vains : la tortue arriva la première. »
L’ancien Premier ministre avait ses raisons pour mépriser « une telle victoire » et pour tenir « la gageure à peu de gloire ». Toujours est-il que, parti tard, il est arrivé tard. Oh ! à 98 voix de son adversaire, mais la victoire tient souvent à un fil – ou à quelques suffrages. C’est alors que l’on découvrit ces satanées urnes d’outre-mer, inopportunément oubliées, qui assuraient au centriste une tout aussi mince avance. Vingt-six voix, c’est Blücher, alors qu’on espérait Grouchy. À partir de cet instant, les situations cocasses vont se succéder, comme dans les meilleurs vaudevilles (encore une particularité française). Jusqu’à l’irruption sur la scène d’un huissier mandaté par Fillon dans le cadre d’une saisie conservatoire des « pièces à conviction », comprendre des documents électoraux devenus soudain corpora delicti. Une intervention pour rien puisque le brave homme, mandaté par le Tribunal de grande instance de Paris au 55, rue La Boétie, siège du
défunt – je sais, je sais, cela relève de la politique-anticipation –, est reparti les mains vides, les dossiers en question se trouvant dans une pièce placée sous contrôle... d’huissier.
Acte III. – Alain Juppé, convié à jouer le rôle d’arbitre, accepte en rechignant tout de même, histoire d’entretenir le suspense. Seule condition : que les deux plaignants s’en remettent à son infinie sagesse, une éventualité que l’un des deux (devinez lequel) rejette au prétexte que le peuple a déjà parlé. Se sentant outragé, le dernier ministre des Affaires étrangères du précédent quinquennat remet son tablier. Ses mots pour annoncer la fin de sa mission résonnent déjà comme une oraison funèbre : « Il apparaît clairement que Nicolas Sarkozy est le seul aujourd’hui à avoir l’autorité suffisante pour proposer éventuellement une sortie que je n’aperçois pas, en ce qui me concerne. »
Sur la planche ainsi savonnée, l’ancien président de la République allait-il s’engager ? Non, est-il apparu hier : le déjeuner avec son ancien chef de gouvernement a été cordial et utile, termes habituellement utilisés pour qualifier un entretien de pure forme. Tout indique que, désormais, la dégradation va poursuivre son bonhomme de chemin et que le début de dislocation constaté il y a une semaine est appelée à s’accélérer jusqu’à devenir irréversible. Sous un titre franchement alarmiste : « Arrêtez le massacre ! », l’éditorialiste du Figaro lance un « Ça suffit ! » excédé qui traduit l’exaspération de la base du parti.
Étrange destin que celui d’une droite française qui a choisi de se perdre au lieu de saisir la chance inespérée offerte par un nouveau pouvoir qui en est toujours, six mois et demi après son triomphe quasi total, à chercher sa voie. Curieux cheminement politique d’un homme qui, en prétendant braconner sur les terres de l’extrême droite, fait à celle-ci le cadeau inespéré de milliers de nouveaux adhérents par ses soins incomplètement « décomplexés ». François Copé, ou l’ex-secrétaire général désormais privé de troupes.
« Vous ne verrez jamais dans votre vie un homme d’État de cette stature. »* Celui qui s’est adressé, le 14 novembre, en ces termes à un parterre de lycéens européens réunis à la Mutualité, c’est Valéry Giscard d’Estaing, l’homme du « oui, mais », l’homme du non au référendum du 27 avril 1969. Combien il a raison, l’ex. Pour une fois
* Cité par l’hebdomadaire « L’Express » du 21/27 novembre 2012.
Je demandais à un ami français UMP d'un certain âge ce qu'il pensait, lui, en tant que français bon teint de cette mascarade. Il me répond qu'il est difficile de juger entre un malhonnête et un imbécile. Devant mon insistance à savoir pour qui il penchait vraiment, il me raconte ce que Napoléon avait dit à un de ses officiers honnête mais qui avait perdu une bataille à cause de son imbécilité. Voilà ce qu'il lui répond: le connerie n'a pas de limite, par contre la malhonnêteté elle , elle en a. Tout le monde en France sait que copé a triché, mais les militants UMP feraient plus confiance à lui pour battre la gauche qu'à Fillon qui s'est fait volé. Les moeurs ont bien évolué depuis l'éducation que nos parents nous ont donné.
10 h 00, le 27 novembre 2012