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Liban - Sécurité

Le Kesrouan perturbé par la visite d’Assir et par un double meurtre à Wata el-Joz

Succession d’événements perturbateurs ces dernières 48 heures dans le Kesrouan avec la visite controversée de cheikh Ahmad el-Assir jeudi à Kfardebian, parallèlement au meurtre d’un père chiite et de son fils à Wata el-Joz par un habitant chrétien de la région, suite à une querelle sur un droit de passage.

Le chanteur libanais et partisan de cheikh Assir, Fadl Chaker, lors d’une bataille de boules de neige à Faraya.

Les habitants du village de Lassa, dans le caza de Jbeil, duqel sont originaires les deux victimes, ont bloqué hier pendant une heure et demie la route de Mayrouba-Faraya dans les deux sens pour protester contre leur assassinat.
Les deux personnes ont été tuées jeudi lorsqu’un accident de la route a dégénéré en dispute entre Ghassan Saïfeddine et son fils Hadi (originaires du village chiite de Lassa), d’une part, et Anthony Khalil, de l’autre, qui a tiré sur Ghassan et Hadi lorsque ces derniers, selon le tireur, ont brandi des hachoirs. Les deux hommes sont morts sur-le-champ. Les policiers se sont rendus immédiatement sur les lieux, ont ouvert une enquête et sont encore à la recherche du tireur qui a évidemment pris la fuite. L’ancien ministre Farid Haykal el-Kazen a dénoncé à cet égard le blocage de la route et a appelé les forces de sécurité à la rouvrir « comme elles ont fait jeudi, lors de la visite de cheikh Assir à Kfardebian ». De son côté, l’un des notables de Lassa, Talal Moqdad, a assuré que le Hezbollah l’a mandaté pour « calmer les tensions ».
Il faut rappeler que cet incident déplorable est intervenu alors que le cheikh salafiste Ahmad el-Assir s’était rendu jeudi à Faraya-Kfardebian, dans la montagne du Kesrouan, avec environ 200 partisans à l’occasion de la fête du Maouled pour « profiter de la neige et faire du ski ». Mécontents de ce déploiement, certains habitants du village avaient bloqué la route menant aux pistes de ski pour tenter d’empêcher le cheikh salafiste et ses partisans d’y accéder. Après le déploiement des forces de sécurité et des négociations avec les responsables politiques de la région, la voie avait été rouverte. Cheikh Assir a pu profiter de la neige et même effectuer une prière collective avec ses partisans, affirmant qu’il « ne pouvait pas retarder la prière en raison du retard pris par le convoi après le blocage de la route ».
Le chef de la municipalité de Kfardebian, Jean Akiki, a déclaré plus tard que les manifestants craignaient les « conséquences négatives d’une telle visite sur la saison touristique ». Sur place, le cheikh avait assuré quant à lui aux journalistes que sa visite n’avait rien de politique. « Il est inacceptable de couper la route aux visiteurs. Notre manifestation à Saïda n’avait dérangé personne. Nous n’avons pas l’intention de profiter de cet incident pour des raisons politiques », avait-il déclaré, tout en niant toutes les informations selon lesquelles ses partisans seraient armés.

Assir remercie et accuse...
Jeudi également, cheikh Assir avait remercié les habitants de Faraya-Kfardebian pour leur accueil, estimant que les manifestants ne représentaient qu’eux-mêmes. « Ce qui s’est passé ne reflète pas les intentions des habitants de cette région et ne représente pas l’avis de nos partenaires chrétiens. Nous avons été chaleureusement accueillis par tous les habitants des villages de la région avant d’arriver à Kfardebian », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Ces 10 ou 15 jeunes hommes qui ont bloqué la route sont les victimes de leurs leaders. »
Le blocage des routes a immédiatement été condamné par les Forces libanaises et le Courant patriotique libre (CPL). Le chef du CPL Michel Aoun a estimé dans ce sens que l’incident de Kfardebian « ne devrait pas se répéter ». « Nous avons réussi cette fois à régler le problème, mais ce sera plus difficile à l’avenir si ce genre d’incident devait se répéter », a-t-il dit. « Assir insulte toutes les personnalités libanaises dans ses discours, a poursuivi M. Aoun. Il m’a personnellement attaqué plusieurs fois, il a aussi attaqué (le secrétaire général du Hezbollah) Hassan Nasrallah et (le président du Parlement) Nabih Berry. Voilà pourquoi certains jeunes ont voulu bloquer la route devant son convoi. » M. Aoun a enfin appelé les citoyens libanais à ne pas couper les routes face aux « visiteurs » et encouragé les forces de l’ordre à empêcher les tentatives de blocage des routes. Ce à quoi les FL ont répliqué en martelant que l’opinion publique est « trop mature et trop noble pour que l’on puisse la duper et se jouer d’elle ».
De son côté, le député Alain Aoun (CPL) a estimé hier que les intentions du cheikh Assir « n’étaient pas bonnes, puisqu’il avait préparé médiatiquement sa visite à Kfardebian une semaine auparavant ».
Dans le même cadre et lors d’un entretien hier avec le quotidien ash-Sharq el-Awsat, Assir a de nouveau refusé tout dialogue avec le Hezbollah car ce dernier « ignore ses adversaires ». « Le dialogue avec le Hezbollah ne nous importe pas, a-t-il dit. En fin de compte, j’ai été menacé et humilié et je ne vais pas rester silencieux. »
Le cheikh salafiste a, par ailleurs, réitéré son refus de toute intervention libanaise en Syrie, « car cela pourrait entraver la révolution syrienne et compliquer la situation au Liban ». Il a affirmé en outre que le courant du Futur ne soutient pas ses positions et ses actions. « Depuis le premier jour, le courant du Futur nous a combattus et l’ancien Premier ministre Fouad Siniora a rassemblé les responsables de la ville de Saïda contre nous », a-t-il indiqué. Le cheikh salafiste s’est dit étonné de la position du courant du Futur à son égard, malgré le fait qu’ils partagent les mêmes principes politiques concernant la crise syrienne et les armes du Hezbollah.

 

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commentaires (2)

Barbiche ! Barbichons ! Barbichez ! des UNS et des AUTRES, et le pays plonge dans l'inconnu... à toute vitesse...

SAKR LEBNAN

07 h 56, le 26 janvier 2013

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Commentaires (2)

  • Barbiche ! Barbichons ! Barbichez ! des UNS et des AUTRES, et le pays plonge dans l'inconnu... à toute vitesse...

    SAKR LEBNAN

    07 h 56, le 26 janvier 2013

  • En réponse aux excès et à l'exhibitionnisme de cheikh Ahmad el-Assir et ceux des salafistes en général, sayyed Hassan Nasrallah et son allié, le général Aoun, vont maintenant doubler leur lutte contre l'islam sunnite modéré représenté par Hariri et son courant. C'est "normal" de leur part, c'est leur "logique" et ils font toujours le "bon choix" !

    Halim Abou Chacra

    01 h 50, le 26 janvier 2013

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