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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Le plan d’austérité jordanien risque d’aggraver l’instabilité politique

Les analystes et l’opposition islamiste mettent en garde l’État contre des mesures « très dangereuses ».

Depuis janvier 2011, des manifestations ont lieu régulièrement en Jordanie pour réclamer des réformes politiques et économiques, ainsi que des mesures anticorruption. Khalil Mazraawi/AFP

À court de liquidités, la Jordanie se prépare à des temps difficiles, le gouvernement s’apprêtant à augmenter les prix de certaines matières premières et denrées, ainsi que les impôts dans le cadre d’un plan d’austérité destiné à contenir le déficit. Mais les analystes comme l’opposition islamiste ont mis en garde contre des mesures « très dangereuses » susceptibles d’aggraver l’instabilité politique dans un pays où des manifestations ont lieu régulièrement depuis janvier 2011 pour réclamer des réformes politiques et économiques, et des mesures anticorruption.
La semaine dernière, le Premier ministre Fayez Tarawneh a affirmé devant le Parlement que son gouvernement « étudiait attentivement » une augmentation des prix de l’électricité, de certains carburants et de plusieurs denrées, pour remédier à un déficit qui pourrait selon lui atteindre un record de 3 milliards de dollars, soit près du tiers du budget de cette année (9,6 mds USD). M. Tarawneh, nommé en avril pour adopter les réformes nécessaires à la tenue d’élections législatives d’ici à la fin de l’année, a prévenu que le déficit budgétaire pourrait faire bondir la dette de la Jordanie à 24,6 milliards de dollars d’ici à la fin de l’année. Le budget 2012 avait prévu un déficit de 1,5 milliard de dollars, soit 4,6 % du PIB. D’autres mesures envisagées, notamment des coupes dans les dépenses du gouvernement, un gel de l’emploi public et une hausse des impôts pour certaines banques, rapporteraient 425 millions de dollars, selon l’agence Petra.
« Il s’agit de démarches très dangereuses susceptibles de provoquer la colère partout dans le pays. Le gouvernement doit comprendre qu’il ne peut y avoir de réforme économique sans changement politique », a déclaré le porte-parole des Frères musulmans Jamil Abou Baker, dénonçant des « plans cosmétiques (...) qui rendront la population encore plus pauvre, augmenteront le chômage et aggraveront la crise ».
Le PIB par habitant est estimé à 5 900 dollars par an et le taux d’inflation s’élève à 6,5 %. Officiellement, le taux de chômage est d’environ 14 % dans un pays de quelque 6,5 millions d’habitants, dont 70 % de la population est âgée de moins de 30 ans. Mais selon des ONG, le chômage s’élève à 30 %. « Le Premier ministre dit que l’économie saigne, en d’autres termes il dit aux gens de ne pas vendre ni acheter. Cela pourrait affecter la stabilité du dinar jordanien et mettre le pays en danger économique », explique l’analyste Youssef Mansour pour qui le taux d’inflation pourrait atteindre 18 % cette année.
L’agence de notation Moody’s a averti que l’instabilité politique en Jordanie – dont la note souveraine est passée à Ba2/négative – retarderait les réformes financières, après la démission du Premier ministre Aoun Khassawneh, six mois seulement après avoir été désigné à son poste pour mener les réformes. M. Khassawneh, qui a démissionné en avril, était le troisième Premier ministre à être nommé en 2011. « L’opposition populaire aux hausses des prix de l’électricité montre l’ampleur des défis qu’affrontent les autorités, qui doivent réduire le déficit tout en satisfaisant aux demandes de transferts sociaux », souligne l’agence.
Le gouvernement s’est dit inquiet quant aux coupures dans l’approvisionnement en gaz égyptien (80 % des besoins de la Jordanie pour l’électricité), estimant que cela pourrait coûter au royaume plus de deux milliards de dollars en 2012. Pour l’analyste Labib Kamhawi, les hausses des prix ne vont pas remédier au déficit : « Il y a d’autres moyens d’accroître les revenus de l’État. Des milliards de dollars détournés par la corruption devraient être récupérés au lieu de faire les poches de la population. » Les Jordaniens « sont déjà accablés par l’inflation et la faiblesse des salaires », dit-il. « En attendant, nos voisins refusent de nous aider car ils ne sont pas sûrs que leur contribution ira bien dans les caisses de l’État », estime-t-il.

(Source : AFP)
À court de liquidités, la Jordanie se prépare à des temps difficiles, le gouvernement s’apprêtant à augmenter les prix de certaines matières premières et denrées, ainsi que les impôts dans le cadre d’un plan d’austérité destiné à contenir le déficit. Mais les analystes comme l’opposition islamiste ont mis en garde contre des mesures « très dangereuses » susceptibles...

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