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Lifestyle - Vient de paraître

Pleins feux sur l’architecte d’intérieur et designer Gregory Gatserelia

Architectural Digest a classé ses réalisations parmi les meilleurs intérieurs du monde, et sa galerie SMO a été le terreau duquel ont germé les œuvres de plusieurs designers d’objets et d’immobiliers… Retour sur sa carrière et sa vie dans un ouvrage intitulé « Gregory Gatserelia, the Art of Interiors » publié aux éditions Rizzoli, New York*.

Pleins feux sur l’architecte d’intérieur et designer Gregory Gatserelia

Gregory Gatserelia installé sur la chaise How High the Moon de Shiro Kuramata, SMO Gallery, Beyrouth, 2011. Photo Joe Kesrouani

Architecte d’intérieur, collectionneur qui déteste être enfermé dans une définition, il a également et surtout été un découvreur de talents qui a exploré le potentiel des designers libanais et exposé leurs créations à Paris et Londres dans le cadre du Salon PAD, événement fondateur et incontournable pour les collectionneurs internationaux de design. Le livre, intitulé Gregory Gatserelia, the Art of Interiors » et qui vient de paraître, retrace le parcours de Gatserelia et s’attarde sur l’ensemble de ses projets conçus au fil des années dans divers pays, et particulièrement à Beyrouth. « Promoteur des nouvelles générations de la ville, dans l’art et le design, Gatserelia est un authentique cosmopolite qui est sorti indemne des pièges de la mondialisation, puisque, pour lui, chaque lieu a sa propre règle sociale », souligne l’éditrice Federica Sala, commissaire indépendante pour des institutions privées et publiques, ancienne curatrice du département de design au Centre Pompidou, aujourd’hui commissaire de Life in Vogue, un événement annuel organisé à l’occasion de Milano Design City.

La signature du livre aura lieu le 22 mai au musée Sursock. Photo DR

L’ouvrage – album de plus de 200 pages – propose des tranches de la vie de l’architecte, ses pensées, les liens qui l’unissent au Liban et à Beyrouth, ainsi que des interviews avec son amie Anne-Marie Habib, et les deux artistes Jacopo Foggini et Najla el-Zein. Une carte, réalisée par l’artiste en cartographie Tarek Abbar qui vit entre Madrid, Milan et Ishikawa au Japon, permet au lecteur d’identifier les monuments de la ville ainsi que l’emplacement d’une centaine de réalisations créées par le studio Gatserelia. La ville se révèle également à travers les photographies de İeva Saudargaitė Douaihi.

Pour mémoire

Gregory Gatserelia : Une «gueule - d’atmosphère»

L’art de la mise en scène

Distribué dans le monde entier par Rizzoli International Publications, New York, l’ouvrage comprend un avant-propos de Patrick Perrin, fondateur et PDG du célèbre groupe international Salons PAD Design. « Gregory Gatserelia a eu un rôle fondamental dans la création d’un nouveau goût dans les intérieurs libanais, un mélange d’Occident et d’Orient. Grand connaisseur et passionné de design, il a jeté les bases d’une nouvelle vague de créateurs libanais. Son goût éclectique, son style unique le font remarquer et admirer parmi les collectionneurs et galeristes », dont Victor Gastou, qui signe l’introduction du livre. « C’est d’abord avec son œil d’architecte que ce connaisseur observe et contemple les formes et les subtilités d’une œuvre. Il scanne les pièces à la recherche des petits détails qui en font une création à part. »

Ahnenstunde, huile sur canevas, Georg Baselitz, 2012 ; banc anneau en bois, Chris Kabel, 2011 ; panneaux en substitut de cuivre, Walead Beshty, 2011. © Eva Szumilas

Derrière l’architecte, le fils et le Beyrouthin

Mais il y a tout d’abord l’homme. Né en Géorgie, Gregory Gatserelia a passé son enfance en Syrie où son père possédait une grande usine. À l’âge de sept ans, lui et son frère Alexandre sont envoyés dans un internat en France. « J’étais loin de ma famille, alors je dessinais des maisons. J’ai inventé des histoires, j’ai inventé des romances (…) C’est pendant toute cette période que j’ai ressenti la force et la passion de construire ma propre expression et mon caractère », révèle Gregory Gatserelia.

En 1967, à la suite du coup d’État en Syrie, son père déménage au Liban et Gregory s’inscrit à l’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA). Depuis, il oriente sa vie et son œuvre dans une cause magnifique : le désir de créer, le désir de traduire spatialement les envies de ses clients dans des formes adéquates en explorant deux grandes notions que sont l’éthique et l’esthétique. Elles autorisent cet artiste du volume, de l’espace et de la lumière à aller bien au-delà des poncifs de l’architecture.

Il admirait « l’œil vif » de sa mère, « d’origine libanaise, elle avait le sens de la beauté ». De son père, il dit qu’il était « un inventeur avec un caractère exigeant. Il m’a un peu façonné, me donnant ce sentiment de perfectionnisme ».

L’amour du Liban est chevillé au corps de Gregory Gatserelia. « J’aime le Liban parce qu’il a une histoire écrite dans le sang, le drame et l’espoir ; j’aime le Liban pour la beauté des gens, leur résilience, leur lutte continue. »

Art & Design : de gauche à droite, les travaux de Eva Szumilas, Hala Matta, Gregory Gatserelia, Georges Mohasseb, Najla el-Zein, Karim Chaya. © Photo d’archivres publiée avec l’aimable autorisation de la galerie SMO, Beyrouth

La SMO, avant-gardiste

En 2011, Gatserelia ouvre sa propre galerie d’art, SMO, rue du Sénégal, dans le quartier de la Quarantaine, au nord-est de Beyrouth. Contacté par des créateurs qui souhaitaient exposer leurs œuvres, c’est là que lui est venue l’idée de découvrir de jeunes talents libanais et de créer un nouveau concept d’entreprise visant à redonner une liberté aux designers émergents. Il en fera une sélection, parmi lesquels,: Najla el-Zein, qu’il a immédiatement repérée, Karim Chaya, Georges Mohasseb, Cyrille Najjar, Céline Stephan Eid et d’autres. « La plupart d’entre eux ont fini par se faire un nom. » Tout au long de cette aventure, il expose les grands maîtres du design en alternance avec les jeunes créateurs libanais. « J’avais Ettore Sottsass, Alessandro Mendini, Andrea Branzi, Oscar Niemeyer, Hella Jongerius. J’en avais beaucoup. Et beaucoup de pièces, dont celles de Bořek Šipek, et des peintures. » Aujourd’hui, Gregory Gatserelia se consacre uniquement à la décoration d’intérieur et au projet Design Disaster qu’il a fondé en 2019, à Milan, avec la rédactrice en chef de The Good Life Italia Joy Herro, pour partager avec leur clientèle leur expertise de l’art contemporain et du design.

Spine, immeuble Naccache, route du bord de mer (Liban), 2018. © Eva Szumilas

Fer de lance…

Auprès de l’éditrice Federica Sala, une des amies et clientes de Gatserelia, la médecin néphrologue Anne-Marie Habib, installée en Suisse, met l’accent sur « le côté humain et ses qualités intellectuelles, sa créativité et sa passion. Il a une solide éthique de travail et une profonde passion pour le métier. Gregory était une sorte de mentor qui nous a aidés à approcher le monde de l’art contemporain. Il est ingénieux et innovant. Il est lui-même artiste ; il a l’âme d’un artiste ».

À une question de l’éditrice Federica Sala à Najla el-Zein afin de savoir si la galerie SMO avait contribué à sa carrière, l’artiste répond : « Absolument », alors que ses œuvres ont été exposées et acquises par le Victoria and Albert Museum de Londres et le Dallas Museum of Art de Texas. « Gregory avait décidé de participer à la première édition des Design Days à Dubaï, et pour cette occasion, la galerie a réalisé de nombreuses œuvres. Parmi elles, l’installation qui m’a permis de me faire un nom : c’était une sculpture lumineuse appelée 6302 Spoons. Cela n’aurait pas été possible si Gregory ne l’avait pas concrétisée. ». L’artiste est aujourd’hui représentée par la galerie new-yorkaise Friedman Benda.

« Je considère Gregory Gatserelia comme une star qui est difficile à classer par rapport à beaucoup d’autres architectes qui font partie de notre monde », avoue pour sa part Jacopo Foggini qui collabore avec lui depuis de nombreuses années et dont les pièces uniques et installations lumineuses s’exposent dans plusieurs galeries, musées et institutions à travers le monde. « Ce que j’aime chez lui, c’est sa polyvalence : ses projets sont toujours complètement différents, ils ne ressemblent jamais à un autre. Et c’est plutôt unique, car généralement, lorsque les architectes trouvent un langage que le public comprend, ils le perpétuent et l’appliquent afin que leurs projets soient immédiatement reconnaissables. »

La lumière et les plafonds décoratifs sont les éléments-clés des projets de Gregory Gatserelia, comme dans les restaurants Lily’s Beirut, Society, Balthus, Celsius, Le Cocteau, jusqu’à Amar, sur lequel Jacopo Foggini et lui ont travaillé ensemble, remportant le prix du meilleur projet pour l’Asie et le Moyen-Orient.

Il a laissé sa marque sur une immense gamme d’intérieurs résidentiels, et dans des espaces publics, des hôtels, des boîtes de nuit et des restaurants. Parmi ces derniers, Le Seray, Kampaï, Sultan Brahim, le Capitole et Cristal.

*La signature de l’ouvrage « Gregory Gatserelia, the Art of Interiors » aura lieu le 22 mai de 18h à 20h au musée Sursock.

Architecte d’intérieur, collectionneur qui déteste être enfermé dans une définition, il a également et surtout été un découvreur de talents qui a exploré le potentiel des designers libanais et exposé leurs créations à Paris et Londres dans le cadre du Salon PAD, événement fondateur et incontournable pour les collectionneurs internationaux de design. Le livre, intitulé Gregory...
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