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Moyen Orient et Monde - Tensions

Aux portes de Gibraltar, l’interminable attente des automobilistes

À la frontière entre l’Espagne et Gibraltar, les véhicules avancent au compte-gouttes.   Jon Nazca/Reuters

Un navire de la Royal Navy a quitté l’Angleterre pour Gibraltar, territoire britannique où il fera escale dans le cadre d’exercices militaires prévus de longue date. Le HMS Westminster a largué hier matin les amarres de la base navale de Portsmouth, dans le sud de l’Angleterre. La frégate doit participer avec neuf autres vaisseaux britanniques dont quatre bâtiments de guerre, tous partis lundi, à des manœuvres militaires en Méditerranée et dans le Golfe baptisées « Cougar’13 ». Elle est attendue d’ici à une semaine à Gibraltar. Le HMS Westminster se dirige vers Gibraltar au moment où ce rocher de 7 km2, situé à la pointe sud de la péninsule Ibérique, est au cœur d’un regain de tension entre Londres et Madrid qui en revendique la souveraineté.
Le conflit larvé a rebondi fin juillet après la construction en mer, par les autorités du territoire, d’un récif artificiel de béton, dénoncé par Madrid qui y a vu un dispositif entravant le travail des pêcheurs espagnols. Depuis, de longues files d’attente se sont formées à la frontière entre l’Espagne et Gibraltar. Les autorités du territoire accusent Madrid d’avoir multiplié les contrôles douaniers en représailles à la construction du récif. Elle est arrivée hier matin à 9 heures et patiente depuis deux heures : pour Carmen Fernandez, femme de ménage espagnole employée à Gibraltar, aller travailler devient chaque jour plus compliqué. Pendant que les véhicules avancent au compte-gouttes, cette mère de famille coupe le moteur de sa voiture et la pousse lentement, dans l’une des trois longues queues qui se sont formées. Autour d’elle, la nervosité, après de longues heures d’attente, se fait sentir. Au poste douanier, surnommé ici « la grille », les gardes civils espagnols, convertis à la grève du zèle, inspectent tous les véhicules qui passent, motos et vélos compris. Certains sortent se dégourdir les jambes en attendant la prochaine avancée de leur véhicule, de seulement trois ou quatre mètres. D’autres fois, c’est à la sortie du territoire que les queues sont interminables. Près de la frontière, des groupes de volontaires distribuent de l’eau aux visiteurs ainsi coincés, surtout aux familles avec de jeunes enfants.

L’exception...
« Nous ne voulons pas appartenir à l’Espagne, nous sommes contents d’être britanniques », confie Kim Bickerstaff, une habitante de Gibraltar, en regrettant pourtant les tensions diplomatiques qui empoisonnent la vie quotidienne. Rosana, une fonctionnaire, passe avec aisance de l’espagnol à l’anglais. « À la maison, nous parlons les deux. Parce que nous sommes des llanitos », le surnom donné aux habitants de Gibraltar. « Nous sommes britanniques », ajoute-t-elle avec fierté. « Tous les problèmes viennent d’une première affirmation qui est fausse : que Gibraltar est espagnol. La réalité, c’est que Gibraltar est britannique et ses habitants se sentent britanniques », confie Rafael Marquina, un fonctionnaire espagnol.
Aux portes d’une Afrique politiquement instable et sur la route du Moyen-Orient, Gibraltar est une base stratégique incontournable pour les Britanniques, affirment des experts. « Il ne faut pas oublier qu’une bonne part du territoire est occupé par une base aérienne militaire, une base navale, essentielle pour les escales et la réparation des sous-marins nucléaires, ainsi qu’une base de renseignements », explique Alejandro del Valle, professeur de droit international public à l’Université de Cadix. La base permet une surveillance de la Méditerranée par laquelle transite une bonne partie du pétrole et du gaz naturel consommés en Europe occidentale. L’importance stratégique du détroit s’est encore accrue avec son statut international, qui depuis 1982 permet à tout pays de survoler et de naviguer dans la zone, y compris pour les sous-marins, sans en informer les pays riverains, à savoir l’Espagne et le Maroc.

 

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