Joumblatt descend en flèche la « légende mensongère » de Hafez el-Assad

Le leader du PSP, Walid Joumblatt, a poursuivi hier, comme il l’avait annoncé, son entreprise de démystification du régime syrien, descendant en flèche la « légende mensongère » de l’ancien président Hafez el-Assad, dont la présence au pouvoir a été « une tragédie » pour des dizaines de milliers de personnes. Par la même occasion, M. Joumblatt a réaffirmé, mais plus explicitement que jamais, que ce régime a fait assassiner son père, Kamal.

« Cette année, nous commémorons en même temps l’assassinat de Kamal Joumblatt (16 mars 1977) et le déclenchement de la révolution en Syrie. Ce n’est pas l’effet d’un pur hasard », écrit M. Joumblatt dans son intervention hebdomadaire à l’organe de son parti, al-Anba’.

« Tous les principes auxquels croyait Kamal Joumblatt et pour lesquels il est tombé en martyr, voici que le peuple syrien les réclame aujourd’hui pour en finir avec la répression et la dictature. Le peuple syrien a enfin brisé la barrière de la peur que Kamal Joumblatt ignorait lorsqu’il dénonçait “la grande prison arabe ” », ajoute-t-il.

Et de poursuivre : « Il y a plus de 35 ans, Kamal Joumblatt s’était opposé à l’entrée militaire de la Syrie au Liban. Celle-ci avait reçu un mandat américano-arabe pour anéantir la gauche libanaise et porter un coup au pluralisme et à la démocratie. Il défendait la décision nationale libanaise indépendante et la nécessité d’une entente entre Libanais pour empêcher tout glissement du Liban vers la violence. »

« Le régime syrien a mis alors en œuvre sa décision de liquider la gauche en assassinant Kamal Joumblatt et d’autres personnalités nationales. Puis il a parachevé son plan en mettant progressivement la main sur tous les rouages de l’État libanais et en confisquant sa décision nationale indépendante », a souligné Walid Joumblatt.

« Kamal Joumblatt s’était aussi opposé à la théorie (de l’alliance) des minorités. Cette théorie a été mise en œuvre par le régime syrien pour asseoir le pouvoir familial en Syrie durant des décennies. Sous son couvert, il a liquidé tous ses adversaires politiques à l’intérieur et jeté en prison des dizaines de milliers d’intellectuels, de journalistes, de militants et de citoyens, y compris des alaouites, afin d’imposer son pouvoir absolu », écrit-il.

« Le temps est venu d’en finir avec cette légende mensongère selon laquelle Hafez el-Assad était un chef exaltant, alors qu’en réalité, sa présence au pouvoir a été une tragédie pour des dizaines de milliers de Syriens, de Libanais et de Palestiniens », souligne-t-il.

Pour M. Joumblatt, la théorie syrienne de l’alliance des minorités « a rejoint objectivement la théorie minoritaire sioniste qui, elle aussi, a nié l’existence du peuple palestinien et ses droits légitimes. L’histoire démontrera que les affrontements (syro-israéliens) qui ont eu lieu sur le territoire libanais ne se produisaient que lorsque l’Israélien ou le Syrien dépassait les lignes rouges précédemment convenues entre eux ».

Par ailleurs, dans une interview à la chaîne France 24, le chef du PSP a également évoqué cette collusion syro-israélienne qui s’est traduite par « un calme total sur le Golan depuis 1973 et par de miniguerres uniquement sur le sol libanais ».

Critiquant certaines puissances mondiales qui ne font rien pour que le régime syrien s’en aille « parce qu’elles se sont habituées à lui », M. Joumblatt a, pour la première fois, évoqué la nécessité d’armer le peuple syrien face au régime.