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Moyen Orient et Monde - Syrie

Les rebelles reprennent du poil de la bête à Alep

Brahimi rencontrera Assad demain à Damas ; au moins 108 morts hier.

Le jeune Ahmad, qui habite le quartier de Tarik el-Bab à Alep, montrant au photographe sa collection de shrapnels. Photo Reuters

Les rebelles syriens ont intensifié leurs opérations hier contre les troupes du régime à Alep et Idleb, tuant au moins 18 soldats, à la veille de la première visite à Damas du nouvel émissaire international Lakhdar Brahimi. Ces violences, qui ont fait au moins 108 morts hier (civils, soldats et rebelles) à travers le pays, ne donnent aucun signe de répit près d’un an et demi après le début de la révolte transformée en guerre civile, et rendent encore plus difficile la mission de M. Brahimi, qui arrive aujourd’hui à Damas et rencontre demain vendredi Bachar el-Assad, selon un diplomate à la Ligue arabe.
Les rebelles, qui ont annoncé avoir unifié leurs forces à Alep et dans sa région, ont lancé une attaque à la voiture piégée contre une position de l’armée à Saraqeb, dans la province voisine d’Idleb, tuant 18 soldats, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « La position militaire a été entièrement détruite, alors qu’une vingtaine de soldats ont pu fuir », a précisé l’ONG qui s’appuie sur un réseau de militants sur place.

Hanano
Les insurgés continuaient en outre d’opposer une forte résistance à Alep, malgré les bombardements incessants de leurs bastions par les forces gouvernementales. De violents affrontements ont en outre éclaté près de l’aéroport de la ville, qui fonctionne toujours normalement, a-t-on ajouté. Et dans son QG dans la vieille ville d’Alep, un commandant local insurgé, « Abou Mohammad », a affirmé que ses camarades allaient reprendre bientôt le contrôle de l’importante caserne militaire de Hanano, quelques jours après en avoir pris une partie avant de la perdre. « Je vous assure que nous la reprendrons dans moins d’une semaine », a-t-il dit.
« Il y avait encore des tonnes d’armes dans les armureries (de la caserne), mais nous n’avons pas pu tout emporter. Dès que nous y sommes entrés, l’armée de Bachar nous a tiré dessus avec tout ce qu’elle a : canons, hélicoptères, avions. Cela nous aurait coûté des dizaines d’hommes pour la garder, et nous aurions échoué. Ils seraient morts pour rien », a ajouté le chef rebelle de l’Armée syrienne libre (ASL).
Ce dernier a en outre affirmé que l’assaut, mené par plusieurs centaines de rebelles vendredi après-midi, leur avait toutefois permis de libérer « au moins 350 prisonniers, des civils qui étaient entassés dans des cellules souterraines », et de récupérer de nombreuses caisses d’armes. Lors de la prise partielle de la caserne, une vingtaine de soldats de l’armée syrienne ont été capturés, attachés puis exécutés d’une balle dans la tête. « C’est une grave erreur, un crime, et ceux qui ont fait cela devront rendre des comptes », a assuré l’officier rebelle.
Ancien commandant de l’armée régulière, cet homme a dit avoir déserté il y a trois ans, fui en Belgique avant de revenir pour combattre auprès des rebelles lorsque la révolte au départ pacifique s’est militarisée. Et pendant l’heure passée par des journalistes de l’AFP dans le QG d’Abou Mohammad, les tirs d’obus de gros calibre ont retenti à cadence régulière dans la ville, ainsi que des tirs d’armes automatiques. Pendant près d’une minute, la mitrailleuse lourde d’un hélicoptère de combat volant à basse altitude a déchiré le silence.

Quatre Arméniens
Un incident inédit a endeuillé hier la communauté arménienne d’Alep, ville multiconfessionnelle par excellence. Quatre Syriens arméniens de retour d’Erevan ont été abattus par des hommes armés sur la route de l’aéroport. Treize personnes du groupe ont été blessées. « On ne sait pas qui a ouvert le feu, certains disent que ce sont les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL), mais nous n’avons aucune preuve, a affirmé à l’AFP un ami des victimes. Je ne pense pas que l’ASL attaquerait des voitures au hasard dans la rue. »
Ailleurs dans le pays, les bombardements de l’armée ont provoqué des incendies dans des immeubles et une boulangerie de la région de Hama. Dans cette même province, une vingtaine de corps, dont ceux de deux enfants, ont été retrouvés à Hilfaya où l’armée a mené une opération militaire la veille, selon l’OSDH.

Encore un « no » de Londres
Pour sa première visite en Syrie depuis sa nomination le 1er septembre comme émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe, M. Brahimi a dit, devant les délégués permanents auprès de la Ligue arabe au Caire, qu’il se rendrait « à Damas jeudi et rencontrera(it) Assad vendredi », selon le délégué irakien Qaïs al-Azzawi, qui a précisé que M. Brahimi a également indiqué qu’il verrait « des responsables syriens et des représentants de l’opposition », d’après M. Azzawi.
Le diplomate algérien a rencontré hier le patron de la Ligue arabe Nabil el-Arabi et le Premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar, Hamad ben Jassem, qui dirige le comité ministériel arabe sur la Syrie. Il leur a fait valoir « qu’il était parfaitement conscient que sa mission était extrêmement difficile », a indiqué une porte-parole de l’ONU.
Le ministre britannique de la Défense, Philip Hammond, a quant à lui de nouveau écarté une intervention militaire occidentale en Syrie en l’absence d’un accord de la Russie et de la Chine, deux pays alliés du régime Assad qui bloquent toute action contre le pouvoir syrien à l’ONU.

La fragmentation selon Abdallah II
De son côté, le roi de Jordanie Abdallah II, dont le pays accueille plus de 200 000 réfugiés syriens, s’est dit « extrêmement inquiet du risque de fragmentation de la Syrie, où l’on assiste (...) à une recrudescence des violences confessionnelles ».
Le monarque hachémite a lancé un sérieux avertissement : « Cela n’est pas un danger uniquement pour l’unité de la Syrie, mais le conflit peut aussi déborder dans les pays voisins ayant une composition confessionnelle similaire. Nous avons déjà vu des signes que ce risque est désormais plus proche », a-t-il dit. Il a plaidé pour une « formule de transition politique, où toutes les composantes de la société syrienne, y compris les alaouites, sentent qu’elles ont un rôle à jouer pour l’avenir de leur pays », faisant référence à la minorité alaouite dont est issu le président Bachar el-Assad.
Ce « processus de transition inclusif » est, selon lui, la seule manière de stopper l’escalade des violences confessionnelles dans la Syrie voisine. « Cela serait dans le meilleur intérêt du peuple syrien, car il préserverait l’intégrité territoriale et l’unité de la Syrie, et dans le meilleur intérêt de la stabilité régionale et de la communauté internationale », a encore souligné le roi. « Je l’ai dit depuis le début : le problème n’est pas l’individu, mais le système. Si le président Bachar devait partir demain, mais le système maintenu, qu’aurait alors obtenu le peuple syrien ? » s’est-il interrogé.
Abdallah II a par ailleurs accusé certains Syriens venus en Jordanie de l’avoir fait pour mener « des missions de renseignements sur les réfugiés, ou des projets visant la stabilité et la sécurité de la Jordanie. Je dirai simplement que (...) nous surveillons de près la manière dont la Syrie traite avec ses voisins », a-t-il encore assuré, en rappelant que des obus syriens étaient tombés sur le territoire jordanien.
Signalons que le roi a également accusé Israël d’entraver le projet nucléaire jordanien.
Les rebelles syriens ont intensifié leurs opérations hier contre les troupes du régime à Alep et Idleb, tuant au moins 18 soldats, à la veille de la première visite à Damas du nouvel émissaire international Lakhdar Brahimi. Ces violences, qui ont fait au moins 108 morts hier (civils, soldats et rebelles) à travers le pays, ne donnent aucun signe de répit près d’un an et demi après...
commentaires (2)

Très bonne analyse du Roi Abdallah Hachémite de Jordanie. En effet, c'est parce qu'il est le digne héritier de son aïeul le Chérif Hussein, protecteur des lieux saints d'Arabie, qu'il redoute, lui le descendant d'une longue lignée de dignitaires musulmans Sunnites, l'implosion de cette contrée du fait de tous ces Minoritaires Sectaires.

Antoine-Serge KARAMAOUN

04 h 11, le 14 septembre 2012

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Commentaires (2)

  • Très bonne analyse du Roi Abdallah Hachémite de Jordanie. En effet, c'est parce qu'il est le digne héritier de son aïeul le Chérif Hussein, protecteur des lieux saints d'Arabie, qu'il redoute, lui le descendant d'une longue lignée de dignitaires musulmans Sunnites, l'implosion de cette contrée du fait de tous ces Minoritaires Sectaires.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    04 h 11, le 14 septembre 2012

  • D'abord nous dire reprennent du poil de la bête, ça m'a paru étrange, parce que je n'ai jamais eu l'impression qu'ils en avaient perdu en tout cas dans ces colonnes !! Ensuite petit abdallah se plaint du débordement et souhaiterait (presque ) que Bashar ne s'en allat jamais, craignant pour son trône à travers une remise en question de sa composition civile, un petit rappel historique, abdallah est originairement chiite, oui chiite par son grand père chassé par les sunnites wahabites d'Irak, et par réaction à ces derniers à toujours voulu collaborer avec israél.Il a donc peur que ce dossier lui soit rouvert, et son histoire de lobby israéliens pour l'empêcher de se nucléariser, me fait rire, mais doucement.

    Jaber Kamel

    05 h 54, le 13 septembre 2012

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