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Moyen Orient et Monde - Reportage

À l’école de la rébellion syrienne

Ils portent des tee-shirts roses ou des chemisettes cintrées, ont des sandales aux pieds, mais ils redressent la tête et tentent de prendre un air méchant : c’est le premier jour d’entraînement pour les nouvelles recrues d’une caserne rebelle du nord de la Syrie. Sous le regard attentif de combattants, qui s’improvisent pour l’occasion formateurs en tir ou entraîneurs sportifs, une vingtaine d’adolescents débraillés tentent de suivre les instructions pour bientôt « débarrasser la Syrie de la tyrannie ».
« J’ai vu l’Armée syrienne libre (ASL) chasser l’armée régulière de ma ville, Azaz, c’est comme cela que j’ai eu envie de les rejoindre », explique Abou Ahmad, 22 ans, qui était étudiant en mécanique quand la révolution a éclaté. Aujourd’hui, aligné avec ses camarades en rangs presque droits, il rejoint l’opposition armée au président Assad.
Dans une ambiance bon enfant, les instructeurs doivent tout expliquer, du garde-à-vous aux slogans, que les jeunes, certains encore imberbes, reprennent ensuite d’une voix mal assurée. Gênés par les antiques kalachnikovs qu’ils ont à la main, les combattants en herbe effectuent quelques mouvements de bras, des génuflexions et trois tours de la cour en petite foulée devant la caserne. L’atelier suivant se déroule au stand de tir. L’installation est rudimentaire et un simple carton scotché sur un mur criblé de balles sert de cible. Les instructeurs, eux aussi formés sur le tas lorsque les combats ont éclaté, tirent debout ou accroupis. Toutes leurs balles vont se loger dans la cible sous les regards impressionnés des jeunes hommes.
D’ici à un mois, ces jeunes recrues pourront être envoyées au front à Alep, à une soixantaine de kilomètres au sud d’Azaz, explique Jassim, 31 ans, l’un des instructeurs. Le stage compte deux sessions, 15 jours de formation théorique, dont des cours de religion, puis deux semaines de pratique, notamment du maniement des armes, détaille-t-il. « Ces jeunes préfèrent venir ici plutôt que faire leur service militaire. Ils savent que l’armée tue des enfants », assure un de ses collègues, avant de retourner motiver ses troupes à grand renfort de cris.
À l’intérieur de la caserne, le n° 2 de la brigade Amr Ibn al-Aass, Abdel Kamel, un ingénieur de 45 ans, dit n’avoir qu’un seul critère pour recruter ses hommes : « Il faut qu’ils croient aux principes de la révolution, qui sont la liberté, la justice et la dignité. » Ses explications sont fréquemment interrompues par la sonnerie de son téléphone, une chanson en anglais sur fond de musique électronique, car la brigade répond aussi aux doléances des habitants et organise l’aide humanitaire dans la région, explique-t-il.
Dehors, les jeunes se reposent à l’ombre, adossés à un mur. Le baptême du feu leur semble encore loin. Pourtant, peu après, les avions de l’armée ont visé le camp, sans toutefois faire de blessés, selon les combattants. Une bombe a emporté une partie de la caserne où les jeunes achevaient leur première journée de formation.
© AFP
Ils portent des tee-shirts roses ou des chemisettes cintrées, ont des sandales aux pieds, mais ils redressent la tête et tentent de prendre un air méchant : c’est le premier jour d’entraînement pour les nouvelles recrues d’une caserne rebelle du nord de la Syrie. Sous le regard attentif de combattants, qui s’improvisent pour l’occasion formateurs en tir ou entraîneurs sportifs,...

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