Rechercher
Rechercher

Culture - Festival al-Bustan - Concert

Le « MoZuluArt » ? Une « fusion enchantée » !

Avec « Mozart in Africa », une fusion improbable et cependant parfaitement réussie de musique classique et de chants zoulous, l’auditorium Émile Boustani s’est transformé, le temps d’une soirée au cours du week-end, en bulle jubilatoire. Et, en fin de concert, en piste de danse !

C’est plus une prestation de «show men» qu’un véritable concert de musique mozartienne qu’ont applaudie ce soir-là les festivaliers. Photo DR

Certes, le MoZuluArt se présentait comme un «concert inédit». Mais il l’a été aussi bien sur scène que dans la salle, où de mémoire de festivalier on a rarement vu cet auditoire-là danser!
Sauf qu’avant d’arriver à faire bouger le public, il a fallu que le trio de chanteurs zimbabwéens mette toute son énergie communicative et son humour solaire en jeu!
En fait, c’est plus une prestation de «show men» qu’un véritable concert de musique mozartienne qu’ont applaudie ce soir-là les festivaliers du Bustan. Même si les mélomanes avertis parmi eux ont également apprécié la qualité de l’interprétation du quatuor à cordes de l’Orchestre symphonique de Vienne qui accompagnait Roland Guggenbichler, le talentueux pianiste, dans le volet classique de cette performance de fusion musicale.
Côté voix et percussions traditionnelles africaines: Vusa Mkhaya Ndlovu, Blessings Nqo Nkomo et Ramadu (chanteur et batteur de jembé), trois sympathiques compères aux voix souples, amples et chaudement mélodieuses. Et à l’accoutrement vestimentaire très «old school bariolé» (chemises à carreaux, cravates à motifs psychédéliques et, vissés sur le crâne, béret, casquette ou melon), qui tranche avec la sobriété de la tenue noire et blanche des musiciens classiques.
Le ton du spectacle est donné. Dès les premières notes et vocalises, c’est le chant qui affirme sa présence, hisse ses couleurs et se place au premier plan. Et en même temps ce chant africain traditionnel si puissant s’adoucit pour épouser la cristalline finesse des sonates, rondos et arias de Mozart.
Sur scène donc, deux violons, un alto, un violoncelle et un piano à queue vont entremêler les notes gracieuses et délicates du répertoire de Mozart aux chants rythmés de tambourinements venus des tréfonds de l’Afrique.
Et entre ces deux genres, entre ces deux formes si différentes de culture musicale, l’osmose a lieu. La musique est un langage universel qui établit des passerelles entre les univers les plus éloignés. Celles qu’ont «habilement construites» les MoZuluArt pour rapprocher la plus haute forme de la tradition classique occidentale à celle d’une autre tradition, africaine et zouloue, se révèlent agréables à emprunter. C’est que le groupe a pris soin de fondre les deux styles «de manière à ce que les rythmes et les chants d’origine restent présents sans être dénaturés», indique-il sur son site.

Mozart zoulou et «Le Roi Lion»
Tour à tour allègres et enjoués, ou mélodieusement berçants et à la douceur d’une prière, les extraits de compositions de Mozart – dont le fameux aria de Sarastro de la Flûte enchantée traduit en langage zoulou – restent parfaitement perceptibles, même retranchés en arrière-plan.
Et les traditions vocales africaines, ces bruits de bouche et autres claquements de langue avec lesquels les chanteurs scandent le rythme, s’insèrent en toute harmonie dans les coulis de violons et les fluides notes au piano des mélodies classiques.
Et puis il y a cette chorégraphie simple, spontanée et typiquement africaine, faite de battements de pieds au sol, de claquements de doigts, de balancements du corps... Qui, avec les invitations répétées des chanteurs au public à les accompagner, enrobées d’un brin d’humour (Ramadu fait intervenir sa grand-mère et évoque son admiration pour «la spontanéité» des chauffards libanais) et d’un zeste de dérision («Are you dead?», lance l’un d’eux à l’auditoire jusque-là compassé) vont enfin animer la salle, en deuxième partie. Celle-ci commence par battre la mesure du Bheka Kimi, une sorte de gospel rythmé et groovy à souhait, inspiré du Rondo D-dur de Mozart. Puis elle va reprendre, à la suite de Vusa, le refrain du... Roi Lion, avant de se laisser hypnotiser par la sublime évocation en récitation, chant, bruitages, du train qui traverse le continent africain avec à son bord les mineurs partis loin de leurs familles en quête d’or.
Là, totalement immergé dans la tradition africaine du conte, à mille lieux de la musique de chambre du XVIIIe siècle européen, le public se laisse envoûter pour se lâcher ensuite totalement sur une Zumba finale. Debout, se déhanchant, chantant, battant la mesure, applaudissant, sifflant même dans un délire jamais vu au très chic Festival al-Bustan.
C’était en somme une soirée de «fusion enchantée». Que l’âme espiègle du compositeur autrichien n’aurait sans doute pas désavouée...
Certes, le MoZuluArt se présentait comme un «concert inédit». Mais il l’a été aussi bien sur scène que dans la salle, où de mémoire de festivalier on a rarement vu cet auditoire-là danser! Sauf qu’avant d’arriver à faire bouger le public, il a fallu que le trio de chanteurs zimbabwéens mette toute son énergie communicative et son humour solaire en jeu! En fait,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut