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Liban - Liban

Les écoles publiques, éternelles oubliées de l’État...

Quatre écoliers se serrent sur des pupitres conçus pour deux... Anwar Amro/AFP

À l’école de Fnaydeq, village perdu du nord du Liban, des élèves entassés dans des salles exiguës espèrent réussir leur année scolaire. Mais tout semble jouer en leur défaveur dans un pays où les écoles publiques sont les laissées-pour-compte de l’État.
« L’état des écoles publiques au Liban est plus que catastrophique. C’est horrible et triste », affirme Hassane Kobeissi, professeur d’éducation à l’Université libanaise et membre de l’Association libanaise des sciences de l’éducation (ALSE), interrogé par Jocelyne Zablit, de l’AFP. « L’État néglige ce secteur et il n’y a pas de volonté politique pour changer les choses », ajoute-t-il.
Fnaydeq se situe dans la région rurale du Akkar, où enseignants, élèves et direction se battent pour obtenir ce qui relève du minimum requis : chauffage, pupitres, toilettes, salle de professeurs, terrain de jeux. Ceci sans oublier les laboratoires, les salles informatiques, les activités parascolaires comme le sport, le théâtre ou la musique, qui sont inexistants.
« L’État nous a tourné le dos, nous sommes devenus les oubliés de la société », estime Khaled Issa, directeur de l’école primaire Fnaydeq Gharbiyeh, où sont inscrits près de 200 élèves. « Cela fait trois mois que j’essaie d’obtenir 20 pupitres », déplore-t-il dans une classe où derrière les pupitres conçus pour deux, se serrent quatre écoliers.
Si la situation est légèrement meilleure à Beyrouth et dans les grandes villes, notamment pour l’enseignement secondaire, elle est quasiment désespérée dans la majorité des établissements.
Les chiffres sont éloquents : le budget annuel des écoles publiques n’a pas dépassé 1,2 milliard de livres libanaises (environ 600 000 euros) les dernières cinq années, dont près de 90 % couvrent des coûts opérationnels, selon le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.
Dans le petit village de Deir Dalloum, également dans le Akkar, Chafika Kanj ne cache pas son amertume. « Nous demandons sans cesse de l’aide, mais ça tombe dans l’oreille d’un sourd », se lamente cette enseignante de français dans l’école locale. « Nous n’offrons pas aux enfants un environnement où ils peuvent exceller. L’école est devenue une sorte de punition pour eux. Nous sommes supposés les encourager à lire, mais nous n’avons pas de bibliothèque. Nous leur enseignons les sciences, mais nous n’avons pas de laboratoire », explique-t-elle.
Les résultats des élèves s’en ressentent, avec 20 à 30 % d’abandon, d’échec et de redoublement dans le primaire, selon M. Kobeissi.
Circonstance aggravante, les enseignants et les membres de la direction sont généralement sous-qualifiés et sous-payés. « L’État n’embauche pas des enseignants diplômés de l’École normale », explique M. Kobeissi. Et la raison en est simple : « Ils préfèrent embaucher des enseignants non qualifiés sur une base contractuelle à 8 000 livres (quatre euros) l’heure. Ainsi, ils n’ont pas à les déclarer à la Sécurité sociale. » Il estime que des 35 000 enseignants du primaire, près de 15 000 sont embauchés sur une base contractuelle, précisant qu’en ce qui concerne les inspecteurs, ils sont 60 à superviser 45 000 professeurs dans le primaire et le secondaire, soit un pour 750.
Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a lancé récemment un plan de cinq ans pour réhabiliter les écoles publiques.
« Il y a des écoles dont le niveau est insuffisant, mais d’autres obtiennent d’excellents résultats », relève Fadi Yarak, directeur général du ministère.
Des organisations comme l’Unicef tentent de combler le vide. Avec l’aide de l’ambassade d’Italie, l’Agence de l’ONU pour l’enfance a lancé en 2009 un plan sur trois ans pour fournir aux écoles du Akkar des bus scolaires, des équipements et une formation.
Car les écoliers aspirent à un meilleur avenir. « J’aimerais devenir comptable et réussir mieux que mes parents, dit Jad, 16 ans, dont le père est carreleur à Deir Dalloum. Mais je ne pense pas que j’aurai cette chance. »
À l’école de Fnaydeq, village perdu du nord du Liban, des élèves entassés dans des salles exiguës espèrent réussir leur année scolaire. Mais tout semble jouer en leur défaveur dans un pays où les écoles publiques sont les laissées-pour-compte de l’État.« L’état des écoles publiques au Liban est plus que catastrophique. C’est horrible et triste », affirme...

commentaires (2)

Je gage que si on demande à chaque enfant, dans toutes les écoles, qu'est-il, il va nous dire : sa religion. A la seconde question ils va nous dire : Libanais. Et on veut avec cette future jeunesse bâtir le pays ? ou préparer des partisans à tel ou tel Zaim, car né fils du Zaïm Papa ou même grand père, et parfois arrière grand père ? Les responsables ? Nos irresponsables élus... Anastase Tsiris

Anastase Tsiris

11 h 32, le 14 octobre 2011

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Commentaires (2)

  • Je gage que si on demande à chaque enfant, dans toutes les écoles, qu'est-il, il va nous dire : sa religion. A la seconde question ils va nous dire : Libanais. Et on veut avec cette future jeunesse bâtir le pays ? ou préparer des partisans à tel ou tel Zaim, car né fils du Zaïm Papa ou même grand père, et parfois arrière grand père ? Les responsables ? Nos irresponsables élus... Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    11 h 32, le 14 octobre 2011

  • Un état qui ne s'occupe pas de ses enfants n'est pas un état... De quel état parlez-vous??? Y a t-il un état libanais???

    Nayla Tahan Attié

    11 h 05, le 14 octobre 2011

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