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Lifestyle - Insolite

Berlin, terrain de jeu des « crossgolfers »

Créé en Allemagne dans les années 1990, un « green » version underground et décoincée prospère et connaît un succès planétaire grandissant.

Sven, 37 ans, cigarette à la bouche, frappe de toutes ses forces pour envoyer sa balle sur un toit. Mais il rate son swing, parvenant juste à faire voler le petit bout de pelouse synthétique sur lequel chacun pose sa balle pour jouer. Johannes Eisele/AFP

Une brasserie industrielle abandonnée, des murs de briques tagués aux vitres brisées, le décor n’a rien d’un parcours de golf, mais c’est le terrain de jeu des « crossgolfers » berlinois, adeptes d’une version plus underground et moins « coincée » du jeu. Le club négligemment posé sur l’épaule, ils sont six, sweat à capuche, tee-shirt et jeans, à arpenter le décor délabré où était produite la bière Bärenquell, dans le quartier de Treptow (ex-Berlin-Est). Devant un hangar surmonté de l’écriteau « Interdit à toute personne non autorisée », un claquement sec résonne : la partie a commencé.
« Je joue deux à trois fois par semaine », raconte Stephan, un infirmier de 26 ans. « Ici, c’est l’un des meilleurs lieux qu’on peut trouver pour pratiquer, c’est vraiment le pied », dit-il alors que la seule fille du groupe, Eve, 28 ans, regarde, souriante, ses copains frapper la balle, assise dans un fauteuil défoncé. Le concept du « crossgolf » se résume facilement : pourquoi se limiter aux seuls parcours prévus à cet effet alors que l’on peut jouer librement dans la nature ou en ville ? Ici, pas de trou, mais des cibles dont on cherche à se rapprocher avec une technique pas toujours estampillée Tiger Woods. « Elle est où la Trabant ? » crie Sven, depuis un toit. En contrebas, une carcasse de la voiture symbole de l’ex-RDA sert de deuxième trou pour ce parcours d’un jour.
Personne ne sait quand précisément ce « sport » est né, mais les sites spécialisés s’accordent sur un point : ce sont les Allemands qui ont inventé dans les années 1990 le « crossgolf », également appelé « streetgolf », « urbangolf » ou encore par certains médias « anarchogolf ». Depuis sa création, l’engouement ne s’est pas démenti et le « crossgolf » connaît un succès planétaire. Des « crews » se sont montés dans toute l’Europe, aux États-Unis et jusqu’en Nouvelle-Zélande. En Allemagne, les tournois, aux noms souvent potaches comme le « Bratwurst Open » (l’open de la saucisse grillée) en Bavière, sont légion. Berlin n’a pas encore le sien, mais ses friches industrielles et ses grands espaces libres en plein cœur de la ville offrent un terrain de jeu favorable.

La sécurité prime
La seule règle qui s’impose est simple : « la sécurité d’abord », résume Stephan. « On joue donc avec des balles en mousse synthétique. Avec ça, aucun risque de blesser quelqu’un ou de détruire quelque chose. » « Des gens qui utilisent de vraies balles, il y en a, mais ils ne font pas partie de notre groupe. Il y a toujours des moutons noirs », regrette-t-il. Ensuite, chaque groupe de crossgolfers définit ses propres lois, le nombre de coups autorisés par joueur, les objectifs à atteindre, etc.
« Sur un vrai parcours de golf, il est question d’étiquette, de beaucoup de règles, quelque chose de très snob, de très élitiste », regrette Eve, originaire de Hanovre et qui pratique depuis 2010. « Là, c’est moins coincé, tout le monde peut jouer, partout où c’est possible, c’est pour tous ceux qui ont du temps et l’envie. » À côté d’elle, Sven, 37 ans, casquette gavroche et clope à la bouche, frappe de toutes ses forces pour envoyer sa balle sur un toit. Il rate, parvenant juste à faire voler le petit bout de pelouse synthétique sur lequel chacun pose sa balle pour jouer. « C’est ch... quand on frappe le gazon », rigole-t-il.
Le petit groupe a déjà joué près du Reichstag, au centre de Berlin, entre le parc du Tiergarten et les stations de métro, mais aussi dans une fabrique textile elle aussi abandonnée, à quelques kilomètres de la brasserie, ou encore... « dans une piscine désaffectée », se souvient Stephan. D’autres lieux sont à l’étude : par exemple, un ancien et gigantesque hôpital militaire soviétique, à quelques kilomètres au sud-ouest de la capitale allemande, ou le Teufelsberg (la colline du Diable) où se trouve une ancienne station américaine d’écoutes, vestige de la guerre froide.
Stephan et ses amis jouent depuis plus de deux heures. Combien de temps dure une partie ? « Tant qu’on veut, jusqu’à la nuit ou quand on en a marre », répond Stephan, entre deux gorgées de bière.

(Source : AFP)
Une brasserie industrielle abandonnée, des murs de briques tagués aux vitres brisées, le décor n’a rien d’un parcours de golf, mais c’est le terrain de jeu des « crossgolfers » berlinois, adeptes d’une version plus underground et moins « coincée » du jeu. Le club négligemment posé sur l’épaule, ils sont six, sweat à capuche, tee-shirt et jeans, à arpenter le...

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