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Moyen Orient et Monde - Entretien

Les frères Malas au Caire avec « une seule arme : l’art »

Les jumeaux Malas sont sûrs « à 100 % » que leur « révolution » vaincra. Photo AFP

Quand la Sécurité syrienne a débarqué chez eux, Mohammad et Ahmad Malas ont rassemblé leurs affaires et quitté leur pays : après un mois de clandestinité au Liban, les jumeaux, comédiens, sont au Caire depuis une semaine pour poursuivre leur combat, avec « une seule arme : l’art ».
Depuis qu’ils sont arrivés en Égypte, les deux frères de 28 ans sont intarissables. Car au Caire, ils disent avoir retrouvé leur liberté de parole. « Ici, je me sens en sécurité. Je sais que les chabbiha ne pourront pas nous attaquer car les Égyptiens ont connu les “baltaguias”, les sbires de Moubarak, alors ils nous protégeront », raconte Mohammad, attablé dans un café à quelques mètres de la place Tahrir.
Ils ont déjà contacté plusieurs troupes en Égypte, notamment celles montées dans le sillage de la révolte qui a conduit au départ du président Hosni Moubarak au début de l’année, et espèrent bientôt jouer leurs pièces devant les Égyptiens. Avant le début de l’insurrection populaire sans précédent en Syrie, ils bravaient la loi pour jouer devant des publics très restreints. « On montait nos pièces dans notre chambre à Damas et on invitait 15 personnes. C’était déjà un rassemblement, ce qui est interdit dans la Syrie d’Assad », explique Mohammad.
Via Skype ou Facebook, ils restent en contact avec leurs connaissances dans la capitale, centre névralgique et siège du régime, où la connexion n’a jamais été interrompue, contrairement à d’autres villes, notamment Homs et Hama. « Les artistes sont harcelés en permanence, les agents des renseignements les appellent pour les insulter. Certains ont disparu, nous ne savons toujours pas où ils sont », explique Ahmad, qui se rappelle des appels qu’il a lui-même reçus : « Ils me disaient : Bachar est ton Dieu. »
C’est d’ailleurs une manifestation à l’appel d’artistes qui leur a valu leur dernier séjour en prison. Une détention durant laquelle ils ont joué leur dernière pièce La révolution de demain est reportée à hier – présentée à Avignon cet été – devant d’autres intellectuels. Comme eux, ils avaient été arrêtés le 13 juillet lors d’un rassemblement au cours duquel de nombreux hommes et femmes de culture ont été raflés par les autorités syriennes qui accusent des « bandes terroristes » de semer le chaos. « Notre public, les soi-disant “salafistes” que le régime combat, c’était la vraie Syrie. Il y avait des chrétiens, des sunnites, des druzes, des ismaéliens, même des alaouites », se souvient Mohammad, dans un sourire.
Ils se souviennent aussi des sept mois de révolte qu’ils ont vécus en Syrie. Ils racontent d’abord l’histoire de leur ami soldat qui a préféré se blesser à la jambe pour ne pas avoir à tirer sur des manifestants sans armes. Celle des jeunes qu’ils ont rencontrés en prison. Comme ce garçon de 17 ans, battu, torturé à l’électricité pour avouer devant les médias officiels syriens qu’il menait une insurrection armée contre le régime.
Rappelons qu’avant l’Égypte, ils avaient passé un mois au Liban. « Malheureusement, nous avons découvert que les Libanais ont plus peur d’Assad que les Syriens en Syrie », dit Ahmad. Mais ils en sont sûrs « à 100 % », leur « révolution » vaincra. Ils seront bientôt de retour dans « la nouvelle Syrie, la Syrie libre », lance Mohammad. « En tout cas, je l’espère. En partant, j’ai promis à mes amis restés en Syrie qu’en février, au plus tard, nous nous baladerons de nouveau ensemble dans les rues de Damas. »
(Source : AFP)
Quand la Sécurité syrienne a débarqué chez eux, Mohammad et Ahmad Malas ont rassemblé leurs affaires et quitté leur pays : après un mois de clandestinité au Liban, les jumeaux, comédiens, sont au Caire depuis une semaine pour poursuivre leur combat, avec « une seule arme : l’art ».Depuis qu’ils sont arrivés en Égypte, les deux frères de 28 ans sont intarissables....

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