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Économie - Analyse

La faiblesse des investissements menace la reprise

Cinq ans après le début de la crise financière, l’investissement privé en Europe, aux États-Unis et au Japon est au point mort, soulignant à la fois l’ampleur de la récession et l’intérêt croissant des investisseurs pour les marchés émergents. Au sein de ces trois régions, aucun autre indicateur économique n’a connu une telle baisse. Or l’investissement est le nerf de la guerre de la croissance, selon une étude publiée par McKinsey Global Institute (MGI).
L’investissement privé en Europe a ainsi chuté de 15 % comparé à 2007. En Irlande, c’est un effondrement, avec un recul de 64 %, rappore MGI, qui fait également état d’une baisse de 27 % en Espagne. « La chute de l’investissement en Europe ne pèse pas uniquement sur la croissance actuelle du PIB, elle menace également les capacités économiques du continent dans le futur », souligne MGI dans son rapport sur la pénurie des investissements en Europe. Selon les calculs de MGI, les investissements dans l’Union européenne – hors dépenses publiques – ont chuté de 350 milliards d’euros entre 2007 et 2011, ce qui représente vingt fois la baisse de la consommation domestique et quatre fois le déclin du PIB.
La frilosité des investisseurs peut s’expliquer par la menace que fait peser le « mur budgétaire » sur la croissance future des États-Unis, l’incertitude quant à l’avenir de la zone euro ou encore la baisse inexorable de la population japonaise. Dans le même temps, cette prudence peut paraître étonnante quand on garde à l’esprit que les entreprises disposent de quantité très importantes de liquidités et que leurs profits sont en forte croissance aussi bien aux États-Unis, en Europe qu’au Japon.

Le « vieux monde » à la traîne
Si certains pays comme la Pologne, l’Allemagne, la Belgique, l’Autriche et la Suisse ont retrouvé leur niveau d’investissement d’avant la crise, l’UE dans son ensemble est à la traîne. Et pour cause, en Espagne et en Grèce les investissements privés n’ont pas progressé depuis 2011. Selon les économistes d’HSBC Stephen King et Madhur Jha, la pression fiscale et la faiblesse de l’économie permettent d’expliquer la baisse des profits des entreprises et par conséquent celle des investissements en Allemagne et en Grande-Bretagne.
Mais ce scénario ne fonctionne pas quand on considère les États-Unis et le Japon. Selon les deux économistes, les entreprises internationales sont désormais plus attirées par des marchés plus dynamiques, particulièrement en Asie, où le rapport investissements sur profits n’a cessé de croître. Si leur hypothèse est vérifiée, cela constitue une nouvelle preuve que le centre de gravité de l’économie mondiale se déplace de l’Occident vers l’Orient. « Comme le “Vieux Monde” doit faire face a de nombreuses incertitudes dans un contexte postcrise, l’économie mondiale connaît une restructuration profonde, ce qui ébranle les règles traditionnelles du jeu économique mondiale », écrivent Stephen King et Madhur Jha dans leur rapport.

Développer des politiques incitatives
Andrew Smither, qui dirige une entreprise de conseil à Londres, considère depuis longtemps que les pouvoirs publics aux États-Unis et en Grande-Bretagne n’incitent pas à investir sur le long terme dans des usines ou de l’outillage car ils sont dépendants du retour sur investissement à court terme des actionnaires. « Dans les deux pays, la culture du bonus fait que le dirigeants sont payés pour maintenir un haut niveau de marges et non pour investir », explique-t-il.
Les contraintes budgétaires auxquelles sont confrontés les États ont relancé le débat sur la façon de redynamiser les investissements privés dans des infrastructures telles que l’énergie et les transports.
Selon Georg Zachmann et le groupe de pensée belge (« think thank ») Bruegel, les banques publiques pourraient temporairement compenser cette baisse des investissements dans les infrastructures. Au niveau européen, un programme-test pour émettre l’émission de plus de 230 millions d’euros dans des obligations garanties par l’État pour financer des projets pourrait faire baisser le coût du crédit, ajoute Georg Zachmann.
MGI n’est pas favorable à une trop grande ingérence de l’État dans l’économie mais reconnaît que certaines barrières doivent être levées. L’investissement privé est disponible mais bloqué par des contraintes réglementaires. Améliorer les capacités énergétiques des nouveaux immeubles par exemple permettrait d’aider l’Europe à atteindre ses objectifs énergétiques de 2020 et dans le même temps de débloquer environ 37 milliards d’euros par an d’investissement. Mais le rapport souligne que bien souvent des règles tatillonnes découragent ce genre de projet.
La situation est la même pour le commerce de détail et les transports. Il faut alléger les réglementations trop strictes qui nuisent dans certains cas à l’investissement, estime encore MGI.
« Mener conjointement des politiques macroéconomiques et des reformes microéconomiques peut aider à redynamiser les plans d’investissements des entreprises à un niveau suffisant pour que ces investissements deviennent le moteur d’une robuste reprise économique », conclut IMG.

(Source : Reuters)
Cinq ans après le début de la crise financière, l’investissement privé en Europe, aux États-Unis et au Japon est au point mort, soulignant à la fois l’ampleur de la récession et l’intérêt croissant des investisseurs pour les marchés émergents. Au sein de ces trois régions, aucun autre indicateur économique n’a connu une telle baisse. Or l’investissement est le...

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