Rechercher
Rechercher

Liban - La situation

Le vent du changement régional sur le point de toucher le Liban

La prometteuse rencontre Siniora-Berry. Photo Hassan Ibrahim

Petit à petit, la donne – et le vent – changent. Le vent d’abord. La libération des otages chiites a fait des rides, sinon des vaguelettes, à la surface de l’eau stagnante que l’on nous fait croire être l’hégémonie du Hezbollah sur la communauté chiite. La fascination qu’exerce Hassan Nasrallah sur le commun des mortels de la banlieue sud n’est certes pas encore remise en question, mais la vérité commence à poindre au travers de quelques brèches dans le mur de la pensée officielle.
L’inoubliable et folle soirée de dimanche à l’Aéroport Rafic Hariri en est la meilleure preuve. Il fallait en effet entendre Abbas Cheaib remettre en question les sacro-saints axiomes du Hezbollah et sa rhétorique, pour comprendre que quelque chose ne va plus au sein de ce parti. Non, ce n’est pas l’axe de la résistance qui est visé en Syrie (comme a tenté de le lui souffler une speakerine de télévision), mais la communauté chiite dans son ensemble, a martelé Cheaib, que des irréductibles du parti ont voulu prendre à partie, dans un mouvement de foule que les caméras ont occulté. En embrassant passionnément les leurs, c’est le Liban qu’ont embrassé les ex-otages ; ce Liban qui leur a manqué 17 longs mois durant, cette douceur d’être ensemble dont ils savent désormais, bien mieux qu’avant, la précieuse valeur. Et que Hassan Nasrallah est en train de mettre en péril en l’exposant à la discorde intermusulmane, en continuant à diaboliser le Tribunal spécial pour le Liban, et aujourd’hui en s’investissant militairement au service d’un régime despotique et, quoi qu’on en dise, sectaire et polarisé.
Avec le vent, c’est aussi la donne qui change. Les vieux apparatchiks du temps de l’occupation pontifient sur le rapprochement américano-iranien et continuent d’en escompter de beaux jours pour eux. Ils n’entendent, du message américain, que la partie qui flatte leur oreille, feignant d’oublier celle qui assure que Bachar el-Assad ne peut plus être considéré comme un rassembleur.

Sur le plan interne
Sur le plan interne aussi la donne change. L’idée de préserver le Liban de la tempête régionale, qui peut encore souffler pendant des mois sur la Syrie et ailleurs, commence à faire son chemin dans les esprits. La réunion, samedi, entre le chef du bloc du Futur, Fouad Siniora, et le président de la Chambre, Nabih Berry, est emblématique à cet égard. Elle s’inscrit dans le prolongement d’une précédente réunion, d’une part, et tout semble indiquer qu’elle sera suivie d’autres. Il serait tout aussi téméraire d’en escompter un changement que de l’éliminer d’office. Un Ahmad Fatfat (Futur), n’hésite pas pour sa part à voir un nouveau gouvernement avant le 22 novembre ! On verra bien...
Au demeurant, le rapprochement entre le Futur et Amal n’est pas le seul à se produire. On vient de voir Michel Aoun appeler Saad Hariri à rentrer au Liban ; des discussions sont en cours entre le PSP et le Courant patriotique libre ; un semblant de rapprochement s’esquisse entre les Marada et les Forces libanaises ; les appels à ne plus craindre les armes ou les mouvements de foule du Hezbollah et à former un gouvernement « neutre » se font de plus en plus pressants ; les mises en scène de Rifaat Eid derrière son bureau à Baal Mohsen ne trompent plus personne ; le sang se voit de plus en plus nettement sur les mains des agents de la Syrie au Liban, il macule celles qui ont placé les voitures piégées devant deux mosquées de Tripoli ; quelque chose est en train de basculer et quelque chose a déjà basculé. Et ce n’est pas la bataille de Yarmouk, dans le Rif de Damas, qui changera cette donne. Bien au contraire. Comme l’a si bien dit Walid Joumblatt, c’est le choix de régler la crise syrienne par la voie sécuritaire et militaire qui a fait le lit du jihadisme en Syrie, et seule l’ouverture démocratique le défera.

Séance parlementaire
Avec l’ouverture de la session ordinaire de la Chambre, demain, c’est un nouveau signe de détente interne qui se produit. En principe, tous les blocs parlementaires, qui boycottent la Chambre de Nabih Berry depuis l’été dernier, feront acte de présence. La séance sera consacrée en effet au renouvellement des commissions parlementaires et du bureau de la Chambre.
Faut-il en escompter plus? « Tout dépend de ce qui se passera mardi », a affirmé laconiquement M. Siniora.
Pourrait-on en escompter une relance de la conférence nationale de dialogue, façon Berry ? « C’est sujet à débat », a répondu l’ancien président du Conseil.
Et le nouveau gouvernement ?
« C’est l’un des sujets que nous avons abordés, et nous poursuivrons notre entretien à ce sujet très prochainement, inch’Allah », a encore dit un Fouad Siniora décidément en verve.
Petit à petit, la donne – et le vent – changent. Le vent d’abord. La libération des otages chiites a fait des rides, sinon des vaguelettes, à la surface de l’eau stagnante que l’on nous fait croire être l’hégémonie du Hezbollah sur la communauté chiite. La fascination qu’exerce Hassan Nasrallah sur le commun des mortels de la banlieue sud n’est certes pas encore remise en...

commentaires (3)

Soyons réalistes ...Ca ressemble plus à de la bise glaciale...! bien que... qui sème le vent récolte la tempête...

M.V.

18 h 01, le 21 octobre 2013

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Soyons réalistes ...Ca ressemble plus à de la bise glaciale...! bien que... qui sème le vent récolte la tempête...

    M.V.

    18 h 01, le 21 octobre 2013

  • Le nouveau vent de changement sera probablement l'instauration des tribus pour gouverner face à un gouvernement qui depuis sept mois n' arrive pas à voir le jour . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    15 h 38, le 21 octobre 2013

  • QUEL VENT DE CHANGEMENT POINTE ? NOUS VOULONS UN VENT PUREMENT LIBANAIS ET RIEN D'AUTRE : NASSAM 3ALAYNA IL HAWA MIN MAFRAK IL WADI IL LIBNANI... OU BASS...

    SAKR LOUBNAN

    10 h 54, le 21 octobre 2013

Retour en haut