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Économie - Tourisme

Vendre Paris aux Japonais, c’est simple comme « bonjour » !

« Il faut absolument Paris dans le titre et une tour Eiffel en couverture » : vendre la France aux Japonais, simple comme « bonjour » pour les éditeurs nippons qui n’en finissent pas de recycler les mêmes images surfaites. Et ça marche !
«Paris », « les Parisiennes », des centaines d’ouvrages en tout genre vantent dans les librairies nippones l’image de la capitale hexagonale et la vie idyllique de ses habitants, pour un public qui en redemande.
Les sites de vente d’ouvrages en ligne référencent près de 3 000 titres comportant le mot « Paris » ou « Parisienne ». « Petits hôtels de Paris », « Marcher à Paris », « Les codes de l’élégance à la mode de Paris », « Chercher des choses mignonnes à Paris », « Tenues bien assorties à la façon de Paris », « Balade dans le Paris gourmand », « Le Paris secret des Parisiennes » ou encore La leçon de la joie de vivre des Parisiennes de Naomi B. Sauvage. Selon elle, « à tout âge, les Parisiennes sont magnifiques ». Certes, Naomi B. Sauvage, Nippone au tempérament solide qui vit depuis des années à Paris, présente la vie française sous son meilleur jour : les fêtes entre copains, les courses au marché, les dimanches à la campagne, les discussions politiques enflammées, les amoureux sur les bancs publics.
Mais elle n’est bien sûr pas dupe de la part de fable dans ces photos de couverture. Toutefois, elle se doit d’entretenir une belle image parisienne pour que ses livres se vendent.
Plus qu’un mythe, la Parisienne est un modèle, l’incarnation parfaite du charisme chic affranchi des contraintes sociales. « Dans 90 % des cas, les Japonais attirés par la belle France sont des filles plutôt jeunes, encore célibataires. Les hommes, eux, sont moins emballés. Quand je dis la France, je devrais dire Paris, avec tout ce que ce nom véhicule : élégance, bien-être, bonne chère, liberté », explique Kazushi Takeuchi, éditeur et créateur de la société Press-Paris, spécialisée dans l’information sur la vie parisienne. « L’image que se font les Japonaises de Paris est comme celle que les Français ont du Japon : truffée de clichés immuables. Cela se transmet de génération en génération, depuis les années 50-60, entre femmes, via les magazines », constate M. Takeuchi.
Quand les touristes japonais ont commencé à sillonner le monde dans les années 1970, Paris était l’une de leurs destinations préférées. Elle l’est toujours.
Le guide thématique est le genre qui se vend encore le mieux, « même s’ils proposent tous grosso modo la même chose : taberu, kau (manger, acheter) », dixit M. Takeuchi.
Comme si la vie parisienne se résumait à flâner à Saint-Germain-des-Prés, paresser aux terrasses des cafés, déambuler sur les Champs-Élysées ou dîner à une table étoilée...
C’est peut-être vrai le temps d’un séjour éclair, comme en effectuent chaque année plus de 500 000 Japonais, mais les jeunes Nippones ont tendance à penser que c’est comme ça toute l’année, et pour toujours.
Francophone et rompue au caractère bien trempé des Français, Naomi B. Sauvage n’a pas cette naïveté, mais de là à l’écrire clairement, c’est difficile, car les éditeurs ne veulent pas scier la branche sur laquelle ils sont assis.
Alors, on fait comme si, ou bien on tourne en dérision. Et là ça passe, comme dans des mangas où l’on montre le « Paris noir », celui du métro sale, des automobilistes en furie, des serveurs râleurs, des resquilleurs. Les lecteurs y voient alors une fiction et choisissent de ne pas y croire, même si c’est la réalité.
Cette vérité, des dizaines de Japonaises finissent par en souffrir, lorsqu’elles passent plus d’un an à Paris. C’est « le choc culturel » qui dégénère en « syndrome de Paris », décrit par le psychiatre Hiroaki Ota, ce mal qui les fait chuter dans un état cyclothymique quand, à la longue, elles comprennent que vivre à Paris c’est d’abord... supporter les Parisiens.
Elles luttent pourtant, par orgueil, car « aussi dur que ça puisse être, c’est Paris ! »
« Il y avait certes plein de choses difficiles, mais aussi beaucoup de bonheurs : les pique-niques en bord de Seine, les nombreuses expositions dans les musées, etc », assure une étudiante qui a séjourné en 2009-2010 à Paris.
Si elles en viennent parfois à un état extrême de fragilité psychologique, ce n’est pas à cause de cette France qu’elles adorent mais des Français, qu’elles finissent par détester, à force de tracasseries administratives, de confrontations avec des prestataires de services « je m’en foutistes », de voisins indifférents ou de solitude. Ce quotidien parisien que les livres ne montrent pas.

(Source AFP)
« Il faut absolument Paris dans le titre et une tour Eiffel en couverture » : vendre la France aux Japonais, simple comme « bonjour » pour les éditeurs nippons qui n’en finissent pas de recycler les mêmes images surfaites. Et ça marche ! «Paris », « les Parisiennes », des centaines d’ouvrages en tout genre vantent dans les librairies nippones l’image de la...

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