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Moyen Orient et Monde - Afghanistan

Karzaï admet recevoir des « sacs d’argent » d’Iran... et des USA

Un ex-gouverneur afghan dénonce l'influence de Téhéran.

Le président afghan Hamid Karzaï a admis hier que son administration recevait des « sacs d’argent » du gouvernement iranien et de plusieurs pays. Ahmad Masood/Reuters

Le président afghan Hamid Karzaï a admis hier que son administration recevait des « sacs d'argent » du gouvernement iranien et de plusieurs pays, mais a assuré qu'il s'agissait d'aide officielle, mettant toutefois en lumière les circuits troubles de financement en Afghanistan.
L'aveu du chef de l'État afghan intervient après la publication samedi par le quotidien américain New York Times d'un article mettant en cause le chef de l'administration présidentielle afghane, Oumar Daoudzaï. Selon le quotidien américain, ce dernier a reçu de fortes sommes d'argent transportées par l'ambassadeur iranien dans des sacs et les a ensuite versées sur un fonds secret utilisé par la présidence pour payer des députés, des chefs de tribu et même des responsables talibans, afin de s'assurer de leur loyauté. L'Iran profiterait de ces versements pour accroître son influence et semer la discorde entre les Afghans et leurs alliés américains et ceux de l'OTAN, affirme le journal.
M. Karzaï a confirmé les versements iraniens en liquide, tout en estimant qu'il n'y avait là rien de dérangeant ou d'illégal. « Le gouvernement iranien nous aide une ou deux fois par an en nous donnant 500 000, 600 000 ou 700 000 euros à chaque fois », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Kaboul. « Il s'agit d'aide officielle. (Oumar) Daoudzaï reçoit l'argent du gouvernement iranien conformément à mes ordres », a ajouté M. Karzaï. « Les versements en liquide sont effectués par plusieurs pays amis pour aider le bureau du président. C'est une chose que j'ai évoquée avec le président (George W.) Bush à Camp David. Rien n'est caché et les États-Unis font de même », a poursuivit Karzaï.
Interrogée hier matin, l'ambassade iranienne à Kaboul a, elle, qualifié les allégations du New York Times de « fausses, insultantes et ridicules ». « Ces spéculations sans fondement viennent de médias occidentaux qui cherchent à semer la confusion dans l'opinion publique et à ternir les liens forts entre les gouvernements et les peuples des républiques islamiques d'Afghanistan et d'Iran », a-t-elle ajouté.
À Kaboul, l'annonce de M. Karzaï ne surprend pas. « Il s'agit d'une pratique complètement illégale, mais l'Afghanistan a un système de gouvernance assez traditionnelle reposant sur le clientélisme », a indiqué à l'AFP un responsable occidental à Kaboul sous le couvert de l'anonymat. Selon ce responsable, l'argent est utilisé par M. Karzaï pour les besoins de son entourage comme pour ceux de sa politique, notamment pour « acheter » des députés mais aussi des chefs insurgés. « Le plus intéressant, c'est de voir le double jeu des Iraniens qui aident financièrement le gouvernement parce qu'ils ne veulent pas voir les talibans revenir au pouvoir, et qui par ailleurs aident l'insurrection », notamment pour mettre des bâtons dans les roues des Américains, a ajouté ce responsable.
Par ailleurs, un ancien gouverneur de province, Ghulam Dastgir Azaad, a affirmé de son côté que l'Afghanistan et ses alliés occidentaux sous-estiment dangereusement l'influence de l'Iran dans le pays. Le gouvernement de Kaboul et ses partenaires étrangers sont trop concentrés sur le Pakistan, autre voisin de l'Afghanistan, et négligent le rôle de l'Iran dans la stabilisation du pays, a-t-il dit indiqué lors d'un entretien accordé à son domicile à Reuters.
« Nous (la province de Nimroz) partageons 90 kilomètres de frontière avec l'Iran, que l'Iran exploite facilement pour envoyer régulièrement des engins explosifs et des armes en Afghanistan », a poursuivi l'ancien gouverneur, qui a quitté son poste il y a deux mois. Un haut responsable de la police des frontières a déclaré à Reuters que les autorités avaient découvert il y a deux semaines 19 tonnes d'explosifs dissimulés sous des vivres dans un camion en provenance d'Iran. Il a requis l'anonymat, a-t-il expliqué, parce qu'il n'est pas autorisé à évoquer en termes négatifs l'influence iranienne.
Le président afghan Hamid Karzaï a admis hier que son administration recevait des « sacs d'argent » du gouvernement iranien et de plusieurs pays, mais a assuré qu'il s'agissait d'aide officielle, mettant toutefois en lumière les circuits troubles de financement en Afghanistan.L'aveu du chef de l'État afghan intervient après la...

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