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Culture - Spectacle

Révolte larvée chez les damnés de la terre

Un univers crépusculaire et de misère sur les planches du théâtre Tournesol. Cela peut très bien être en Afrique, en Orient ou dans tout pays en mal de vitalité économique et sociale. Sous la plume verbeuse et poétique de Kously Lamko, écrivain tchadien, le monde vole « Tout bas... si bas ».

Une vieille clocharde, mi-haillons, mi-folle de Chaillot, et une fillette au discours volubile et agaçant... Photo Sami Ayyad

Des jeunes mordus de la scène donnent une leçon d’espoir. Peu convaincante. Dans un décor de bric et de broc, à la Mad-Max, le film australien culte de George Miller, l’univers du dramaturge Kously Lamko est fait ici d’objets hétéroclites ou de minables récupérations, dignes des clochards et des SDF.
Dans cet espace tapissé de gravier qui crisse, régi par les poubelles et les brisures d’un consumérisme ravageur, des personnages exclus des normes, déconnectés de la réalité, véritables damnés de la terre de Frantz Fanon. Un vieil homme (mais l’acteur est plutôt un «jagal» barbu) perché sur un arbre composé de ferrailles, de bidons vides et de lattes serpillères. Il dort là depuis six mois, car il vomit la société qui l’a elle-même rejeté! En bas, sur cette terre de malheur, dans une tente en carton, une vieille clocharde, mi-haillons, mi-folle de Chaillot, et une fillette au discours volubile et agaçant. Ça jacte, ça jacasse, ça pinaille, ça ergote, ça ratiocine. Farce à propos d’un enfant qui naîtra.
Symbole du sauveur qui arrive? Se mêle à cette folie verbale et fantasque un journaliste, une nonne, un imam et un policier. On l’aura compris, les autorités vives, informatives, religieuses et martiales sont bien représentées. Dans une langue de bois et un dialogue de sourds pour une atmosphère surréaliste.
Pour ce fatras de mots dénonçant les carences et les dysfonctionnements des systèmes sociaux, les personnages ont une agitation excessive et caricaturale. La mayonnaise prend juste le temps d’un hilarant méli-mélo pour s’approprier la vie de cet enfant à naître et qui sera, à force de dissension, espoir ultime, tué dans l’œuf...
Poésie dense et tendue pour un langage fleuri des savanes qui sied mal aux problèmes des grandes cités. Préciosité d’une expression française aux tournures alambiquées qui arrête l’action et l’efficacité de gens de la scène. Un texte plus à lire qu’à être interprété.
Les acteurs (Wissam Kotait, Joanna Andraos, Dana Mikhaël, Jean Élie Jed, Daniel Balabane, Samar Baldo, Karim Monsef, Caroline Hatem) tentent de donner chair à un texte déroutant et aux embranchements digressifs et vaporeux. Si madame la maire et l’imam sont particulièrement efficaces dans leur prestation, l’officier reste guindé, la nonne en fait trop, le journaliste est vaseux, l’homme qui roupille dans les branches est franchement absent, la grand-mère est inaudible dans son articulation monocorde et la fillette a intérêt à mieux poser une voix nasillarde et haut perchée qui scie les nerfs dans sa constante diarrhée verbale.
Pour une mise en scène (Joanna Andraos et Wissam Kotait) qui favorise la lenteur et la gravité avec quelques coquines incursions comiques, la scénographie, costumes et accessoires (Nadim Deaibes) aident habilement pour ce dépaysement marquant de la misère, la folie et la déchéance humaine.
Poète, romancier, nouvelliste, dramaturge, Kously Lamko se veut avant tout, sans nul doute, un expérimentateur de laboratoire verbal. On retient cette dimension là pour ce texte difficile à servir et à être digéré par le public.

*Dernières représentations les 27 et 28 décembre.
Des jeunes mordus de la scène donnent une leçon d’espoir. Peu convaincante. Dans un décor de bric et de broc, à la Mad-Max, le film australien culte de George Miller, l’univers du dramaturge Kously Lamko est fait ici d’objets hétéroclites ou de minables récupérations, dignes des clochards et des SDF.Dans cet espace tapissé de gravier qui crisse, régi par les poubelles et les...

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