Mais le blocage de l’autoroute dans les deux sens par ces « amis de l’armée » a quelque peu dévié de son objectif, lorsque les manifestants sont entrés en confrontation avec les soldats, déployés sur les lieux dans une tentative de débloquer la route avec l’appui des Forces de sécurité intérieure. Alors que les agents sécuritaires ont réussi à réouvrir d’abord la voie ouest de l’autoroute, décongestionnant en partie la circulation, les manifestants s’obstinaient à maintenir leur sit-in du côté est (Jounieh-Beyrouth) et exprimaient avec virulence leur mécontentement face aux soldats perplexes. Se muant en altercation verbale, nourrie par la colère des « amis de l’armée », l’affront a atteint son apogée lorsque des militaires ont tenté d’ôter une tente que les manifestants ont dressée à l’entrée de Sarba en direction du Nord. C’est alors que des tirs ont été entendus, déclenchant une ambiance chaotique qui a conduit à une altercation entre les deux bords. Finalement, les forces de l’ordre ont réussi à rouvrir les deux axes routiers et à rétablir un calme précaire, alors que les manifestants se sont résignés, vers 23 heures, après plus de trois heures de sit-in, à décaler leur emplacement vers Batroun, à quelques kilomètres de Sarba en direction du Nord, recourant également au blocage de l’autoroute. Tard en soirée, la route de Tabarja devait être également bloquée au moyen de pneus enflammés.
L’armée « au-dessus des clivages »
Les réactions politiques à l’incident ont varié. Alors que la majorité des parties a exprimé des réserves face au risque d’entraîner l’armée dans l’engrenage politique, le député Ibrahim Kanaan, du bloc du Changement et de la Réforme, a été le seul à soutenir absolument la contestation des parents des soldats arrêtés. « Ce dont nous témoignons aujourd’hui est un cri des partisans de l’armée face au massacre de cette institution par les discours et la politique de distanciation », a-t-il affirmé. Tout en rappelant « la nécessité de se conformer à la justice », il a stigmatisé « les atteintes insupportables aux droits des citoyens et à l’institution militaire ».
De son côté, le ministre de l’Intérieur Marwan Charble s’est montré catégorique. « La défense de l’armée se fait par le biais de la justice, et non par le blocage des routes », a-t-il martelé. Selon le député Khaled Daher, membre du bloc du Futur, la dimension étroitement politique du sit-in serait saillante. « Le blocage de l’autoroute de Sarba s’est produit à l’incitation du courant aouniste, du Hezbollah et du commandant des troupes héliportées de l’armée, l’officier Georges Nader. » Des sources militaires citées par la LBC ont veillé toutefois à nier toute relation de l’armée avec le blocage de la route de Sarba, démentant ainsi explicitement les propos du député. Commentant enfin l’incident, le député des Forces libanaises Antoine Zahra a mis l’accent sur « la nécessité de garder l’armée au-dessus des clivages ». Il a mis en garde contre « la tentative d’insinuer l’existence d’une division interlibanaise quant au soutien de l’institution militaire, alors qu’en réalité tous les Libanais veulent une armée forte ».
commentaires (4)
Je me demande si ces fous de l'armée « à Temps partiel » auraient eu les mêmes sentiments pour le capitaine Samer Hanna. De même pour les policiers qui se sont faits humiliés à plusieurs reprises dans la Banlieue Sud. Si le soldat est indiscipliné et commet une erreur, la justice doit être faite et doit y payer le prix, malheureusement. Ça ne veut pas dire que nous sommes contre l'armée en général. Après tout ce que l'armée a subit (voir les remarques de M. Abou Chakra) la justice a été fait ? non. pourquoi ? parce qu'il y a une 1ère classe et une 2ème classe. Ça finit pas avoir une désobéissance civile, mais personne ne voulait nous écouter. Dawleh mtrété
Élie Khoueiry
11 h 17, le 17 juillet 2012