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Culture - Initiative

Un clavier et une danse indienne, ce n’est pas forcément compatible...

Pour son habituel retour sur la scène au Liban, Elizabeth Sombart a choisi un concert accompagné d’une danse indienne avec Mallika Sarabhai.

Elizabeth Sombart au piano et Mallika Sarabhai à la danse, deux femmes qui conjuguent leur art pour parler de la condition féminine. Photo Sami Ayad

Même si le titre «gebranien» Femmes aux ailes brisées* est accrocheur, il y a quelque chose d’incompatible. Personne n’a son compte: ni le clavier ni la danse.
Toutes deux vêtues de blanc (à l’indienne), toutes deux pieds nus: l’une pour effleurer les pédales, l’autre pour fouler les planches du théâtre, voilà deux femmes qui conjuguent leur art pour parler de la condition féminine à l’amphithéâtre Aboukhater (USJ). Loin encore d’atteindre, dans plus d’un pays, au rang de la dignité humaine. Si l’intention est louable, le résultat est peu convaincant.
La pianiste, fondatrice et présidente de la Fondation Résonnance, explique : «L’idée de ce spectacle est née de ma rencontre avec Mallika Sarabhai en 2010. Nous avons improvisé sur l’Élégie de Rachmaninov, moi au piano et elle en dansant, nous avons senti qu’au-delà de deux traditions si différentes que nous portons l’une et l’autre, une magie opérait, celle de l’émotion qui donne à voir et à entendre, au-delà des mots, une situation particulière d’une femme en souffrance. Nous avons choisi donc 12 états d’être, 12 états d’âme pour partager et témoigner de la condition des Femmes aux ailes brisées à travers l’art. C’est ainsi pour nous la manière de vivre la plus haute mission de l’art: éveiller les consciences pour unifier toute la multiplicité des êtres humains en un cœur qui bat à l’unisson le temps du spectacle.»
Justement ce spectacle avec les Gnossiennes d’Erik Satie. Luisance de l’innocence que les notes traduisent bien, avec une délicieuse orientalité, mais que la danse alourdit avec des poses maniéristes. Et s’égrènent les pages de Beethoven, Schubert, J.-S. Bach, Chopin, Bartók, Liszt, Rachmaninov et Schumann.
Les premiers extraits sont touchés chez la pianiste par plusieurs notes écrasées, tandis que la danseuse entreprend une chorégraphie d’une naïve simplicité. Des joies aux premières cassures, de l’espoir au monde qui s’écoule, de la stupeur à la souffrance, de la laideur de la violence aux douleurs lancinantes, de la mort aux larmes du ciel, il y a là sans nul doute un ardent militantisme au féminin, mais un peu noyé dans des ombres emphatiques.
La musique à elle seule a une telle force de lyrisme, d’incantation, d’envoûtement qu’elle n’a pas besoin de ces danses à la gestuelle aux grâces grandiloquentes.
Ce n’est que vers la fin de ce duo clavier-danse que la performance d’Elizabeth Sombart se clarifie en interprétant, en solo et sur fond d’une nuit étoilée, les Variations posthumes de Schumann. Enfin une échappée belle vers la vraie émotion sans la volonté absolument d’incarner des notes qui ont tout intérêt à rester dans leur pouvoir de rêve, de suggestion et d’évasion. Et la musique, sans illustration, peut tout dire, à elle seule...

* Le spectacle d’Elizabeth Sombart et Mallika Sarabhai sera donné aujourd’hui, samedi 12 octobre, au théâtre de la municipalité de Jdeideh-Bauchrieh, à 19 h, ainsi que le lundi 14 octobre, à 19 h, au Centre culturel Safadi, à Tripoli.
Même si le titre «gebranien» Femmes aux ailes brisées* est accrocheur, il y a quelque chose d’incompatible. Personne n’a son compte: ni le clavier ni la danse.Toutes deux vêtues de blanc (à l’indienne), toutes deux pieds nus: l’une pour effleurer les pédales, l’autre pour fouler les planches du théâtre, voilà deux femmes qui conjuguent leur art pour parler de la...

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