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Lifestyle - Société

La version lettone du sauna, un rituel ancestral quasi religieux

Le cérémonial du « pirts », qui remonte à l’époque païenne, peut durer au moins trois heures, parfois le double.

Branchages, pierres chaudes, chants rythmiques, clochettes, huiles parfumées,... font partie du rituel, avant un plongeon dans la neige ou l’eau glacée.  Ilmars Znotins/AFP

Se rouler tout nu dans la neige par une température de moins dix degrés Celsius en ferait hésiter plus d’un. Mais il faut en passer par là pour pénétrer le mystère du « pirts », la version lettone du sauna, hammam, thermes romains et autres « sweat lodge » des Indiens d’Amérique. Pour Juris Batna, le propriétaire du Lielzemenes, un complexe situé à une cinquantaine de km au sud de la capitale Riga, on ne badine pas avec le cérémonial du pirts. « Le pirts, c’est vraiment le temple letton, sans exagérer », affirme ce quinquagénaire, un ancien psychothérapeute qui se consacre à plein temps à sa passion. « Bien avant l’arrivée de la chrétienté en Lettonie avec les croisés des peuples germaniques, les pirts étaient notre Église », ajoute-t-il, évoquant cette période païenne d’avant l’évangélisation de la Lettonie au XIIIe siècle. Vus de l’extérieur, les pirts lettons – de jolies petites cabanes en rondins chauffées par des poêles à bois – ne diffèrent pas sensiblement des saunas ou des hammams, ce sont de petites pièces où règne une température élevée. « Mais la grande différence est ce qu’on y fait à l’intérieur. Nous appelons cela un rituel », explique Juris Batna.
Tout commence comme dans un sauna classique, mais rapidement, on bascule dans une expérience sensorielle d’une autre dimension quand Juris et sa femme Aelita entrent en action pour brosser leurs patients avec des assemblages de branchages, ressemblant aux balais de sorcière des contes de fées. Alors que la température monte, pierres chaudes, symboles de bois et de laine, chants rythmiques, clochettes, huiles parfumées interviennent progressivement dans ce rituel, mélange parfois déconcertant de sensations, d’odeurs, de sons et... de sueur. Une cérémonie complète, bien menée, dure au moins trois heures, parfois le double, et utilise plus d’une douzaine de fagots composés d’espèces végétales différentes, souligne Juris Batna. La touche finale, au moment où vous pensez que votre corps a atteint le point de fusion, est de plonger dans l’eau glacée ou de se rouler dans la neige. Mais avant de sortir dans le froid glacial pour cette dernière épreuve censée précéder le nirvana, Juris fait une pause. « C’est le moment
ou certaines personnes ont – comment appelle-t-on cela ? – ah oui, une expérience de mort imminente ! », dit-il en souriant.
Le centre de Lielzemenes est un lieu qui attire de nombreux historiens et passionnés du folklore letton. « Il existe plus de 300 chansons populaires folkloriques – les “dainas” – sur le thème des pirts qui ont toujours été le lieu où célébrer les événements les plus importants de la vie », explique Juris qui enseigne l’art du pirts à de nombreux adeptes. « Les Lettons naissaient dans les pirts, et à la fin de leur vie, c’est là qu’on les ramenait avant de les enterrer », ajoute-t-il. Juris et sa femme s’efforcent de faire revivre tous les rituels marquant les différentes étapes de la vie dans les pirts. Juste avant leur mariage, les femmes s’y rendent pour se préparer à leur nouvelle vie ou, après avoir accouché, avec leurs nouveau-nés.
Un autre rite, presque oublié, concerne le passage à l’âge adulte pour les garçons. « Le pirts est peut-être la seule chose qui n’ait pas changé tout au long de notre histoire depuis des milliers d’années. Il a survécu aux périodes d’occupation, aux guerres, aux déportations. Même pendant la période soviétique, alors que le banya (sauna russe traditionnel) était très populaire, vous pouviez toujours apercevoir un pirts letton derrière chaque petite ferme », assure Juris. Dans cette ex-république soviétique de 2 millions d’habitants qui a rejoint l’Union européenne en 2004, le pirts est un must pour beaucoup. « C’est important de ne pas oublier notre culture. Beaucoup de gens qui viennent me voir ont déjà construit un pirts chez eux, mais ils ne savent pas très bien comment l’utiliser. En général, dès qu’ils commencent à apprendre, ils ne peuvent plus s’arrêter », assure-t-il.
(Source : AFP)
Se rouler tout nu dans la neige par une température de moins dix degrés Celsius en ferait hésiter plus d’un. Mais il faut en passer par là pour pénétrer le mystère du « pirts », la version lettone du sauna, hammam, thermes romains et autres « sweat lodge » des Indiens d’Amérique. Pour Juris Batna, le propriétaire du Lielzemenes, un complexe situé à une...

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