« Les documents WikiLeaks ne révèlent rien, les Iraniens connaissent depuis longtemps les sentiments des pays arabes du Golfe à leur égard. Mais avoir la preuve écrite que vos voisins encouragent votre ennemi à vous attaquer ne peut pas ne pas laisser de trace », note un diplomate occidental à Téhéran. Selon les documents de WikiLeaks, la plupart des dirigeants arabes du Golfe ont poussé Washington à stopper par tous les moyens le programme nucléaire iranien, le roi Abdallah d'Arabie saoudite réclamant même à plusieurs reprises une intervention militaire pour « couper la tête du serpent ». De plus, « le timing est très mauvais », relève le même diplomate, car ces révélations interviennent alors que Téhéran semblait ces dernières semaines en voie d'améliorer ses relations historiquement conflictuelles avec Riyad. Cette embellie a notamment été marquée par deux entretiens téléphoniques, pour la première fois depuis longtemps, entre le roi Abdallah et le président Ahmadinejad sur des questions régionales sensibles comme le Liban et l'Irak. Les fuites de WikiLeaks « ne vont pas faciliter les choses », estime le même diplomate.
La presse iranienne, tout en relayant le mot d'ordre officiel, ne se prive pas de commenter sombrement le contenu des documents qui « mettent en relief la situation inquiétante que l'Iran pourrait avoir à affronter dans un proche avenir », selon le quotidien Mellat-e Ma (conservateur modéré) évoquant « une guerre non déclarée » des voisins de Téhéran. Ils « confirment l'hostilité profonde de beaucoup de pays arabes à l'égard de l'Iran », et « l'approfondissement du fossé » entre Téhéran et ses voisins du Golfe, note lui aussi le quotidien réformateur Sharg. « Les Arabes ne doivent pas être aussi stupides », titre de son côté le quotidien modéré en anglais Iran News, soulignant que les documents de WikiLeaks montrent aussi les risques que comporterait un conflit pour la région.
La diplomatie iranienne pourrait devoir dissiper les malentendus avec ses voisins, reconnaît Gholam Reza Ghalandarian, directeur du quotidien conservateur Qods. Mais « s'il y a un problème, il sera traité directement, face à face » avec les partenaires de Téhéran, assure-t-il, estimant que l'affaire « n'influencera pas la politique étrangère de l'Iran ». Ce sentiment est partagé par Mohammad Saleh Sedghian, directeur du Centre arabe d'études iraniennes à Téhéran, qui souligne que l'Iran a choisi l'apaisement grâce à « la position habile du président Ahmadinejad questionnant l'authenticité des documents et insistant sur les bonnes relations entre Téhéran et ses voisins ».
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