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Lifestyle - Objets et histoire

Rien ne cloche ?

En latin populaire, l’étymologie du verbe « clocher » est « cloppus » c’est-à-dire « boiter » et dans un sens figuré, « être de travers ». D’où, un peu plus tard, le mot cloche pour parler d’une personne maladroite, voire ridicule. Quant au mot « clochard » son origine remonterait au temps où l’on employait des mendiants pour monter aux clochers des églises et faire sonner les cloches en actionnant le balancier en bois à l’aide du pied ! (cloche-pied). La cloche est certainement l’un des premiers instruments sonores créés par l’homme. Les premières clochettes en terre cuite sont attestées en Chine, 5 000 ans avant J-C. et dès l’époque des Xia, (première dynastie connue, au 2e millénaire) les Chinois maîtrisaient la fonte du bronze ! Plus près de nous, les Romains utilisaient les « tintinabulae » pour annoncer certains événements comme les marchés, les spectacles, l’ouverture des bains, etc. Les premiers chrétiens en firent un symbole d’appel et de ralliement messianique : le Signum. Mais c’est au Ve siècle que Paulin, un évêque de Nola, en Campanie (d’où le nom de « campanile » ), aurait introduit des cloches dans les églises. Dès lors l’usage des cloches va se répandre dans les villages et devenir indispensable à la vie de la communauté : jusqu’il y a quelques siècles, la majorité de la population ne disposait pas de moyens pour mesurer le temps. La cloche permettait à chacun, qu’il travaille en ville ou dans les champs, de connaître l’heure. Des sonneries particulières indiquaient la fin de la journée (le « salve » ), le couvre-feu, etc. La cloche va pouvoir informer la population lors des sinistres, des incendies, des invasions, et de toutes sortes de périls (le tocsin).Elle était aussi un instrument de repérage. On avait coutume jusqu’à une époque récente, durant les soirées de tourmente, l’hiver, de sonner les cloches pour guider les voyageurs attardés ou égarés dans la neige ou le brouillard. Avant l’invention des phares, la cloche servait aussi à guider les marins à travers les rochers de la côte. Les cloches installées aux passages à niveau signalaient aussi le danger que pouvait représenter l’arrivée d’un train. Quant à la sonnerie du glas, elle est constituée d’un nombre fixe de coups. Ce nombre varie avec la condition sociale du défunt et les sommes payées par les familles. Son but est donc d’annoncer à toute la communauté la mort d’un de ses membres. Avant la Première Guerre mondiale, la France possédait plus de cent ateliers de fondeurs de cloches. Aujourd’hui, seules trois fonderies de cloches françaises perdurent, dont la Fonderie Paccard, n° 1 mondial des cloches d’églises et de carillons, auteur de records tel que « la Savoyarde » (18,835 tonnes) installée au Sacré-Cœur de Montmartre en 1892, et plus récemment de la cloche du Millénaire « Millenium Bell » (33 tonnes) à destination des États-Unis en 1999. Mais pourquoi aller aussi loin ? Depuis des siècles, Beit-Chabab (caza du Metn) a été l’unique centre pour la fabrication de cloches dans tout le Proche-Orient. Au XVIIe siècle, Pierre le Grand dépêcha un ingénieur russe au Liban pour fabriquer une cloche à l’église Mar Abda, de Bickfaya, ce lieu de culte étant rattaché, à l’époque, à Beit-Chabab. L’ingénieur avait besoin d’un jeune homme versé dans le travail des métaux ; il le trouva en la personne de Youssef Ghobril. Celui-ci aidait l’ingénieur durant la journée et accomplissait le même travail, la nuit, dans sa maison. Quand la cloche de Mar Abda fut achevée, une autre l’était aussi à son domicile ! Ravis, les habitants du village s’écrièrent alors : « Youssef nafaa (utile) » et c’est ainsi que de Youssef Ghobril, il est devenu Youssef Naffah, lui et tous ses descendants, et il se chargea de perpétuer la technique utilisée dans la fabrication des cloches à travers sa progéniture. Ce monopole a été conservé pendant longtemps par la même famille qui interdisait à ses membres de divulguer le secret, jalousement gardé, surtout quand ils épousaient des « étrangers ». Certes d’autres familles de Beit-Chabab fabriquaient des cloches mais pour des raisons économiques, familiales, géographiques elles ont délaissé cette « maslaha ». Le tout dernier fabricant de cloches Naffah Naffah qu’on a eu l’occasion de rencontrer dans le cadre d’une sortie organisée par l’amicale des anciens de pharmacie (Mona, Daisy, Marie...) est installé dans un garage à l’entrée du village ! Un type charmant et enthousiaste qui nous a expliqué les étapes de son art : fabriquer les moules en argile, puis couler le bronze, faire sécher et polir, un travail fastidieux et d’une extrême précision. Naffah tient quand même, malgré toutes les difficultés, notamment le manque d’aide du gouvernement à ces petits métiers artisanaux en perdition, à transmettre ce savoir-faire ancestral à ses deux très jeunes garçons par peur de devoir un jour « sonner le glas » de ce métier passionnant !

 

Sources principales :
culture-générale.fr
universalis.fr
france-pittoresque.com

En latin populaire, l’étymologie du verbe « clocher » est « cloppus » c’est-à-dire « boiter » et dans un sens figuré, « être de travers ». D’où, un peu plus tard, le mot cloche pour parler d’une personne maladroite, voire ridicule. Quant au mot « clochard » son origine remonterait au temps où l’on employait des mendiants pour monter aux clochers des...

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