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Lifestyle - Faune

Leur mission : servir de gibier aux derniers tigres de l’Amour

« La population des proies potentielles est très faible en Chine en comparaison avec d’autres pays. »

Un membre du personnel de WWF porte un cerf blessé qui servira de proie pour les tigres de l’Amour dans la réserve naturelle de Wangqing. Wang Zhao

Dans les hautes régions montagneuses du nord-est de la Chine ont été lâchés ces dernières semaines des daims chargés d’une bien tragique mission : servir de gibier aux ultimes tigres de l’Amour.
Des centaines de ces félins, aussi connus sous le nom de tigres de Sibérie et dont le nom scientifique est Panthera tigris altaica, parcouraient jadis les luxuriantes forêts de pins et de chênes de Mandchourie. Actuellement, seuls une vingtaine de ces « gros chats » survivent dans la nature chinoise, et dans les traditions chamaniques des Mandchous, l’animal a longtemps été révéré. Mais il a tout autant été chassé, et l’empereur Kangxi (1661-1722), de la dynastie mandchoue des Qing, a lui-même revendiqué en avoir tué 135 à l’aide d’arcs et de mousquets, selon Peter Dekker, un historien spécialiste des armes de cette période.
La Chine a abrité pendant un temps diverses sous-espèces de tigres, mais si les félins restent très présents dans l’imaginaire collectif et le folklore (« Là où il y a des montagnes, on trouve des tigres », dit un proverbe), ils se font rares dans la réalité. Pour les responsables chargés de leur protection, l’effondrement de la population de tigres dans le pays s’explique par le développement de l’habitat humain, la déforestation et le braconnage décimant autant les tigres, qui fournissent des ingrédients de la médecine chinoise traditionnelle, que leurs proies. « La population des proies potentielles est très faible (en Chine) en comparaison avec d’autres pays », explique Rohit Singh, un responsable de l’opération Tigers Alive Initiative lancée par l’organisation environnementale internationale WWF.
Le WWF cherche justement à accroître le nombre de cervidés dans la réserve naturelle de Wangqing, dans la province du Jilin, afin de donner une chance accrue aux tigres, ainsi qu’à la population extrêmement menacée des panthères de l’Amour, de survivre et de se reproduire. En 2012, un total de 37 cervidés ont ainsi été lâchés dans la zone. Et sur le seul mois d’août de cette année, un nombre similaire a été libéré dans la nature afin de constituer des proies destinées aux tigres. Mais cela reste peu face au colossal appétit des félins.

50 par an
Dale Miquelle, directeur basé à Vladivostock du programme russe de la Wildlife Conservation Society (WCS), estime ainsi qu’un tigre a besoin à lui seul de tuer environ 50 cervidés ou sangliers par an pour survivre – et la population de ces proies doit être au moins dix fois supérieure pour pouvoir se renouveler de façon durable. « Qu’il s’agisse de cerfs ou de cerfs sika (espèce asiatique), il faut un nombre relativement important d’individus dans la nature », a expliqué M. Miquelle. « Au final, l’opération doit permettre de s’assurer que ces proies (relâchées dans la nature) seront épargnées par les braconniers et qu’elles auront l’espace nécessaire pour se reproduire, que leur habitat ne sera pas détruit par des activités » humaines, a-t-il ajouté.
La réserve naturelle de Wangqing fait partie d’un corridor reliant les zones de peuplement du tigre de l’Amour en Chine et en Russie, qui possède une population estimée entre 350 et 400 tigres de Sibérie, situés à moins de 100 kilomètres de distance. Cet espace sanctuaire est « très important pour les tigres », insiste Tang Lijun, un des responsables de la réserve, en précisant que des efforts particuliers ont été entrepris pour réduire la déforestation dans la zone.
Au total dans le monde, on estime qu’il reste 2 700 à 3 200 tigres à l’état sauvage, souligne Joseph Vattakaven, un expert des félins au WWF. Il y en avait 100 000 il y a un siècle. Cette raréfaction extrême explique qu’il est très difficile d’en apercevoir. Le WWF dispose dans les zones arpentées par le tigre des appareils photo à déclenchement automatique, mais le dernier cliché à avoir fixé un félin remonte à avril 2012. Toutefois, au moins quatre prises de vue ont pu, selon M. Miquelle, être réalisées cette année dans la réserve naturelle de Hunchun, qui fait partie du « corridor », où WCS gère un programme de protection de l’espèce. Et le WWF est parvenu le mois dernier à saisir sur des images une panthère de l’Amour (Pantheras pardus orientalis), classifiée comme espèce en danger critique d’extinction.
Encore dans les années 1970, le nombre des tigres de l’Amour était comparable en Chine et en Russie, d’environ 150 de chaque côté de la frontière. Mais la population côté russe a augmenté « grâce à la protection et aux autres efforts entrepris », souligne M. Vattakaven.
« Sans la Russie, les tigres sauvages auraient disparu de la Chine », confirme Joe Walston, directeur de WCS pour l’Asie.
(Source : AFP)
Dans les hautes régions montagneuses du nord-est de la Chine ont été lâchés ces dernières semaines des daims chargés d’une bien tragique mission : servir de gibier aux ultimes tigres de l’Amour.Des centaines de ces félins, aussi connus sous le nom de tigres de Sibérie et dont le nom scientifique est Panthera tigris altaica, parcouraient jadis les luxuriantes forêts de...

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