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Moyen Orient et Monde - Proche-Orient

Processus de paix : Israël renvoie la balle dans le camp palestinien

La suspension partielle de la colonisation n'apporte « rien de nouveau », assure Abbas.

Le chef de la police du Hamas distribuant des fleurs à l’occasion de la fête de l’Adha.             Mohammad Abed/AFP

Israël estime avoir fait le nécessaire pour relancer le processus de paix, en proposant une suspension partielle de la colonisation en Cisjordanie occupée, et a rejeté la responsabilité de toute poursuite du blocage sur les Palestiniens. « La balle est dans le camp palestinien et on va bien voir ce qui va se passer », a déclaré hier le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, au lendemain de l'annonce par le chef du gouvernement Benjamin Netanyahu d'une suspension provisoire des nouvelles constructions dans les implantations de Cisjordanie. Pour les dirigeants israéliens, ce moratoire de 10 mois - présenté comme « courageux et sans précédent » - est censé convaincre les Palestiniens de reprendre le dialogue, interrompu depuis l'offensive de l'armée israélienne contre la bande de Gaza à la fin 2008.
Le coup de frein annoncé est toutefois limité et il a été immédiatement jugé insuffisant par les Palestiniens. Il ne concerne pas les chantiers en cours (3 000 logements) ni la construction des bâtiments publics, comme les écoles et les synagogues, ni surtout le secteur oriental de Jérusalem à majorité arabe, annexé par Israël en juin 1967. « Nous avons fait tout ce qui est possible pour Abou Mazen (le surnom de Mahmoud Abbas, le président palestinien). Le gouvernement a consenti à des gestes sans précédent », a toutefois plaidé le chef de la diplomatie, qui dirige un parti nationaliste. « Si Abou Mazen veut ouvrir des négociations, qu'il le fasse. Pour notre part, nous avons apporté notre contribution », a estimé M. Lieberman qui a d'ores et déjà prévenu qu'à l'issue des 10 mois de suspension, Israël reviendrait à la politique de construction des gouvernements précédents « afin de permettre aux Israéliens habitant dans les implantations de mener une vie normale ».
L'influent ministre de la Défense Ehud Barak, un travailliste, a exprimé l'espoir d'une reprise des négociations. « Cela n'arrivera pas demain, mais l'important pour nous est que les Américains réagissent positivement. Ils vont sans doute consulter les deux parties et présenter leurs propositions dans les prochaines semaines », a prédit M. Barak.
À Washington, la secrétaire d'État Hillary Clinton s'est en effet félicitée de l'annonce du gouvernement israélien en soulignant que cette mesure va « aider à avancer vers la résolution du conflit israélo-palestinien ». Les Européens ont aussi salué l'offre de M. Netanyahu, la France parlant de « pas dans la bonne direction ».
En revanche, la proposition israélienne s'est vu opposer, comme attendu, une fin de non-recevoir des Palestiniens qui ont jugé qu' « Israël n'a pas sérieusement l'intention de prendre part au processus de paix ». « Il ne s'agit pas d'un gel des colonies en Cisjordanie ou à Jérusalem mais d'une manœuvre pour dissimuler la poursuite de la colonisation », a accusé hier un haut dirigeant palestinien Yasser Abed Rabbo. « La déclaration du Premier ministre (israélien) n'apporte rien de nouveau. La colonisation va continuer en Cisjordanie et à Jérusalem », a déclaré pour sa part Mahmoud Abbas lors d'un discours à Santiago du Chili. Netanyahu « avait le choix entre la paix et la colonisation, et malheureusement il a choisi la colonisation », a-t-il ajouté. Les dirigeants palestiniens font de la poursuite de la colonisation à Jérusalem-Est une question non négociable.
L'initiative de M. Netanyahu - qui bénéficie du soutien de l'opinion publique - a été accueillie avec scepticisme par les analystes. À droite, un éditorialiste du quotidien populaire Yediot Aharonot a critiqué « le lien entre le gel de la construction dans les colonies et l'accord en cours de discussion avec le Hamas » pour la libération du soldat otage Gilad Shalit en échange de centaines de prisonniers palestiniens. « Dans les deux cas, les Israéliens donnent et ne reçoivent rien ou beaucoup moins en échange », déplore le Yediot. À gauche, le quotidien Haaretz, évoquant la reprise hypothétique du processus de paix, affirme que M. Netanyahu « a réussi (temporairement) à passer la patate chaude au président Mahmoud Abbas ». « Mais aucun processus de paix ne sortira de tout cela », conclut le journal.
Parallèlement, sur le terrain, un Palestinien a été grièvement blessé par balle après avoir poignardé deux Israéliens, un homme et une femme, à l'entrée de la colonie juive de Kyriat Arba, près de Hébron (Cisjordanie), a-t-on appris de sources militaires et médicales israéliennes. Située au sud de Jérusalem, Hébron est le théâtre d'incidents fréquents entre colons juifs et Palestiniens.
Israël estime avoir fait le nécessaire pour relancer le processus de paix, en proposant une suspension partielle de la colonisation en Cisjordanie occupée, et a rejeté la responsabilité de toute poursuite du blocage sur les Palestiniens. « La balle est dans le camp palestinien et on va bien voir ce qui va se passer », a déclaré...

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