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Économie - Zone euro

L’Italie réussit un premier test postélectoral sur les marchés

Consultations politiques en sourdine.

Le favori de Berlin, le Premier ministre sortant Mario Monti, qui a engagé le pays sur la voie de l’austérité, est le grand battu des élections italiennes. Filippo Monteforte/AFP

L’Italie a passé hier son premier test de confiance postélectoral en réussissant une émission obligataire rendue délicate par l’impasse politique née des législatives, pendant que les principales forces en présence se consultaient en sourdine pour trouver une issue.
Le Trésor italien est parvenu à lever 6,5 milliards d’euros à moyen et long terme, soit le maximum prévu, à des taux au plus haut depuis octobre mais en deçà de ce qu’avaient craint les analystes et avec une demande soutenue de la part des investisseurs, prouvant qu’ils restent confiants pour l’instant.
Un pari qui paraissait loin d’être gagné d’avance au vu de la tempête déclenchée mardi par les résultats du vote, qui laissent augurer une longue période d’instabilité politique. Le pays, troisième économie de la zone euro, se retrouve privé de majorité à un moment critique où il est à la fois englué dans la récession, lourdement endetté et en mal de réformes.
L’agence de notation Moody’s a encore alourdi l’atmosphère hier en mettant en garde contre un nouvel abaissement de la note souveraine de l’Italie et contre les possibles « implications » d’une envolée des taux italiens sur d’autres pays de la zone euro, comme le Portugal et l’Espagne. De quoi « potentiellement relancer la crise de la dette dans la zone euro », a mis en garde l’agence.
À la Bourse de Milan, la tendance était à la prudence après le plongeon de la veille (-4,89 %) et l’indice vedette FTSE Mib évoluait légèrement en zone positive à la mi-journée. Passé le premier choc d’un scénario auquel les marchés n’avaient pas voulu croire, « l’incertitude demeure sur les développements politiques possibles », ont souligné les économistes de la banque Intesa Sanpaolo.
Selon les milieux financiers, le temps presse. L’inconnue sur le sort du programme de réformes et le mauvais état de l’économie italienne peuvent constituer un « mélange toxique » aux yeux des investisseurs étrangers, qui risquent d’exiger des rendements plus élevés dans les mois à venir pour les obligations à long terme, a estimé Raj Badiani, analyste de IHS Global Insight.
Or l’Italie doit justement emprunter au moins 420 milliards d’euros cette année, relève-t-il. « Le pays voudra éviter la répétition des pressions qu’il a dû subir fin 2011 quand les taux d’intérêt sur sa dette s’étaient envolés à des niveaux non soutenables et nous pensons que la classe politique italienne, toujours traumatisée, subira une pression considérable pour agir », ajoute-t-il.
En cas d’échec et de forte pression des marchés, l’Italie pourrait être contrainte de recourir au mécanisme de soutien de la Banque centrale européenne (BCE), mais M. Badiani estime que Rome fera de son mieux pour éviter une telle option, d’autant que les électeurs ont démontré qu’ils « ne sont pas prêts à accepter de nouvelles mesures d’austérité ».
Aucune annonce ni aucun rendez-vous entre responsables politiques n’était a priori prévu mercredi, selon la presse italienne qui évoquait une « pause de réflexion » mais aussi des tractations officieuses entre états-majors via des « ambassadeurs ». Une réunion de la direction du PD de Pier Luigi Bersani, dont la coalition de gauche dispose d’une majorité confortable à la Chambre mais insuffisante au Sénat, a été programmée pour mardi prochain.
Le Parlement devra se réunir au plus tard le 15 mars comme le prévoit la Constitution, ce qui laisse un peu de temps pour échafauder une solution.
Mardi soir, M. Bersani a entrouvert la porte au mouvement protestataire de Beppe Grillo, qui s’est adjugé un quart de l’électorat. Excluant toute alliance formelle avec qui que ce soit, l’ex-humoriste a annoncé que son mouvement jugerait « réforme par réforme, loi par loi » de l’opportunité de soutenir le gouvernement.
Mais selon la presse italienne, certains membres du Parti démocrate regrettent que M. Bersani ait exclu d’emblée la possibilité d’une « grande coalition » avec le PDL de Silvio Berlusconi.
Le président Giorgio Napolitano, à qui revient la décision de choisir le chef du gouvernement, actuellement en déplacement en Allemagne, s’est montré mardi « absolument serein ». Tout en reconnaissant que « la situation est extrêmement complexe », il s’est dit « certain que l’Italie surmontera l’épreuve ».
Enfin, Mario Monti devait rencontrer le président de la Commission européenne José Manuel Barroso au sujet du prochain sommet européen et de la situation en Italie.

(Source : AFP)
L’Italie a passé hier son premier test de confiance postélectoral en réussissant une émission obligataire rendue délicate par l’impasse politique née des législatives, pendant que les principales forces en présence se consultaient en sourdine pour trouver une issue.Le Trésor italien est parvenu à lever 6,5 milliards d’euros à moyen et long terme, soit le maximum...

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