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Moyen Orient et Monde - Le point

Chimie et alchimie

Son adresse à la nation mardi soir, Barack Obama avait choisi de la placer sous le signe des symboles. Celui de la date d’abord : à la veille du 9/11 (prononcez « Nine Eleven ») marquant l’incroyable attaque contre les tours jumelles de Manhattan commémorée hier au cours d’une cérémonie comme seuls les Américains savent en organiser, émouvante, digne, sobre, ainsi que le mérite l’évocation d’un douloureux souvenir que le monde n’est pas près d’oublier. Celui du lieu ensuite : c’est de cette même East Room que le président des États-Unis annonçait le 2 mai 2011 la mort d’Oussama Ben Laden, abattu dans sa villa pakistanaise par les commandos du Team 6 des Seals, une unité d’élite de la marine.
Pas plus que le 1er mai 2013, quand George W. Bush, atterrissant sur le pont du USS Abraham Lincoln, annonçait sous une bannière affichant prématurément : « Mission accomplished », soit la fin des opérations militaires en Irak, son successeur ne pourra revendiquer la réussite de son plan syrien. L’opération « Punir Bachar el-Assad » attend toujours son heure ; Washington, malgré une campagne digne d’un meilleur sort, n’est pas parvenue à convaincre et le Congrès et l’opinion publique; comble de l’ironie, le faucon russe fait aujourd’hui figure de colombe, à tout le moins de sauveur de la paix. Pas mal pour un Kremlin qui savoure les marrons tirés du feu, au risque de se brûler les doigts, par la Maison-Blanche.
Le 44e président US aura, nous dit-on, passé les dernières heures précédant sa harangue à ses « fellow Americans » à en modifier l’essence. Alors qu’il avait préparé un texte expliquant les raisons qui le poussaient à recourir aux Tomahawks pour faire entendre raison à Damas, il lui avait fallu passer brusquement de l’autre côté de la barrière et affirmer qu’il était prêt à donner sa chance à l’initiative du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov – lequel, il est utile de le rappeler, ne saurait être assez reconnaissant à son homologue américain John Kerry qui, la veille, avait avancé l’hypothèse d’un contrôle international de l’arsenal chimique syrien si l’on voulait éviter le recours à la manière forte. À cet égard, la hâte de Walid Moallem (mandé d’urgence dans la capitale russe), de l’onusien Ban Ki-moon, du Premier ministre britannique David Cameron à endosser la démarche russe en dit long sur le désir de la grande communauté internationale d’éloigner de ses lèvres le calice de la guerre.
Auparavant, reconnaissons-le, on avait passablement cafouillé sur les rives du Potomac. Alors que, pour le chef de la diplomatie, la frappe allait être « incroyablement minime » (« unbilievably small »), pour Obama il ne s’agirait nullement de « coups d’épingle » (« The US army doesn’t do pinpricks »). Et plus le langage se faisait belliciste, plus le « body language » semblait sévère et moins enclins étaient les Américains à laisser faire leurs dirigeants. Les sondages effectués quelques heures après le discours de mardi soir indiquent peu de changement bien que la donne, elle, ait, en l’espace de quelques heures, subi un profond bouleversement.
Un exemple de cette détermination à refuser de voir les boys aller au combat a été donné par Jason Chadffetz. Ce représentant républicain de l’Utah avait assisté tôt mardi à une réunion à la Maison-Blanche, tenue en présence du vice-président Joe Biden puis reçu un appel téléphonique en soirée de Denis McDonough, directeur du cabinet du président. Son tweet, au final, demeure un modèle d’éloquence dans sa brièveté : « C’est toujours non... »
On ne soulignera jamais assez combien il est difficile de se présenter en chef de guerre et, dans le même moment, de laisser la diplomatie suivre son cours. Combien aussi il est malaisé, par la seule magie du verbe, d’amener ses concitoyens à modifier leur opinion sur un thème aussi délicat que la guerre et la paix.
Si l’alchimie ne joue plus comme lors de la première campagne électorale, c’est surtout parce que le bon peuple d’Amérique ne voit plus aucun bénéfice à tirer de ces expéditions en terres lointaines ; peut-être aussi que le président a perdu la niaque ; et certainement parce qu’il n’est vraiment bon que dans les interventions qui lui permettent de se lancer dans d’interminables et fumeuses considérations quasi philosophiques : au Caire sur l’avenir des rapports avec le monde arabe ; à Oslo en recevant son Nobel de la paix ; à Philadelphia, ses réflexions sur la race (sans doute ce que la littérature politique yankee a produit de mieux).
Qu’un président doute, c’est déjà fort grave. Mais quand, avec lui, le monde entier s’interroge, inquiet de ne pouvoir trouver de réponses, c’est qu’il y a péril en la demeure.
Son adresse à la nation mardi soir, Barack Obama avait choisi de la placer sous le signe des symboles. Celui de la date d’abord : à la veille du 9/11 (prononcez « Nine Eleven ») marquant l’incroyable attaque contre les tours jumelles de Manhattan commémorée hier au cours d’une cérémonie comme seuls les Américains savent en organiser, émouvante, digne, sobre, ainsi...

commentaires (3)

Pas mal.... et + ou - "Objectif".

Antoine-Serge KARAMAOUN

13 h 26, le 12 septembre 2013

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Commentaires (3)

  • Pas mal.... et + ou - "Objectif".

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    13 h 26, le 12 septembre 2013

  • Il tenait trop à son nobel pour avoir à le rendre , quoique shimon péres après l'avoir étreint n'a pas hésité à massacrer des femmes et des enfants à CANA la martyre. On aura beau spéculer sur l'idée d'une frappe ou pas ,d'une occase russe ou pas , il se trouve que le monde terrestre a par instinct senti que la corde était tendue au maximum, que cette fois ci c'était le make or break , on aura beau penser que le yankyland est la 1ere puissance mondiale , le coup de Poutine y a mis un bé mol , on aura beau penser que les politiques malfaisantes du sionisme pouvaient triompher sans partage, on est obligé de voir que les limites à l'injustice mondiale avaient été atteintes , la suite sera comme une mer qui reflux vers des rivages plus sereins , débarrassés de cette épée de Damoclès occidentale et fera qu'il faut désormais compter avec les autres, tous les autres, surtout les plus démunis , israel pour le moment boit du petit lait , mais au long terme sera obligé de changer de cap, de peur de voir ce lait transformé en poison .

    Jaber Kamel

    13 h 15, le 12 septembre 2013

  • Les mediocres je les vomirai. Dieu.

    Karim Tabet

    09 h 12, le 12 septembre 2013

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