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Économie - Éclairage

Francfort serait-elle en passe de détrôner Londres de son titre de capitale de la finance ?

La place financière s’affirme face à ses concurrentes.

Quatrième place financière en Europe, derrière Londres, Zurich et Genève, et troisième centre d’affaires, siège de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque centrale allemande, Francfort, située dans l’État régional de Hesse, est également l’une des plus riches métropoles allemandes. Odd Andersen/AFP

La place financière de Francfort affiche une santé solide, qui lui permet de renforcer son influence face à ses rivales européennes durement éprouvées par la crise économique depuis 2008. Dans le quartier d’affaires francfortois, parfois surnommé « Main-hattan », les grues de construction s’activent chaque jour pour ériger de nouveaux gratte-ciel, signe du dynamisme économique de la ville qui accueille pas moins de 300 banques nationales et internationales.
Quatrième place financière en Europe, derrière Londres, Zurich et Genève, et troisième centre d’affaires, siège de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque centrale allemande, Francfort, située dans l’État régional de Hesse, est également l’une des plus riches métropoles allemandes. « La place financière de Francfort se porte bien », se félicite Lutz Raettig, porte-parole de l’association Frankfurt Main Finance, qui défend la voix des financiers, et président du conseil de surveillance de la banque Morgan Stanley en Allemagne. Selon lui, « le climat a été un peu dégradé en raison de la crise financière mais celle-ci n’a pas provoqué d’effondrement, Francfort n’a pas connu de coupes drastiques dans les effectifs de ses banques comme à Londres ou Paris ».
D’ici à fin 2014, les emplois du secteur financier francfortois devraient reculer de 2 % pour atteindre 73 000 salariés, portant ainsi à 3 000 le nombre total de postes détruits depuis la chute de la banque Lehman Brothers en 2008, d’après une étude de la banque régionale Helaba. Un recul qui s’explique à la fois par le ralentissement économique en zone euro, un environnement de taux d’intérêt très faibles et la profonde restructuration du secteur bancaire européen. Mais « la vague de licenciements s’est révélée nettement plus dure à Londres », souligne Ulrike Bischoff, économiste et auteur de cette étude.
Selon les chiffres du Centre for Economics and Business Research (CEBR), la City londonienne a vu ses effectifs fondre de plus de 30 % entre 2007 et 2012, passant de 354 000 à 249 000. Et l’hémorragie est loin d’être terminée : plus de 13 000 suppressions de postes supplémentaires sont attendues d’ici à la fin de l’année prochaine, portant l’emploi dans la finance à Londres à son plus bas niveau depuis 1993.
« À la différence d’autres centres financiers en Europe, Francfort n’a jamais joué un rôle dominant dans le domaine de la banque d’investissement qui a été particulièrement frappée pendant la crise financière », explique Christoph Schalast, professeur à la Frankfurt School of Finance & Management. Au contraire, le secteur bancaire allemand a affiché ces dernières années sa préférence pour les activités de crédit et d’épargne, tout en cultivant sa proximité traditionnelle avec le Mittelstand, le riche réseau des PME allemandes. Sur 2 000 banques en Allemagne, près de la moitié sont des coopératives de crédit.
« La place francfortoise a tiré parti du renforcement des banques mutualistes et des caisses d’épargne, dont la plupart ont leur siège dans la ville et qui jouent un rôle central dans l’économie allemande », ajoute M. Schalast. Conséquence, « nous avons un lien étroit avec l’économie réelle que d’autres places financières n’ont pas et il faut constater que les excès observés ailleurs ne se sont pas produits à Francfort », résume M. Raettig.
Un avantage que la place entend exploiter pour renforcer son influence. « En termes de centre bancaire, il n’y a pas de véritable concurrent en Allemagne face à Francfort, qui reste la représentante incontestée des cercles financiers », analyse Mme Bischoff.
Une suprématie qui n’est pas sans lien avec la présence de l’opérateur boursier allemand Deutsche Börse, dont la capitalisation pèse près de 9 milliards d’euros, devant les 7,5 milliards d’euros de son concurrent NYSE Euronext. Quant aux banques étrangères, « la structure fédérale allemande n’est pas toujours évidente à comprendre. De fait, lorsqu’elles pensent à s’installer en Allemagne, c’est Francfort qu’elles choisissent, en raison de la présence de la Bundesbank, de la BCE et de Deutsche Börse », ajoute M. Schalast.
La place devrait par ailleurs tirer parti du rôle de superviseur bancaire confié à la BCE, avec à la clé la création de plusieurs centaines de postes, ainsi que la venue de lobbyistes et de banques étrangères en plus grand nombre.
La ville serait-elle en passe de détrôner Londres de son titre de capitale de la finance en Europe ? « Pour le moment, cela semble encore peu probable mais il est tout à fait imaginable que le rôle de Francfort se renforce considérablement dans les années à venir », prévoit M. Schalast.

(Source : AFP)
La place financière de Francfort affiche une santé solide, qui lui permet de renforcer son influence face à ses rivales européennes durement éprouvées par la crise économique depuis 2008. Dans le quartier d’affaires francfortois, parfois surnommé « Main-hattan », les grues de construction s’activent chaque jour pour ériger de nouveaux gratte-ciel, signe du dynamisme...

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