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Culture - Rencontre

Contours d’une esquisse de Mohammad Khadra

Trente et un ans et des voyages à faire pâlir Marco Polo. Mohammad Khadra, entre design pour prêt-à-porter féminin et ligne d’accessoires d’embellissement pour hommes, n’en rêve pas moins de scène, de danse et d’écriture.

Mohammad Khadra, un bourlingueur en quête de lui-même.Photo Hassan Assal

Rencontre avec un « joker » de l’art pour brosser les contours d’une esquisse. Esquisse pour un styliste à tendance et caractère « scientifiques ».
Le teint basané, le crâne totalement rasé, le t-shirt gris avec col V, la chaînette fine d’argent à double rangée autour du cou, les yeux pétillants d’un Maure en quête de Desdémone, Mohammad Khadra est de ces jeunes hommes (« très oriental », souligne-t-il) dans le vent. Jeune homme en quête de lui-même et de son art.
Art multiple : ses ateliers se nomment « Mok », sans doute un jumelage arborant les initiales de son prénom et son nom de famille. Entre défilés de mode et présentations d’accessoires de bijoux pour hommes, sa quête du beau, du fonctionnel, de la séduction, du frivole ou d’une élégance bien contemporaine n’en est pas pour autant assouvie ou assagie. Tout comme les nombreux voyages qui ont rempli et ponctué son enfance.
Aujourd’hui, à son actif, entre Paris, Dubaï, Abou Dhabi, Dusseldorf et Beyrouth, plus de douze événements pour promouvoir sa griffe.
Pour cet enfant originaire de Tyr, mais né à Bhamdoun, remontée dans le temps où dès quinze ans il découvre, à travers un paysage parfois lunaire, les tours portugaises des terres de quartz mauve d’Oman. De Mascate où il séjourne un bon moment, il bourlingue vers Hong-Kong en obtenant une bourse à United World College (parrainé par Mandela et la reine Nour). Il transite ensuite par Madrid avec un coup de foudre pour le flamenco (en voyant de loin Joaquin Cortes) et finit à Warrick à Londres, avant de retourner, le temps d’un semestre, à la LAU à Beyrouth. Et il s’élance à nouveau vers Amsterdam pour une formation de styliste entre sketch et histoire de la mode, ciseaux et machine à coudre et à découdre...
Entre tâtonnements (le théâtre, où il joue sur les planches beyrouthines, entre autres, La métamorphose de Kafka mise en scène par Abir Abi Yafi et le musical West Side Story, reste pour lui une expérience marquante) et recherche pour nourrir son inspiration et sa vie professionnelle, la quête pour se retrouver est bien agitée. Et, tout d’un coup, cet acteur en herbe qui rêve d’interpréter du Oscar Wilde (The importance of being earnest) et qui a dirigé sur scène des enfants de Bombay se penche sur le design et plonge en toute ivresse et ravissement, depuis son premier cours, dans le monde de la fashion.
« J’aime les textiles, le toucher des tissus, le tombé et retombé des étoffes, dit Mohammad Khadra. J’aime les choses douces qui restent élégantes et classiques. J’ai été un peu influencé par mon père qui apprécie la mode, aussi bien féminine que masculine. Je suis pour un design qui s’inscrit dans un courant à la ligne “commerciale”. Je peux être un artiste dans ma vie quotidienne, mais en fait je demeure très scientifique. Je ne dessine pas un sketch quand j’ai simplement une idée, mais plutôt après de longues recherches... »
Pour ce féru de la musique arabe (Oum Kalsoum et Elissa qu’il pourrait écouter « pour longtemps » !), ce lecteur par bouffées (il sort de son sac un roman des pays arabes), cet amoureux du sentiment d’amour (« être amoureux est la meilleure chose dans la vie », dit-il), cet esprit touché par un certain mysticisme après avoir infusé dans la lamaserie d’un monastère bouddhique, cet admirateur (selon les périodes) de Givenchy, Lanvin, Watanabi, McQueen, Westwood (les années 80) ou Mamamoto (les années 90), les bijoux pour hommes sont aujourd’hui un horizon neuf et s’inscrivent parfaitement dans le trend du temps.
Pour cela et pour « Houwa » (Lui), en présentoirs raffinés, déjà plusieurs objets d’embellissement masculin d’une délicatesse exquise, presque à contre-emploi... Des accessoires déclinant en toute légèreté et raffinement, boutons de manchettes, bagues, bracelets et chaînettes autour du cou.
« C’est de l’argent noir avec des motifs tirés du monde oriental , mais aussi des formes géométriques combinées, au métal lissé ou imperceptiblement martelé, explique Khadra. Si mes références en ce domaine sont Chris van Ache ou Raf Simons, cela ne veut pas dire que je porte forcément leurs accessoires. J’aime seulement leur vision créative. Quant à moi, je suis très basique... »
Pour le mois prochain, Mohammad Khadra, qui aime tâter aussi de l’écriture en griffonnant des bouts de paragraphes quand l’envie lui en prend, prépare un événement au SkyBar pour lever des fonds pour venir en aide aux personnes atteintes du sida. Créativité de mode et de bijoux au titre flamboyant : « Colored ». Couleur rouge ou coloré en rouge, tel est l’appel de Mohammad Khadra à une humanité et une société plus secourables et moins « racistes », « car, dit-il, il ne faut pas avoir honte de parler d’un virus fatal et qu’on a tendance ici à minimiser, occulter ou ignorer... ».
Dans un ton plus joyeusement et franchement rose est le lancement de sa ligne pour fillettes de 4 à 14 ans. Ainsi, le dé d’or et d’argent de Mok s’enrichit d’une nouvelle branche qui comblera le désir de confort et de coquetterie des petites filles, sages ou turbulentes, peu importe, de la Comtesse de Ségur ou d’Enid Blyton, version levantine bien entendu...

Khadra anime un atelier de design de costumes de scène les 4 et 11 septembre, au Madina, dans le cadre du festival Mishkal. Pour plus d’informations, appeler le 70-727175.
Rencontre avec un « joker » de l’art pour brosser les contours d’une esquisse. Esquisse pour un styliste à tendance et caractère « scientifiques ».Le teint basané, le crâne totalement rasé, le t-shirt gris avec col V, la chaînette fine d’argent à double rangée autour du cou, les yeux pétillants d’un Maure en quête de Desdémone, Mohammad Khadra est de ces...

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