Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Le point

La (trop) longue marche du GOP

Le verre à moitié plein ? Mitt Romney reste en tête dans la course à l’investiture de son parti. Le verre à moitié vide ? Ses succès sur le fil dans la quête des voix nourrissent les doutes sur ses qualités d’adversaire sérieux du président sortant. Dans le Super Tuesday de cette semaine – dix États en jeu, 400 délégués sur un total de 1 144 bulletins nécessaires–, le score final donne des sueurs froides aux caciques du Parti républicain. Et ne parlons pas de l’Ohio, enlevé par le millionnaire mormon sur un chétif point d’écart : 38 pour cent contre 37 pour cent à l’ultracatholique Rick Santorum. En fin de journée, tout le monde criait victoire, le principal prétendant (« Cette désignation, je vais l’obtenir »), aussi bien que ses adversaires, à l’exemple de Newt Gingrich, vainqueur en Géorgie : « L’argent de Wall Street peut être battu par le labeur de Main Street », de Santorum : « Nous sommes prêts à l’emporter à travers tout le pays », ou encore de Ron Paul, zéro point au compteur : « La liberté est en marche. »
L’incertitude est si grande que nul ne se hasarde à avancer un quelconque pronostic sur la finale, qui se disputera le 6 novembre prochain – en fait, il appartiendra au collège des grands électeurs de désigner le 17 décembre le nouveau locataire de la Maison-Blanche ainsi que le vice-président, au terme d’un processus aussi long que complexe et coûteux en argent. Mais jamais comme ces temps-ci le Grand Old Party n’aura donné une telle impression de flottement. Jamais non plus les caucus n’auront servi de prétexte à un déballage aussi nauséeux, faisant dire à Barbara Bush, l’ancienne First Lady connue pour ne pas maîtriser l’art de la litote : « Nous sommes témoins de la pire campagne électorale. Tout cela est dégueulasse. » Commentaire de l’éditorialiste du New York Times : « We feel the same way. »
Au niveau de la rue, les jugements ne sont pas moins sévères. Ainsi, trois républicains sur dix affirment avoir une plus mauvaise idée du parti que par le passé. Dans le camp adverse, 49 pour cent des démocrates, après avoir suivi ces primaires, disent être plus enclins que jamais à voter pour Barack Obama. Ceux qui croyaient qu’une nette tendance allait se dessiner à l’issue de cette journée en sont pour leurs frais. Sans doute faudra-t-il attendre le mois prochain pour voir un nom émerger du peloton de tête. À cette date se disputeront deux rounds majeurs, à New York (92 délégués) et au Texas (152 délégués), suivis par un autre round en juin, dans ce poids lourd qu’est la Californie (169 délégués).
En fait, ces joutes préliminaires auront servi de révélateur, pour peu que les maîtres du jeu prennent la peine de se pencher sur le mal véritable dont souffre le Grand Old Party, depuis qu’il a décidé de virer carrément à tribord. Le résultat, catastrophique, est que, dans les propos des candidats à la candidature, il n’est plus question que de foi religieuse, d’identité culturelle quand l’Amérique – et avec elle le monde entier – connaît la crise économique la plus grave depuis la stagnation des années 1873-1896, le krach de 1929 et les soubresauts qui agitent, ces dernières années, la planète.
L’un des sujets dont débat le plus volontiers le quatuor républicain est celui de la contraception, avec les affirmations les plus saugrenues. On a vu l’autre jour sur la chaîne MCNBC l’un des plus gros bailleurs de fonds du GOP, le milliardaire Foster Friess, rappeler que, de son temps, « les nanas (the gals) plaçaient entre les genoux un comprimé d’aspirine, ce qui était moins cher » (que la pilule)... Efficacité garantie ? Devant le tollé soulevé par cette prescription très peu médicale, le brave homme s’est vu obligé d’expliquer qu’il s’agissait en fait d’une blague.
Fort heureusement, Dieu et l’American way of life ne représentent pas les seuls thèmes de campagne ; il y a aussi les rapports avec Israël. Tous ces messieurs se sont fait un point d’honneur de défiler à la tribune de l’AIPAC (American Israel public affairs committee), qui vient de tenir sa conférence annuelle, dans le louable effort de rassurer le petit David hébreu face au méchant Goliath iranien et son programme nucléaire. Obama lui aussi a estimé indispensable de venir défendre son bilan devant les membres du puissant lobby, promettant d’utiliser « la force si nécessaire pour préserver l’avantage militaire d’Israël, parce que ce pays doit toujours avoir la possibilité de se défendre seul contre toute menace ». Après cette offensive de charme, le président sortant peut espérer, le moment venu, rempiler pour un nouveau mandat de quatre ans. Il vaincra parce qu’il est le moins mauvais d’un lot de concurrents dont la valeur devra attendre quelques années encore pour pouvoir s’affirmer. À moins que d’ici là, ces marathoniens de la politique ne trébuchent sur la voie menant au 1600, Pennsylvania Avenue.
Auquel cas, leur chute ne fera aucun bruit.
Le verre à moitié plein ? Mitt Romney reste en tête dans la course à l’investiture de son parti. Le verre à moitié vide ? Ses succès sur le fil dans la quête des voix nourrissent les doutes sur ses qualités d’adversaire sérieux du président sortant. Dans le Super Tuesday de cette semaine – dix États en jeu, 400 délégués sur un total de 1 144 bulletins nécessaires–, le...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut