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Culture

Un pétillant panaché, rire garanti avec Joe Kodeh

« Medley » est le titre du spectacle one-man-show de Joe Kodeh au Monnot. Une sorte de compilation de best of ou de « mégamix », de tous ses shows antécédents. Avec remise au goût du jour. Percutant et savoureux. Une heure quarante-cinq minutes de rire continu. Avant une tournée au Canada*.

Joe Kodeh, un comédien à part entière.

Aminci, car il fait du sport dit-il, toujours rigolard, vêtu de noir, les cheveux et barbe sel et poivre, Joe Kodeh, à la fois homme d’âge mûr et éternel jeune homme, avec pour seul compagnon de scène une chaise (et une petite bouteille d’eau), fait éclater de rire son auditoire.
Sans ménagement. Il l’embarque son auditoire, comme le petit Nicolas de Sempé, version profondément libanaise, bien entendu, dans les dédales tortueux, naïfs, amusants et sacrément caricaturés de l’enfance. Le petit Joe et ses bobos à l’école (il en a changé 18 ! ) avec surveillants, profs et rayon de lumière dans sa vie de galopin cancre, Lola...
Pour ce patchwork de sketchs en reprise, avec d’adroits ajustements, tout s’enchaîne à une vitesse vertigineuse.
Le «jagal» de tous les secteurs de Beyrouth, et notamment d’Achrafieh, est confronté aux déboires sur Facebook ou Twitter. Et s’enclenche la ronde d’une mécanique de rire à l’allure de bulldozer léger comme une plume: les associations verbales franco-anglo-arabes sont hilarantes, les jeux de mots inattendus (ou attendus!) pleuvent comme des flèches sur une citadelle assiégée, les portraits truculents auraient fait les délices de La Bruyère pour leur impertinence tant cette galerie de personnages cocasses a du mordant, les grivoiseries, abondantes, passent facilement (on pète gentiment ici!), les pointes politiques sont vengeresses avec la désignation à brûle-pourpoint d’Assir et de Wahhab...
La vie sociale en prend un bon coup de poing aussi, dans ses travers, ses dérives et ses déraillements : les dames «snobs» d’Achrafieh font d’excellentes têtes de Turc, les achats compulsifs des riches à Paris (comme celui d’un frigo pour pommes!) sont passés au peigne fin sous un regard sans complaisance, les restaurants de sushi à la mode ont des menus renversants et des effets surprenants... Sont évoqués aussi les festivals. Avec des invités qui ne sont pas forcément de premier plan, des artistes qui devraient être naturalisés libanais tant ils foulent ces rives, les «has been» qui ne se comptent plus, les vedettes anonymes de nulle part qui font leur «star» ici.
On revient sur ces portraits brossés avec une délicieuse insolence: les petits écoliers industrieux et les foutraques, le maître-nageur impayable dans sa suffisance et vulgarité, les amoureux en quête de plaisir facile grassement déçus par une toile miroir aux alouettes, les problèmes de circulation et de rapports à l’autre rapportés avec verdeur, sur un tempo grinçant mais si juste. On se demande même, avec une sorte d’ahurissement et de stupéfaction, si la caricature ne colle pas à la réalité.
Un excellent moment où rire devient une véritable frénésie. Joe Kodeh, comédien à part entière (même s’il lui arrive de se lâcher avec son public, une salle comble interactive), a du bagout, du talent et du métier. Rire aux larmes avec lui n’est pas un euphémisme. Surtout dans ce Medley qui capitalise, avec un humour décapant, tous les excès, les comportements et la spécificité des
Libanais.

*Spectacle programmé à partir du 1er août sur les planches du théâtre du Collège du Sacré-Cœur à Gemmayzé.
Aminci, car il fait du sport dit-il, toujours rigolard, vêtu de noir, les cheveux et barbe sel et poivre, Joe Kodeh, à la fois homme d’âge mûr et éternel jeune homme, avec pour seul compagnon de scène une chaise (et une petite bouteille d’eau), fait éclater de rire son auditoire. Sans ménagement. Il l’embarque son auditoire, comme le petit Nicolas de Sempé, version...

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