Chaque jour, 150 camions iraniens transportant du ciment et du carrelage franchissent le poste-frontière d'al-Shib. « Le gros problème c'est le budget. Ils ont besoin d'argent pour les infrastructures et pour les frais de fonctionnement », confie le commandant Daniel Dorado, 34 ans, qui dirige une équipe de onze officiers et soldats en charge de former les équipes de surveillance de ce poste d'entrée.
Même préoccupation pour les autres postes-frontières où opèrent Irakiens et Américains. Les États-Unis ont accusé à plusieurs reprises l'Iran de fournir armes et financement à des insurgés qui traversent la frontière pour mener des attaques en Irak. Plus récemment, l'occupation iranienne durant trois jours d'un puits de pétrole contrôlé par les Irakiens à la frontière a créé une crispation entre ces deux pays qui se sont livrés à une guerre sans merci de 1980 à 1988.
Le colonel américain explique que le manque de moyens est dû aux coupes budgétaires intervenues à la suite de la chute des prix du pétrole. « Les Irakiens ont été coincés quand le brut s'est effondré et ceci a créé un important manque à gagner pour le pays », explique-t-il. Il estime nécessaire d'accroître les effectifs d'un tiers. Selon les experts, il y a actuellement 43 000 gardes-frontières. « De grands projets, tant en matériel qu'en effectifs, ont été gelés et ils n'ont pas eu ce qu'ils espéraient », regrette-t-il.
Bagdad a signé récemment pour l'acquisition d'un système de surveillance de ses frontières avec l'Iran et la Syrie pour un montant de 49 millions de dollars, mais il ne pourra être effectif que sur une portion de 402 km, soit un tiers de la longueur de la frontière avec l'Iran.
Lors d'une réunion hebdomadaire au poste-frontière d'al-Shib, un mécanicien irakien en charge de la maintenance de 11 pick-up se plaint au sergent chef américain Kevin Volantine. « Mon boulot est de réparer ces voitures mais pour le faire correctement j'ai besoin de pièces détachées », dit-il. En outre, selon le sous-lieutenant américain, l'essence allouée à cette unité est volée sur le chemin et la quantité qui reste ne permet pas de faire des patrouilles. Cette pénurie de carburant est confirmée par le sergent Tyler J. Trumble qui passe six mois sur la base Hunter, dans la province de Missane : « Les ressources sont très limitées et plus vous vous éloignez, pire c'est. » « Mais le plus gros problème c'est le carburant, à cause des vols », dit-il en confiant également que les hommes manquent de vêtements pour l'hiver, d'armes et de munitions.
Dans la pratique, les gardes-frontières doivent patrouiller le plus souvent à pied. Dans un fort irakien, au nord du poste d'al-Shib, les 275 hommes doivent surveiller 1 600 km2, soit 5,8 km2 chacun. « Cela n'est pas beaucoup si vous avez un véhicule, mais quand vous n'en avez pas c'est beaucoup », assure le commandant Dante Antonelli, qui entraîne des gardes-frontières dans un petit camp américain près du fort.
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