L'ex-procureur de la CPI suggère d'émettre un mandat d'arrêt contre Assad

L'ex-procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a suggéré vendredi d'émettre un mandat d'arrêt international contre le président Bachar al-Assad afin de mettre un terme à la guerre civile en Syrie, estimant qu'il y aurait un "dossier solide" contre lui.

Interrogé par la télévision publique canadienne CBC, M. Moreno-Ocampo a déclaré que l'exécution d'un tel mandat pourrait être confiée à "des forces internationales et locales".

Une telle approche "changerait tout en Syrie parce que les personnes loyales à Assad le considéreraient différemment" et le dirigeant syrien serait contraint de quitter ses fonctions, a-t-il estimé.

"Mais nous n'avons aucun plan pour mettre cela en oeuvre", a-t-il déploré.

Envoyer des troupes étrangères et rebelles pour arrêter M. Assad ne constituerait "pas une invasion" mais "juste la justice", a insisté le juriste argentin, qui a dirigé la CPI depuis sa fondation en juin 2003, jusqu'en juin dernier.

Tout en soulignant "la présomption d'innocence" dont jouit le président syrien, l'ex-procureur de la CPI a déclaré qu'il y a "un dossier solide (...) contre lui car c'est le commandant en chef du pays où (...) des milliers de civils ont été tués dans des bombardements."

La guerre civile a fait plus de 37.000 morts depuis mars 2011, selon le décompte d'une ONG syrienne, et aucune sortie de crise ne semble se dessiner. "Assad continue de défier (l'Occident et les pays arabes contre lui) car nous ne faisons rien, à part parler", a déploré M. Moreno-Ocampo.

L'ONU soupçonne le régime syrien de crimes de guerre dans sa lutte contre l'opposition armée, mais le Conseil de sécurité, le seul habilité pour toute saisine de la CPI, est bloqué par la Russie et la Chine, qui protègent leur allié syrien de toute pression significative.