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À La Une - Egypte

Tahrir bouillonne à nouveau pour sauver la révolution

Morsi maintient ses pouvoirs élargis en dépit de la contestation populaire croissante.

Les manifestants opposés au président égyptien Mohamed Morsi, place Tahrir, au Caire, le 27 novembre 2012. REUTERS/Asmaa Waguih

Des dizaines de milliers d’Égyptiens se sont rassemblés hier place Tahrir au Caire pour protester contre la décision de Mohammad Morsi de s’octroyer des pouvoirs exceptionnels, la plus forte mobilisation hostile au président islamiste depuis son élection en juin. Plusieurs cortèges ont convergé sur la célèbre place du centre de la capitale égyptienne, pour dénoncer également le puissant mouvement des Frères musulmans, dont est issu le président. Les manifestations hostiles au président ont touché d’autres villes du pays, en proie à une grave crise depuis la décision le 22 novembre de M. Morsi de renforcer provisoirement ses pouvoirs afin, selon lui, de pouvoir engager les réformes. Mais ses détracteurs ont dénoncé un « nouveau pharaon ».


« Dégage ! » scandaient de nombreux manifestants place Tahrir, reprenant le slogan emblématique de la révolte populaire qui avait chassé du pouvoir le président autocratique Hosni Moubarak en février 2011. Une banderole déployée à une entrée de la place proclamait : « Interdit aux Frères musulmans ». « Nous ne voulons pas remplacer un dictateur par un autre », affirmait un étudiant, Asser Ayoub, âgé de 23 ans. « Morsi est le président des Frères, pas de la révolution », disait un autre manifestant, Mohammad Rashwan, âgé de 21 ans. Comme tous les jours depuis une semaine, des heurts sporadiques ont eu lieu dans la journée près de la place, aux abords de l’ambassade des États-Unis, entre des jeunes et la police qui répondait aux jets de pierres par des tirs de gaz lacrymogènes. Selon l’Alliance populaire, un petit parti de gauche, un de ses militants y est mort asphyxié, ce qu’a confirmé une source médicale. Il s’agit du troisième décès provoqué par les troubles des derniers jours en Égypte. Ces accrochages ont été dénoncés par de nombreux manifestants anti-Morsi à Tahrir, désireux de garder un caractère pacifique à leur manifestation. Une manifestation pro-Morsi a été annulée de crainte d’affrontements encore plus violents.

Contre-manifestations
À Alexandrie, des milliers de personnes protestaient contre le président sur une grande place bordant la Méditerranée. Mais en début de soirée une contre-manifestation de partisans du président a, elle aussi, attiré plusieurs milliers de personnes. Toujours à Alexandrie, les Frères musulmans ont ordonné à leurs membres d’évacuer le siège de la confrérie, attaqué par des manifestants, selon son compte sur Twitter. À Mahalla, une ville du delta du Nil, des affrontements ont éclaté en soirée. Un responsable des services de sécurité a indiqué que les deux parties s’étaient lancé des pierres au moment où des opposants au président tentaient de prendre d’assaut le siège du Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), dont est issu M. Morsi. Le PLJ a, lui, indiqué sur son site Internet que 80 de ses partisans avaient été blessés dans ces heurts et a accusé la police de ne pas être intervenue.


Dans la station balnéaire réputée de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, ainsi que dans les villes de Mansoura, Tanta, Assiout, Sohag et Minya, des rassemblements anti-Morsi ont également eu lieu.

Mise en garde du FMI
Après une rencontre avec la hiérarchie judiciaire lundi, M. Morsi a décidé de maintenir le décret controversé par lequel il s’est autorisé à prendre toute mesure jugée nécessaire pour « protéger la révolution ». Ses partisans soulignent que ces pouvoirs exceptionnels lui donneront les moyens d’engager des réformes indispensables pour la marche vers la démocratie et assurent qu’ils cesseront avec l’adoption, prévue dans quelques mois, de la nouvelle Constitution.
Mais en plaçant les décisions présidentielles à l’abri de tout recours en justice, ce décret a provoqué la colère d’une grande partie du monde judiciaire et de la classe politique. Unique inflexion apparente, seuls ses « pouvoirs souverains » – dont la définition reste vague – sont hors d’atteinte des juges, a dit la présidence, laissant entendre que les décisions de routine pourraient être soumises aux magistrats. Le décret empêche aussi la justice d’examiner les recours contre le processus de rédaction de la Constitution, que ses adversaires estiment dominé par les islamistes. Il demande également « de nouveaux jugements » dans les affaires de meurtres de manifestants durant la révolte de 2011, faisant planer une menace sur des chefs de la sécurité, voire un nouveau procès pour Hosni Moubarak. Ce point répond à une demande de l’opposition et d’une grande partie de l’opinion.


Enfin, alors que l’Égypte a besoin d’aide pour relancer son économie, le Fonds monétaire international a averti qu’un « changement majeur » dans la politique économique du pays pourrait remettre en cause le préaccord sur le plan d’aide de 4,8 milliards de dollars.

Des dizaines de milliers d’Égyptiens se sont rassemblés hier place Tahrir au Caire pour protester contre la décision de Mohammad Morsi de s’octroyer des pouvoirs exceptionnels, la plus forte mobilisation hostile au président islamiste depuis son élection en juin. Plusieurs cortèges ont convergé sur la célèbre place du centre de la capitale égyptienne, pour dénoncer également le...

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