Isadora Wing, l’héroïne du Complexe d’Icare (Fear of flying selon son titre original), est mariée depuis cinq ans. Coucher avec son mari « ne lui titille plus les papilles, n’apporte aucun piquant, aucun danger ». Bref, elle s’ennuie, choisit un autre homme comme partenaire sexuel, et ses rêveries érotiques séduisent des millions de lecteurs. Erica Jong écrit sans fausse pudeur et son expression zipless fuck (la baise sans préliminaire et sans sentiment) devient célèbre. La crudité de sa prose et la franchise de ses pensées étaient encore relativement inhabituelles de la part d’une jeune femme, au début des années 70. Certaines adorent, d’autres détestent.
« Mais c’est ce pour quoi sont faits les écrivains. Nous sommes des vers de terre, nous devons aérer le sol », quitte à irriter certaines personnes, déclare l’écrivain. À sa sortie, le livre est loué par Henry Miller, qui le qualifie de « Tropique du cancer au féminin ». Pour l’écrivain Paul Théroux, l’héroïne de l’ouvrage n’est « qu’un sexe féminin géant ». Elle souhaitait explorer la sexualité à la manière des écrivains masculins, tels que Philip Roth ou John Updike, mais d’un point de vue féminin, dit-elle. La violence de certaines réactions est un signe selon elle de l’inégalité entre hommes et femmes, une inégalité qui n’a pas disparu.
Le complexe d’Icare était destiné à « être un cri de ralliement pour les femmes qui ont le droit de nourrir des fantasmes aussi variés et torrides que ceux des hommes », a écrit Erica Jong il y a 20 ans. Depuis ce premier roman, Erica Jong a sorti une vingtaine de livres, fictions ou autobiographies, et prépare à présent un ouvrage, comique, sur le thème de la mort.
(Source : AFP)