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Culture - Festival Bipod

Panoplie de la séduction masculine avec les Ballet Boyz

Sept garçons dans le vent pour un « boys band » de la danse contemporaine. Ils déploient en toute convaincante autorité et grâce toute la panoplie de la séduction masculine sur les planches d’al-Madina. Si le spectacle des « Ballet Boyz » s’appelle « Le talent », c’est qu’ils en ont, plein le corps et la vue. Et à en revendre...

Les hommes dansent à part entière, bravent tous les tabous et revendiquent en toute virilité leur part dans une créativité «musclée».

Trois séquences, alternant mouvement d’ensemble et duo, poésie et modernité, index tendu et expressivité de tous les muscles pour ces garçons venus de la Blonde Albion et parrainés par le British Council de Beyrouth.
Cheveux courts, aisselles rasées, pieds nus, tatouages sur les épaules ou l’échancrure de l’aine, chevilles nerveuses, musculature tout en finesse, fesses rebondies, jambes cavalières, peau laiteuse pour des torses glabres, les garçons, d’une étonnante maturité de danse, investissent une scène littéralement nue sous le feu des projecteurs. Ils la remplissent d’emblée de lumière, de légèreté, de vitalité, de pirouettes, d’une réconfortante masculinité et d’émérites gestes de gymnastes, adroits et virtuoses.
Ouverture avec Torsion du chorégraphe Russell Maliphante. Torsion aux normes convenues et contorsions tout en bravoure d’un sextuor de danseurs en bleu gitane de jean stretch moulant et chemisette sans manche dégageant des bras de bateliers. Brillante farandole entre mecs, aux pas synchronisés, qui ne laisse de place ni au machisme ni à la mièvrerie. Sur fond d’une musique entre tonalité de synthétiseur cadencé et fuyantes mélodies qui pointent le nez pour vite disparaître, voilà un ballet aux mouvements aériens et presque tendres où l’expression de danse contemporaine, subtil mélange de métissages et d’équilibre, a des accents d’absolue liberté. Une liberté sans provocation ni forfanterie, nantie de force vive et d’un tempérament de gladiateur moderne...
Plus «béjartienne» dans ses rondeurs et son érotisme un peu évanescent est cette «Alpha» de Paul Roberts où «cherwal», chausses à lanières cordelées et chemises en soie ouvertes sur des torses nus donnent une vaporeuse et vague atmosphère d’exotisme. Exotisme entre Asie et le continent chaud, tout en teintes néo-impressionnistes, soutenu par la nostalgique musique, si prenante et si proche de la pointe du cœur, de Keaton Henson. Images d’une douceur infinie avec des corps qui jouent à défier équilibre et pesanteur tout en s’enroulant les uns sur les autres avec l’aisance et la souplesse d’une gourmette qui s’entortille autour d’un poignet ou d’une chaînette autour du cou...
Pour finir, après un petit entracte de dix minutes, retrouvailles sur l’aire d’une gare lointaine et un peu perdue, projetée sur un méga-écran obstruant le fond de la scène. Entre immeubles sinistres et brumes londoniennes, émerge un clan de banlieusards combatifs, aux luttes un peu à la West Side Story.
C’est l’univers tout en grisaille de Void du chorégraphe Janek Cemerek, où les petits loulous en chasuble à capote se livrent des petites guerres sans merci. Agressivité et brusquerie pour des pugilats qui laissent place à la réconciliation, mais aussi à la plus haute des solitudes urbaines.
Stridence et rythmes incantatoires pour des corps pris dans l’engrenage de la folie moderne. Et ces «Ballet Boyz» le disent et le traduisent avec éclat et brio, soulignant non seulement l’éloquence des corps, mais aussi le vibrant dialogue entre la danse et la musique.
Ils sont bien loin les temps où les hommes se cantonnaient, pour la danse, à faire pilier ou fier à bras, pour les pirouettes et les déhanchements d’une prima donna. Aujourd’hui les hommes dansent à part entière, bravent tous les tabous et revendiquent en toute virilité leur part dans une créativité «musclée» qui est bien plus qu’un aimable divertissement.
Et c’est pour cela, pour leur prodigieux «talent», que le public (une salle comble, pas un seul siège vide) a ovationné les Ballet Boyz, très longuement, à tout rompre.
Trois séquences, alternant mouvement d’ensemble et duo, poésie et modernité, index tendu et expressivité de tous les muscles pour ces garçons venus de la Blonde Albion et parrainés par le British Council de Beyrouth.Cheveux courts, aisselles rasées, pieds nus, tatouages sur les épaules ou l’échancrure de l’aine, chevilles nerveuses, musculature tout en finesse, fesses...

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