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Liban - En dents de scie

Nasrallah 2.0

Quarante-cinquième semaine de 2012.
Pour de diverses et multiples raisons, il faudra un jour remercier le peuple rebelle de Syrie. Notamment pour avoir obligé, même involontairement, Hassan Nasrallah à discourir, pérorer plutôt, avec (un peu) plus de bon sens, à peine (un peu) moins d’arrogance. Le patron du Hezbollah s’affiche désormais bon et magnanime : l’index ne s’érige plus ; c’est la paume, pleine de mansuétude, qui tapoterait presque, très paternelle, boursouflée de clémence, le costume de Mohammad Morsi, auquel il pardonne d’avance de ne pas ouvrir ses frontières, de ne pas lancer une opération pour libérer la Palestine. Mais ce que M. Nasrallah ne sait pas, c’est à quel point le président et tout le peuple d’Égypte (sans compter l’immense majorité des Palestiniens) se moquent désormais de ce que pense et dit celui qui envoie ses miliciens se battre aux côtés du gang Assad et assassiner les Syriens. Ou plutôt, il ne le sait que trop bien. Alors, désormais, Hassan Nasrallah s’invente des rôles, entre statue du Commandeur et stratège géopétrolier. Bientôt, il s’intronisera Pilier de défense à lui tout seul. Mais pour défendre qui ? Défendre quoi ? Décrédibilisé dans le monde arabo-musulman depuis le 15 mars 2011, décrédibilisé depuis bien plus longtemps dans son propre pays, Hassan Nasrallah insiste : il est Grand Timonier. Petit père du peuple. Nous sommes tous concernés au Liban par la situation à Gaza. Oui ? Bien sûr que oui. Les Libanais, tous les Libanais, pour en avoir été longtemps les récipiendaires, connaissent trop bien la barbarie des gouvernements israéliens pour ne pas ressentir un minimum d’empathie, guerre civile ou pas, avec les Palestiniens. Mais il est temps, plus que temps, qu’un quelqu’un de bonne volonté explique à M. Nasrallah que les Libanais, tous les Libanais, sont concernés d’abord par leur propre (sale) sort. Que les Libanais, tous les Libanais, pensent d’abord à eux-mêmes. Aux dangers, aux défis qui ne les lâchent pas d’une semelle. Que les Libanais, tous les Libanais, sont concernés en premier lieu par l’arsenal milicien du Hezbollah, écœurés, terrorisés par un nouveau mai 2008, si facile à ressusciter. Qu’ils sont concernés en tout premier lieu par les débordements de la crise syrienne sur leur territoire – des débordements que ce cher Hezb ne fait rien pour endiguer ; bien au contraire. Que quelqu’un explique à M. Nasrallah que les Libanais, tous les Libanais, sont concernés en premier lieu par la crise économique, par leur pouvoir d’achat, par leur présent, par l’avenir de leurs enfants. Qu’ils sont concernés par le manque d’électricité, le manque d’eau, le rachitisme de leur connexion Internet, toutes ces inepties quotidiennes des Gebran Bassil et autres Nicolas Sehnaoui. Qu’ils sont concernés par ce tourisme, leur seule richesse, qui disparaît comme peau de chagrin. Qu’ils sont écœurés, terrorisés, aussi, de voir leur État réduit à sa portion crétine ; que tel est le bon plaisir du Hezbollah et de ses alliés. Que quelqu’un lui explique, à M. Nasrallah, que c’est ensuite, bien après, que ces Libanais, tous les Libanais, se sentiront concernés par la situation à Gaza, par les drames quotidiens que vivent les Palestiniens, la tragédie infligée jour après jour aux Syriens, les enfants de Somalie et d’ailleurs qui meurent de faim, les femmes de Tombouctou ou de Kaboul lapidées, les petites Malala pourchassées, les Rohyngias persécutés en Birmanie, les Ayoreo au Paraguay et les gays au Nigeria. Que quelqu’un explique enfin à M. Nasrallah les vertus sinon de l’égoïsme, du moins de cette charité bien ordonnée..., véritable kit de (sur)vie pour peuples maudits en général, pour Libanais éreintés en particulier. D’autant que rien n’empêche M. Nasrallah et sa milice de vouloir se mêler à tout prix de ce qui ne les regarde pas et d’envoyer dès ce matin des Fajr ou autres petits Zelzal contre Israël. Bien au contraire. Mais ce serait bien bête : cette fois, même sa communauté ne lui pardonnera(it) pas. Et ce serait bien dommage, surtout, de finir en Michel Samaha bis : C’est ce que voulaient les ayatollahs. Il est des excuses bien plus pathétiques que les fautes.
Quarante-cinquième semaine de 2012.Pour de diverses et multiples raisons, il faudra un jour remercier le peuple rebelle de Syrie. Notamment pour avoir obligé, même involontairement, Hassan Nasrallah à discourir, pérorer plutôt, avec (un peu) plus de bon sens, à peine (un peu) moins d’arrogance. Le patron du Hezbollah s’affiche désormais bon et magnanime : l’index ne s’érige plus...

commentaires (8)

Excusez mon ignorance, Mais que s'est-il passé le 15 Mars 2011?

Michel Fayad

02 h 07, le 18 novembre 2012

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Commentaires (8)

  • Excusez mon ignorance, Mais que s'est-il passé le 15 Mars 2011?

    Michel Fayad

    02 h 07, le 18 novembre 2012

  • Suite aux "VOCIFÉRATIONS" de ce hézébbbllàh, le Ministère, cette "Marelle", ne devait être que Réactionnaire sous la pression du "H.1er". Obligé d’appliquer certaines directives de "l'Anthracite", prouvant par là que ce 8 conglomérat est incapable d'aller au delà de certaines injonctions Archaïques du Fakîh-làh ! Que partout où il espère agir, même a minima, ce sera presque en Collaboration avec ce dernier qu'il agira. Que les promesses qui lui ont été faites sont devenues insupportables pour le Walîyoullfakîh-làh, et que son fonctionnement se réduira presque à une lutte contre les revendications, fussent-elles infimes, du 14 Sain ! Dans cette "Marotte", au travers de ses affidés et dévoués larbins, c'est "N.1er" qui s'érige himself en juge du Peuple. Il rompt avec les illusions bassinées de sa "résistancielle divîîîne", et tente de pousser vers un style Fakîh du Walïï ; cette fois tendance levantine. Il "bannit" tout ce qui pourrait représenter ne fut-ce qu’un infime danger pour Sa méditerranéenne "Wilâyâh", et ses « propres braillards sont accueillis par une tempête de "you-yous Perçants-Pers(c)és ». Gardé par une chemise noire chiffonnée, reclus, caché, et cloîtré ; yâ hassértéhhh ! Il ne s'agit en fait pour lui que de ramener le Sain Libanais aux anciennes conditions d’avant sa Fabuleuse Cédraie. Il espère toujours ! "C’est Ici qu’est la Rose, c’est Ici qu’il faut Danser".

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    10 h 04, le 17 novembre 2012

  • M. Makhoul, pourquoi Sayyed Hassan Nasrallah serait-il responsable de tous les maux de la terre? L'electricite, c'est H.N., l'eau c'est H.N., la guerre au Tombouctou c'est H.N.!!! Votre article manque de discernement...

    Michele Aoun

    07 h 45, le 17 novembre 2012

  • Envoyer des Fajr ou autres petits Zelzal contre Israël est en effet une vraie folie. Tout le Liban et la communauté chiite en particulier ne pardonneront pas cette fois la destruction du pays pour un Hassan Nasrallah super egoiste . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    06 h 55, le 17 novembre 2012

  • C'est fou comme Ziad peut donner à H.N des pouvoirs surnaturels ! son article est détourné d'une demande qu'il pourrait faire à UN gouvernement, serait il celui de "ses préférés" du 14 mars, ou bien à celui ci qu'il serait en droit de critiquer en 1er chef. Mais Mr Ziad Makhoul, ce que vous reprochez à H.N en miniature est ce que H.N essaye d'expliquer en grand écran sur la barbarie israélienne, que vous admettez, mais qu'on ne vous voit pas critiquer avec autant de véhemence. Est ce parce que vous ne trouvez pas les mots ? ou plutot parce que votre analyse est tellement parasitée par un homme que vous citez moult fois en omettant de dire qu'il a toujours son aura, au moins sur une garnde partie de la popuplation, celle justement qui a été massacrée 20 ans durant et libérée par sa bravoure ET son intelligence.Allez un peu d'effort et je suis sûr qu'un jour vous y parviendrai, vous avez le bagout pour ça.

    Jaber Kamel

    04 h 34, le 17 novembre 2012

  • Mais bien au contraire. 6 ans sans guerre ça vous ramollit une nation. Aux armes citoyens ! Si le Sayed dit que nous devons tous être concernés par cette guerre, c’est qu’il est temps de mobiliser femmes et enfants (ainsi que quelques hommes) et de les envoyer au front avec la clé du paradis autour du cou. L’on doit bien avoir quelque part un double de celle donnée aux gosses Iraniens que l’on envoyait déminer les champs de bataille dans les années 80. J’espère que depuis, Dieu n’a pas changé la serrure.

    Jack Hakim

    03 h 39, le 17 novembre 2012

  • Monsieur Ziad Makhoul bonjour. Superbe ! votre article. Vous ne machez pas vos mots. Vous dîtes si bien les quatre vérités. Que TOUS sachent que le fil de la patience des Libanais, des VRAIS LIBANAIS, contre ceux qui " JOUENT " unilatéralement avec leur sort, leur avenir et l'avenir de leurs familles, est à un doigt de se rompre... Que CEUX qui chantent le Dialogue aillent discuter des Armes et des Assassinats en priorité... Trêve d'hypocrisie ! DIALOGUE, oui ! Mais constructif : ARMES ET ASSASSINATS en PRIORITÉ ! sinon ce ne serait plus un Dialogue, mais un ULTIMATUM... qu'on lance aux autres.

    SAKR LEBNAN

    01 h 03, le 17 novembre 2012

  • La réponse à Nasrallah c'est ce dessin sur la page Facebook de la révolution syrienne, comme relaté dans l'article de L'OLJ sur la Syrie. Deux villes en feu sous les obus tombant du ciel, contemplées par un homme et un enfant. "C'est Gaza ou Damas, papa, demande l'enfant. C'est la même chose, mon petit, répond le père". Le nazi Netanyahu tue les Palestiniens à Gaza. Le tyran fascite de Damas tue les Syriens. 40.000 déjà. Un record du Guinness. Nasrallah envoie ses hommes aider son compagnon suprême d'armes dans les tueries. Par sa guerre criminelle et injustifiable contre Gaza, Netanyahu pense pouvoir aider son plus grand allié objectif des bords du Barada. Il a une grande crainte du changement de son régime. La presse internationale le disait bien hier. En quelque sorte il aide donc notre cher Guide de la République, puisque ses objectifs se croisent bien là avec celui des mollahs d'Iran, donc du Hezbollah. Mais c'est trop tard, ça ne va pas marcher.

    Halim Abou Chacra

    23 h 55, le 16 novembre 2012

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