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Moyen Orient et Monde - Fuites

Les révélations de WikiLeaks autour de l’Iran devraient avoir un impact réel

L'affaire vise à semer « la discorde dans le monde islamique », estime Téhéran.
L'Iran a décidé de traiter par le mépris les révélations de WikiLeaks sur l'hostilité de ses voisins arabes pour ne pas tomber dans un « piège » des États-Unis. Les milliers de dépêches diplomatiques américaines confidentielles publiées par WikiLeaks, qui jettent notamment une lumière crue sur l'inquiétude et l'animosité des voisins arabes de l'Iran, s'inscrivent dans un « complot » des États-Unis « pour semer l'Iranophobie et la discorde dans le monde islamique », a estimé hier le ministère iranien des Affaires étrangères. La veille, le président Mahmoud Ahmadinejad avait déjà fixé la ligne officielle face aux documents de WikiLeaks relatifs à l'Iran : participant à la « guerre de l'information » américaine contre Téhéran, « ils sont sans valeur » et « ne méritent pas d'être commentés ». Cette position volontariste, qui rejoint celle adoptée par la plupart des chancelleries dans le monde, pourrait toutefois être difficile à tenir.
« Les documents WikiLeaks ne révèlent rien, les Iraniens connaissent depuis longtemps les sentiments des pays arabes du Golfe à leur égard. Mais avoir la preuve écrite que vos voisins encouragent votre ennemi à vous attaquer ne peut pas ne pas laisser de trace », note un diplomate occidental à Téhéran. Selon les documents de WikiLeaks, la plupart des dirigeants arabes du Golfe ont poussé Washington à stopper par tous les moyens le programme nucléaire iranien, le roi Abdallah d'Arabie saoudite réclamant même à plusieurs reprises une intervention militaire pour « couper la tête du serpent ». De plus, « le timing est très mauvais », relève le même diplomate, car ces révélations interviennent alors que Téhéran semblait ces dernières semaines en voie d'améliorer ses relations historiquement conflictuelles avec Riyad. Cette embellie a notamment été marquée par deux entretiens téléphoniques, pour la première fois depuis longtemps, entre le roi Abdallah et le président Ahmadinejad sur des questions régionales sensibles comme le Liban et l'Irak. Les fuites de WikiLeaks « ne vont pas faciliter les choses », estime le même diplomate.
La presse iranienne, tout en relayant le mot d'ordre officiel, ne se prive pas de commenter sombrement le contenu des documents qui « mettent en relief la situation inquiétante que l'Iran pourrait avoir à affronter dans un proche avenir », selon le quotidien Mellat-e Ma (conservateur modéré) évoquant « une guerre non déclarée » des voisins de Téhéran. Ils « confirment l'hostilité profonde de beaucoup de pays arabes à l'égard de l'Iran », et « l'approfondissement du fossé » entre Téhéran et ses voisins du Golfe, note lui aussi le quotidien réformateur Sharg. « Les Arabes ne doivent pas être aussi stupides », titre de son côté le quotidien modéré en anglais Iran News, soulignant que les documents de WikiLeaks montrent aussi les risques que comporterait un conflit pour la région.
La diplomatie iranienne pourrait devoir dissiper les malentendus avec ses voisins, reconnaît Gholam Reza Ghalandarian, directeur du quotidien conservateur Qods. Mais « s'il y a un problème, il sera traité directement, face à face » avec les partenaires de Téhéran, assure-t-il, estimant que l'affaire « n'influencera pas la politique étrangère de l'Iran ». Ce sentiment est partagé par Mohammad Saleh Sedghian, directeur du Centre arabe d'études iraniennes à Téhéran, qui souligne que l'Iran a choisi l'apaisement grâce à « la position habile du président Ahmadinejad questionnant l'authenticité des documents et insistant sur les bonnes relations entre Téhéran et ses voisins ».
L'Iran a décidé de traiter par le mépris les révélations de WikiLeaks sur l'hostilité de ses voisins arabes pour ne pas tomber dans un « piège » des États-Unis. Les milliers de dépêches diplomatiques américaines confidentielles publiées par WikiLeaks, qui jettent notamment une lumière...

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