L’opposition, alliance large d’islamistes, de nationalistes et d’indépendants, a raflé 34 des 50 sièges de la Chambre, où elle ne comptait que 20 élus, et contrôle désormais le Parlement, où les membres du gouvernement non élus ont un droit de vote au même titre que les députés. Elle ne pourra cependant pas former le gouvernement, le Premier ministre étant toujours membre de la famille régnante des al-Sabah. Mais elle a désormais la possibilité de voter la défiance contre un Premier ministre ou un ministre.
Les islamistes sunnites, qui comptaient 9 élus dans l’Assemblée sortante, se sont assuré 23 sièges, emboîtant le pas aux islamistes victorieux des élections qui ont eu lieu dans les autres pays du printemps arabe. Parmi les élus islamistes sunnites se trouvent quatre salafistes et quatre Frères musulmans, ainsi que des indépendants, en particulier issus des tribus. Dans l’Assemblée sortante, les salafistes avaient deux élus et les Frères musulmans un seul. Les libéraux, qui avaient jusqu’à présent cinq élus, n’en comptent plus que deux dans la nouvelle Chambre. Et les 23 femmes candidates – sur les 286 personnes en lice – ont toutes été battues, y compris les quatre sortantes, qui étaient devenues en 2009 les premières femmes députées du Koweït. La minorité chiite, qui représente près de 30 % de la population autochtone, n’a obtenu que 7 élus, contre 9 dans la Chambre sortante. Et quatre des nouveaux élus chiites appartiennent à des groupes islamistes. Le bloc de l’Action populaire (nationaliste), dirigée par un vétéran de l’opposition, Ahmad al-Saadoun, a renforcé sa présence au Parlement en obtenant cinq élus, contre quatre auparavant.
Les électeurs ont sanctionné les députés progouvernementaux, réduits à une petite minorité, et tout particulièrement les 13 ex-députés qui ont été interrogés par le procureur général pour des accusations de corruption. Seuls deux de ces derniers ont été réélus. Le Koweït est découpé en 5 circonscriptions, chacune disposant de 10 sièges. L’opposition s’est imposée de manière particulièrement écrasante dans deux circonscriptions à dominante tribale, dont elle a raflé 18 des 20 sièges. Selon la Constitution, le nouveau Parlement doit tenir sa première réunion dans deux semaines.
Les élections anticipées ont été convoquées après la dissolution du Parlement début décembre à la suite de la démission du gouvernement, consécutive à une vague de manifestations populaires menées par des jeunes inspirés par le printemps arabe. La campagne électorale, placée par l’opposition sous les thèmes de la lutte contre la corruption et de l’appel à de profondes réformes politiques, s’est déroulée sur fond de tensions confessionnelles et tribales, qui ont influencé le scrutin, remporté par les plus durs aux dépens des modérés. Un élu de l’opposition, Obaid al-Wasmi, a prévenu que tous les dossiers de corruption seraient « ouverts », y compris l’affaire de détournement présumé de fonds publics. « Que les décideurs sachent que le Koweït de demain ne sera pas celui d’hier », a-t-il insisté. « La loi sera appliquée à tous », a ajouté cet enseignant universitaire en s’adressant à ses partisans en liesse.
(Source : AFP)
commentaires (2)
Bravo Christian! La Grande Syrie de Assad essaie justement de renverser la tendance, ce n'est pas chose facile. Pour l'instant, elle a réussi couper sur les 3 fils (blanc, jaune et rouge) dans la unité centrale ONU de la machine, le fil blanc pour désamorcer la bombe à temps. affaire à suivre...
Ali Farhat
16 h 29, le 05 février 2012