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Culture - Installation

Les oiseaux de Dar Onboz ont fait leur nid au BAC

Nadine Touma, Sivine Ariss et Hiba Farran ont installé une volière sans barreaux au Beirut Art Center. Un espace d’où s’envolent des centaines d’oiseaux qui, en gazouillant, évoquent la liberté et l’identité culturelle libanaise. Jusqu’au 6 avril.

Comment l’oiseau fait son nid.

C’est un univers particulier que celui de Dar Onboz, un univers à la fois lointain et familier. Sans nostalgie aucune ni un quelconque romantisme passif, Nadine Touma, Sivine Ariss et Hiba Farran ont recréé un monde volatile, léger, mais évocateur d’une dure réalité. Déclinant en plusieurs volets l’oiseau qui est au centre de «Teer ya teyr» (Fly Bird Fly), cette exposition thématique et pédagogique nous interpelle. Elle nous parle de ce monde que les Libanais ont tous côtoyé d’une manière ou d’une autre et qui tend aujourd’hui à disparaître.

Tactile, visuel et sensoriel
Au sol, des carreaux aux motifs d’oiseaux, grand format, conçus par la jeune Hiba Farran, qui collabore à plusieurs projets de Dar Onboz, et qui rappellent les maisons anciennes de nos grands-mères. Du plafond sont suspendus des origamis comme des mobiles de bébés, qui voltigent au gré du vent. Sur les murs, il y a bien sûr la poule madame Coco qui accueille à l’entrée avec ses comptines compilées par Najla Jreissati Khoury. Mais il y a également un praxinoscope, un hommage à un ornithologue anglais, des tampons et même un timbre (de cents livres) à l’effigie de l’oiseau qui sera imprimé en mars. On peut voir aussi des moineaux sur des fils électriques ou des hirondelles qui s’envolent vers d’autres cieux plus cléments, qu’on pourrait recoller sur nos murs, ainsi que les canevas revisités avec des dessins d’oiseaux qui évoquent aussi des parfums du temps passé.


Le travail qui a nécessité deux ans d’élaboration ne s’arrête pas là. Dans une verrière, la famille des volatiles qui vivent sous le ciel libanais est alignée sous forme de coussins. À côté, un théâtre d’ombres où chacun peut manipuler la marionnette qu’il veut et, au fond, un grand écran sur lequel sont reconstituées des histoires contées les mercredis et les samedis après-midi par Nadine Touma, la musique étant interprétée par Sivine Ariss. Le tout est un monde poétique qui contraste avec un autre plus puissant, plus réaliste, lové à l’intérieur d’un espace où sont accrochés deux grands panneaux sur lesquels sont peints les mondes animalier et humain. D’une part, comment l’oiseau construit son nid et, de l’autre, comment l’homme construit son habitat. Comme sur un canevas (aquarelle et collage) où se tressent et s’imbriquent les couleurs, se tissent les aventures humaine et volatile.

Une vision...
C’est là que tout le projet de Dar Onboz prend sa dimension. Comme un cocon, il se transformera bientôt en chrysalide. Un jeu de boîtes à la manière des poupées russes et des affiches expliquent le reste de la démarche. «Les oiseaux sont une espèce qui a une intelligence incroyable quant à son habitat, avoue Nadine Touma, ce que l’homme a d’ailleurs perdu au fil du temps.» Je suis la soif, je suis la terre...disent les affiches. C’est en observant ces deux travaux que l’homme réalise qu’il fait face à un choix quant à sa planète, à son environnement. Ici, tout parle de diversité, d’émigration, de voyage, mais aussi de gestes au quotidien qu’on peut faire pour rendre notre «habitat» plus sain.


«Dar Onboz n’est pas uniquement une maison d’édition, dit Nadine Touma, c’est une philosophie de vie.» «Quand nous avons entrepris ce projet, poursuit-elle, nous avons démarré sur trois pistes distinctes.» C’était certainement l’amour des oiseaux qui était l’initiateur de la démarche – notre nom n’est-il pas assez explicite? – semble-t-elle dire. Mais par ailleurs, il fallait également montrer notre pays en tant que plaque tournante pour les oiseaux (ce qu’on est d’ailleurs en train de perdre, puisque plus d’une cinquantaine d’espèces n’existent plus). Enfin, il s’agissait de présenter tous ces artisans, ces dessinateurs, ces musiciens ou poètes qui collaborent à faire grandir la famille Dar Onboz. Touma avoue encore ne pas vouloir succomber au monde digital, «c’est notre choix», précise-t-elle. Pour cela, toute cette démarche artistique n’a pu se faire que par les moyens que Dar Onboz connaît le mieux.
Poétique, tactile et visuelle, «Fly Bird Fly» (Teer ya teyr) lâche les oiseaux, raconte des histoires d’antan et évoque le patrimoine. «Quel est notre secret, nous les Libanais, conclut Nadine Touma, à vouloir toujours occulter la richesse de notre pays? Dar Onboz a choisi la politique inverse. » Elle travaille dans la transmission et les oiseaux en sont les parfaits facteurs.

 

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