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Culture - Tribune

Censurer Ziad Doueiri, un attentat contre le Liban !

J’ai vu, ces jours-ci, L’Attentat, le film interdit au Liban au motif d’avoir été tourné en Israël.
Dans une interview publiée par CinéTéléObs à l’occasion de la sortie du film, Ziad Doueiri a précisé: «Tant que je ne connaissais pas mon “ennemi”, je n’avais pas d’autre choix que de m’accrocher à mes préjugés. Et là, à Los Angeles, au contact de mes camarades d’école et des autres, j’ai compris que cet “ennemi” avait un cœur, une âme, une culture, une histoire, des souffrances, des doutes, une famille, des amis.»
Il a dépassé ses préjugés, comme Jésus nous a invité à le faire en mettant nos pas dans les siens, quand il s’est adressé à la samaritaine. J’ai d’ailleurs trouvé que le film véhicule ce message de paix, que le juif Jésus a profondément exprimé dans les Béatitudes qu’ont pu entendre «des gens de toute la Judée et de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon» (Lc 6, 17).
Dans ce film, le docteur Amine est musulman, sa femme, avec laquelle il a vécu depuis 15 ans, était chrétienne. Il s’agit, en quelque sorte, d’une famille à l’image du Liban, qui «est plus qu’un pays,... un message de liberté et un exemple de pluralisme pour l’Orient comme pour l’Occident», pour reprendre les termes de Jean-Paul II, en 1987, et que les leaders politiques et / ou religieux libanais ne se privent pas de citer depuis lors, quelquefois fort hyprocritement d’ailleurs.
Après l’attentat, Amine veut comprendre les motivations qui ont poussé son épouse à le commettre. Son neveu lui révélera que c’est après avoir vu le résultat des massacres de Génine qu’elle a basculé dans l’action violente. Ziad Doueiri dénonce donc l’engrenage de la violence. Dans l’Évangile de Jésus-Christ selon Saint Mathieu 26:52, cette dénonciation est formulée dans les termes suivants: «Celui qui prend l’épée, périra par l’épée.»
Il semble que Ziad Doueiri, réalisateur d’origine musulmane, ait réalisé un film profondément imprégné par le message chrétien. Il s’avère donc être le digne fils de ce «Liban message», l’héritier de Khalil Gibran qui, animé d’un souffle religieux, visait ultimement la fraternité humaine et qui, dans Iram, Cité des Hautes Colonnes, une pièce présentée un après-midi de l’été 1883, faisait dire à Najib: «Si nous faisions abstraction des diverses religions, nous nous trouverions unis et partagerions une grande foi en une même religion, dans la fraternité totale.»
Censurer Ziad Doueiri, ce réalisateur prometteur qui croit «qu’il y a dans la culture et dans la création artistique un ferment qui pourrait ouvrir le chemin vers la réconciliation», c’est se rendre coupable d’un attentat contre le Liban «message de liberté et un exemple de pluralisme pour l’Orient comme pour l’Occident», et en l’état actuel de la situation politique régionale mettre en cause son avenir même.

Michel MAY (Nancy)
amichelmay@hotmail.com
J’ai vu, ces jours-ci, L’Attentat, le film interdit au Liban au motif d’avoir été tourné en Israël. Dans une interview publiée par CinéTéléObs à l’occasion de la sortie du film, Ziad Doueiri a précisé: «Tant que je ne connaissais pas mon “ennemi”, je n’avais pas d’autre choix que de m’accrocher à mes préjugés. Et là, à Los Angeles, au contact de mes camarades...

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